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Le Fils Devra Tuer Le Père (pour Réussir) …

Le Fils Devra Tuer Le Père (pour Réussir) …

Ceci n’est aucunement le titre d’une saga familiale ayant tourné au vinaigre, loin de là … Mais j’ai emprunté cette formule bien à propos à un hebdomadaire dakarois – Nouvel Hebdo – que je viens de découvrir. Le journal en est à son 6e numéro, mais j’ai beaucoup aimé la finesse de ses analyses … politiques (pub gratuite).

Ah la politique ! Elle représente 90% pour ne pas dire 100% des conversations des sénégalais lambda, mais aussi des sujets traités dans la presse. Les querelles des politiciens, la transhumance, les crêpages de chignons, tout est disséqué et jeté en pâture aux Sénégalais friands de ce type de sujets et s’adonnent à tout type d’analyse. Depuis que je blogue, je peux compter le nombre de fois où j’ai écrit des billets traitant de politique. Pas que ça ne m’intéresse pas, mais les querelles de bas étage m’insupportent tellement que je me dis souvent que l’on passe à côté de l’essentiel : la patrie avant le parti, quel qu’il soit.

Quand j’aurai décidé de militer dans un parti politique, il faudra que le leader de ce parti décline un programme qui aille de pair avec mes convictions et me donne envie d’intégrer sa formation.

Bref, je m’égare et je dévie du sujet premier de mon post. Comme d’habitude, quand je traite d’un sujet important/qui me tient à cœur, il faut que je passe par dix mille chemins ;

Quand j’ai lu l’article de Nouvel Hebdo, il m’a tellement plu que j’ai eu envie de faire un post bloggesque dessus.

Lors de la deuxième alternance politique du Sénégal, et l’élection de Macky Sall au bout de douze années de gouvernance du Parti Démocratique Sénégalais via son chef de file Abdoulaye Wade, nous sommes entrés dans l’ère « mackyste » via un Président issu de l’école sénégalaise pur jus ; en opposition à tous les autres chefs d’Etat qui ont fait tout ou partie de leurs classes en Hexagone. Je trouve que ce n’est pas un détail important, mais je pense que ce fut un fait qui a pesé très lourd dans son élection, car le peuple s’identifiait à lui. En formant son gouvernement, son premier Premier Ministre (excusez la répétition) fut Abdoul Mbaye, fils du célèbre juge Kéba Mbaye, qui occupa de hautes fonctions dans la magistrature sénégalaise et le mouvement olympique et non moins célèbre banquier. Il occupa cette fonction durant une année avant de « céder » la place à Aminata Touré, qui restera titulaire de cette fonction quelques mois avant de se faire remplacer par Muhammad Boun Abdallah Dionne. Tous avaient applaudi la nomination de Monsieur Abdoul Mbaye, car son passé de technocrate et le fait qu’il n’ait auparavant jamais milité dans un parti politique lui donnaient assez bonne réputation. Sans oublier sa longue carrière de gestionnaire …

Il quitta sa fonction de Premier Ministre au bout d’une année. S’en suivit une longue série de sorties médiatiques dans lesquelles il déclinait ses activités effectuées durant le temps passé à la Primature, le pourquoi du comment de son limogeage, et ses ambitions … futures. Il publia même un livre sobrement intitulé SERVIR (livre que je vous recommande d’ailleurs…) Pour quelqu’un qui disait ne pas être « intéressé » par la politique, il y a finalement pris goût.

L’actualité politique de ces derniers jours a été fortement animée par la mise sur pied de sa formation politique, l’ACT (Alliance pour la Citoyenneté et le Travail). Dès l’annonce de la « naissance » de l’ACT, il met les pieds dans le plat avec cette déclaration fracassante : « Je ne reconnais plus mon Macky Sall ! » Sic …

Et commence le grand déballage et les insultes à qui mieux mieux … Les partisans de l’Apr (Alliance pour la République) et donc parti de Macky Sall, outrés que l’on daigne s’adresser de la sorte à leur mentor, n’épargnent aucune attaque à Abdoul Mbaye. Lesdites attaques volent tellement bas qu’elles atteignent le dessous de la ceinture, avec la publication du PV de divorce de Monsieur Mbaye. C’est dire le climat délétère de la scène politique sénégalaise !

Le fils devra tuer le père (pour réussir) … Si l’on regarde dans le rétroviseur de la politique sénégalaise, l’on se rend compte que les duels (épiques) entre Présidents de la République et Chefs de gouvernement ne datent pas d’hier et continuent d’asseoir leurs développements encore aujourd’hui. Qui ne se souvient pas de la tristement célèbre crise de 1962 entre Léopold Sédar Senghor et Mamadou Dia ? Des joutes verbales mémorables entre Abdoulaye Wade et Idrissa Seck ? Jusqu’à l’emprisonnement de ce dernier … De l’humiliation qu’avait subie en son temps Macky Sall (ce qui a du reste précipité la formation de son parti politique) ? Et last but not least, Macky Sall – Abdoul Mbaye …

Mon avis est que Abdoul Mbaye, nonobstant le fait qu’il ait dit ne pas être intéressé par la chose politique de prime abord, a le droit comme tout bon citoyen, de faire son entrée en politique et d’apporter sa pierre à cet édifice qui nous est si cher, le Sénégal … S’il propose un programme cohérent, qui mettra le Sénégal sur les rails du développement et de l’émergence (la vraie hein !), il pourra briguer la magistrature suprême !

Il devra donc, s’il veut mener à bien cette mission, « tuer » le père, à savoir Macky Sall, faire plus que lui, sillonner le Sénégal de fond en comble, se présenter aux Sénégalais (les vrais hein, pas les citadins de ma trempe !) et ainsi, à l’horizon 2017 ou 2022, on jugera !

En attendant, prions pour que le sieur Sall continue son mandat en cours dans la sérénité et que cessent les quolibets et autres bruits de bornes – fontaines !

Bonne lecture,

NFK

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