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Macky Sall Ou La Politique Du Charcutier

Macky Sall Ou La Politique Du Charcutier

Macky Sall est un président trop ordinaire : ses petits calculs politiques sont désormais prévisibles par le citoyen le plus modeste. Ce que tout le monde prédisait est finalement arrivé : on a trouvé à Ousmane T. Dieng un strapontin. Tel un antiévolutionniste, « l’organe crée la fonction » chez Macky Sall : on créé d’abord des institutions (pour récompenser une clientèle politique) et ensuite on va leur trouver une fonction parmi celles qui sont dévolues aux institutions classiques de la république. Créer un haut conseil des collectivités locales sous le prétexte de l’acte 3 de la décentralisation alors qu’il suffisait de réformer le conseil économique social et environnemental pour l’adapter aux impératifs de cette décentralisation, c’est indécent. Notre pays ne mérite pas un tel partage éhonté du gâteau ! Tel un charcutier politique, notre président excelle dans l’art du charcutage : FONGIP, BNDE, ANEJ, PUDC, HCCL…. Cette infinité d’agences grève nos maigres ressources et donne l’impression d’une absence de mouvement que l’on veut occulter en pédalant dans le vent. Cette « folklorisation » de notre État est un croche-pied fait à notre démocratie, car on fait de la république la bête de somme de la politique clientéliste et populiste.

Macky Sall ressemble à un berger espiègle qui, au lieu de déclarer sobrement avoir acquis un mouton à un prix raisonnable, se complait à faire une énumération tautologique. « J’ai acheté un mouton avec sa chair, ses os, sa peau, ses cornes… » ! Au lieu de fonder son action politique sur un travail clair et rigoureux d’un gouvernement rationnalisé, il charcute l’action de celui-ci pour donner l’impression de faire des actions d’éclat. Sur les étals du charcutier un seul mouton est dépecé et exposé en petits monceaux (sààm en wolof) n’ayant guère la même valeur marchande mais provenant tous du même animal. C’est évident que la bonne chair du mouton détermine la valeur de celui-ci et non les ramassis d’intestins et autres carcasses, mais le charcutier avide ne veut rien jeter. Pourquoi Macky Sall n’a pas simplement élargi les compétences des inspecteurs généraux d’État au lieu de créer la CREI, l’Ofnac ? Comment un État normal peut-il créer un (ovni) institutionnel appelé PUDC et lui confier le travail qui devrait être celui du ministère des infrastructures ? En créant ce programme Macky rompt avec son serment d’une gestion sobre et vertueuse : le personnel et les moyens mis à la disposition de ce programme sont du gâchis.

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L’absence de vision est la réalité hideuse qui se cache derrière toute cette gesticulation : notre Président cafouille anormalement ! Le scandale des visas biométriques est une des multiples preuves que ce gouvernement ne sait pas ce qu’il veut ni même comment prendre des décisions. Sans aucune consultation avec les acteurs touristiques, encore moins avec les diplomates de ce pays, notre gouvernement, sur la base d’une saute d’humeur, avait décidé d’imposer la réciprocité des visas. Les conséquences de cette précipitation furent désastreuses pour le tourisme et même pour l’investissement dans notre pays. Aujourd’hui on vient maquiller le manque de vision et l’hésitation qui causèrent plus tard le scandale Bictogo, on vient inventer la théorie de l’urgence de dépenses et des problèmes de trésorerie pour justifier la rupture de contrat. C’est un mensonge ! La vérité c’est que le gouvernement a décidé sur la base d’une très mauvaise appréciation des paramètres économiques et diplomatiques. C’est une bourde, une culture du pilotage à vue qui nous ont amenés à cette situation : la fabrication de ces visas était devenue absolument improductive dès lors que la politique de la réciprocité des visas a été abolie. Á l’arrivée, le secteur du tourisme est à terre et des milliards ont été mobilisés pour indemniser le promoteur qui se trouve être un ancien ministre d’un pays presque voisin.

Aujourd’hui que tout le front social est en ébullition à cause d’accords non respectés, Macky snobe le peuple et provoque les travailleurs en créant une institution aussi inutile que ce machin offert à Tanor. Cet acte est la conclusion d’un syllogisme révoltant : tous ceux qui m’ont soutenu doivent être récompensés ; Tanor m’a soutenu ; donc il doit être servi. La travail est ainsi déprécié et la politique sanctifiée. Tout cela est vraiment indécent !

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Alassane K. KITANE

professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès

Alassane K. KITANE

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