On ne saurait exclure cet historique selon lequel les accords de partenariat économique (APE) sont la continuité des conventions de Yaoundé en 1963 et de Lomé en 1975 avec comme objectif un libre-échange commercial international donnant des faveurs aux pays pauvres leur permettant de maintenir l’équilibre dans un marché de mastodontes industriels et économiques et des Etats fébriles en états embryonnaires. Ses accords étaient basés sur la non-réciprocité de conditions d’échange ou d’accès en franchise des droits de douane et sans quota, un régime préférentiel octroyé au pays en voie de développement (les pays ACP exportent à UE sans payer les droits de douanes et sans restriction sur la quantité des marchandises) mais qui se heurtent plus tard par la règle du GATT « la clause de la nation la plus favorisée ». Cette clause exige qu’on donne les mêmes avantages aux pays membres de l’organisation mondiale de la santé(OMC) de même catégorie de développement. Se voyant lésé, des pays de l’Amérique Latine, talonnés par des pays Africains sur le commerce de la banane dans le marché européen, saisissent l’OMC qui leur donna raison en 1995. Ainsi, l’Union européenne(UE) décida d’arrêter les préférences commerciales puisque se voyant contrainte d’étendre ses avantages pour leur principal concurrent. D’où les APE en 2000 à Cotonou.
Cette mise en scène n’est que de la poudre aux yeux du monde pour accomplir leur sale besogne qui n’est rien d’autre que de dépouiller ce pauvre continent Africain sans défense de ses ressources pour pouvoir survivre et éviter ce que disait Poutine «la France deviendra dans moins de 20 ans la colonie de ses anciennes colonies ». Oui je dis bien mise en scène car ses organisations internationales sont l’œuvre d’eux même qu’ils financent et entretiennent pour nous imposer des règles qui jouent à leur faveur. La Chine et la Côte d’Ivoire seraient-elles des égaux pour être logées dans la même catégorie de développement (pays en développement) ? L’exigence des pays européens de bénéficier de tout avantage commercial accordé par les pays Afrique Caraïbes Pacifiques(ACP) qu’en dit l’OMC ? Mon approche historique est que :
-La France avec son système d’exploitation colonial avait libre accès à toutes les ressources naturelles et humaines sur ses colonisées sans qu’on soit en mesure de refuser ou de piper mot. L’acte juridique était que les colonies francophones n’avaient droit de commercer qu’avec la métropole la France avec exclusivement du transport de navettes françaises.
-Avec l’indépendance, l’Europe met en place les préférences commerciales non réciproques. Ce qui veut dire tout simplement «puisque j’ai plus libre accès à votre marché, je vous donne accès total au nôtre pour aspirer toutes vos matières premières à des prix que je propose, vous empêchant ainsi de manufacturer vos produits pour s’industrialiser et aspirer au développement » et tout ceci pour que l’Afrique reste pauvre pour leur servir éternellement de grenier.
-Aujourd’hui avec l’émergence des pays du Sud et de la Chine qui gagnent de plus en plus des parts de marché dans les pays ACP (75% des échanges de la CEDEAO avec l’UE en 1995, moins de 32% aujourd’hui), l’UE propose ou force devrais-je dire son dernier coup fatal au retour inexorable à l’esclavage économique après celui politique et militaire.
L’autre bond en arrière inévitable à compenser par ses accords est l’obtention d’une monnaie Africaine en 2020 et ceci non pas par la grâce de leur gentillesse mais du contexte monétaire pluraliste qui l’oblige chaque continent de doter de sa monnaie pour éviter une multiplication incontrôlée. Après la puissance du dollar et de l’or chaque continent dispose aujourd’hui d’une ou des monnaies fortes capable de les concurrencés dans les marchés tel le Yen Chinois et la France vue que une grande partie de ses avoirs financiers étaient acquis sur la garantie de l’Euro sur le CFA (une escroquerie qui ne dit pas son nom) doit trouver refuge très rapidement avant de s’engouffrer dans une crise économique sans détour.
Ses deux historiques montrent clairement le jeu hypocrite et dévastateur des pompiers pyromanes qui a tant duré pour vider l’Afrique de sa subsistance. Pour preuve, cette Afrique que l’UE hurle aider à travers ses organisations internationales complices dont la banque de développement africaine(BAD), la banque mondiale, le fond monétaire international(FMI), l’ONU… reste immensément riche de ressources humaines (Cheikh Anta Diop, Mamadou Dia, Thomas Sankara, Mandéla, Khadafi…) de ressources naturelles (or, argent, pétrole, diamant, gaz, quartz, eau, soleil, terre, pluie, bronze…), et drôlement pauvre (guerre, maladie, terrorisme, coups d’Etats, concussion…).
Lorsqu’en 2000, il déclarait vouloir plus de liberté pour l’Afrique alors que Manuel Barroso (président de la commission UE) disait lors du somment de Lisbonne « nous avons toujours eu une stratégie sur l’Afrique ensuite pour l’Afrique il est temps que ça soit avec l’Afrique car il est devenu un enjeu géostratégique majeur », leurs experts négociateurs tordaient le cou à l’Afrique pour qu’il signe. Devant le bloc de refus catégoriques des pays ACP qu’on ne saurait passer sans féliciter le président Abdoulaye Wade qui as joué un grand rôle, l’UE parvient à diviser les négociations avec l’Afrique en 5 régions plus les Caraïbes et les Pacifiques mais aussi obtenir deux signatures intérimaires hors cadre régionale sur pression au Ghana et à la Cote d’Ivoire sous peine de payer 20% de droit de douane équivalent à 900 milliards/an.
La signature de ses accords, tels que proposés, serait suicidaire car risquant d’étayer toute possibilité de développement économique et social dans un futur proche sachant que la communauté de l’UE est la première zone économique mondiale avec plus de 18 000 Milliards de dollars de PIB là où l’Afrique occupe la vingt cinquième place avec prés de 564.86 milliards de Francs (Yékini vs Yawou Dial) . Apprécier!!!
Pour 6.5 milliards d’euros pour 16 pays, le commerce intra-régional qui est un impératif de développement est menacé car avec l’arrivée des produits européens fortement subventionnés (moins chers et de meilleures qualités) nos entreprises locales finiront par disparaitre avec cette concurrence intenable. Ces produits vont concurrencer les produits Sénégalais dans le marché Malien de même que les produits Ivoiriens dans le marché sénégalais etc.
Aujourd’hui, connaissant l’impact du commerce intra-régional dans l’économie, l’Amérique du Nord (Accord de libre-échange Nord Américain avec le Mexique, l’USA et le CANADA) dépasse 60% de leur échange, UE frôle les 70%, l’Asie du Sud-est (Chine, Malaisie et les nations D’Asie du Sud –Est) 40% le MERCOSUR 35%, la où la CEDEAO s’accroche difficilement sur les 15%, le CADEC 10%. Ces produits moins chers vont se ressentir sur le panier de la ménagère tel les produits chinois salvateurs à court terme mais les conséquences seront inestimables car la fermeture des PME ne se feront pas attendre et l’agriculture sera très rapidement synonyme d’exode rurale entrainant ainsi une perte d’emploi énorme, une baisse des revenus, un pouvoir d’achat faible, une diminution des investissements, une dépendance accrue de l’extérieur ou esclavage économique et bâtard culturel, une perte de recettes douanières estimé 240 milliards (chiffre non confirmé) par an pour le Sénégal d’ou la mort de l’économie locale. Qu’en serait-il pour l’industrialisation du continent Africain indispensable à notre développement.
Avec ou sans accords, les pays les moins avancés tels le Sénégal, la Gambie, la Guinée Bissau… continuerons à avoir accès au marché européen sachant que depuis l’indépendance ils n’arrivent à rien n’y faire avec les blocages mesquins d’obstacles techniques et sanitaires malgré l’exigence insatisfaite de l’OMC de prouver scientifiquement les blocages. Les pays appelés émergents comme la Côte d’Ivoire qui pèse 40% dans l’UEMOA perdra sa franchise dans le marché européen et si toutefois elle ratifie individuellement et / ou avec le Ghana, la survie de la CEDEAO sera menacée car les autres pays vont se protéger pour empêcher l’accès gratuit des produits européens dans leurs marchés.
L’épineuse énigme pour une entente acceptable dans ces accords réside dans le champ de libéralisation que l’UE plafonne inflexiblement à 75% (ouvrir le marché Africain à 75%) alors que la CEDEAO ne peut dépasser les 60% sous peine de risquer la vitalité de nos entreprises locales et déstructurer le commerce intra-régional. Les préalables à mettre en place sont loin d’être en chemin : un commerce intra-régional fort et large nécessaire pour que nos entreprises soient compétitives sans oublier une circulation fluide des personnes et marchandises sans risque de se faire tuer par les terroristes, l’exclusion totale des techniques sanitaires lors des exportations, le patriotisme économique, la délocalisation des industries de production de l’Europe vers l’Afrique pour parler le même langage que Wade qui ne voulait pas d’un libre échange avec l’UE mais plutôt un accord pour le développement avec une liste d’exclusion des produits sensibles dans la libéralisation. Ce qui conviendra à un accord conventionnel et non unilatéral de l’Europe.
Cher africains, chers sénégalais épris de justices et de dignités, il est temps que nous prenons notre destin en main et obligeons certains de nos présidents qui courbent l’échine devant les claquements de doigt des présidents occidentaux, d’être exclusivement au service de l’Afrique car la solution est plutôt politique et il faut du courage et tact pour s’en sortir. Le monde bipolaire où tout tourne autour de l’Europe et des USA n’est plus à jour, d’autres possibilités de partenariats plus juteux existent tels les arabes, le Brésil, la Chine, La Turquie, l’Inde… . On négocie pour l’Afrique, on déroule pour l’Afrique et ceci au détriment des Africains. Préférons la pauvreté dans l’indépendance que l’opulence dans l’esclavage.
L’illustre Cheikh Anta DIOP disait « lamignou diambour kéne mounou tié sakami lou nékh. On ne peut rien mâcher de bon sur la langue d’autrui » c’est pire de vouloir le faire avec la culture, l’économie, la politique, la constitution… d’autrui. Ce monde impitoyable loin d’un havre de bonheur tranquille est devenue avec la modernisation de l’économie, un terrain de jeux ou les règles se résument en : compétitivité. Seuls les meilleurs au jeu auront la chance d’acquérir et de conserver un niveau de vie élevé au moment où les autres sont condamnés à survivre à la périphérie en sous système du capitaliste. L’Afrique dispose de toutes les ressources nécessaires pour être au rendez-vous mais seulement si nous saurons livrer la bataille comme il faut dans la solidarité, la concorde des peuples, l’intelligence et le courage.
Jeunesse Africaine soyons déterminée dans ce combat car c’est notre avenir qui est en jeu. Le président Senghor avait commis l’erreur de choisir l’indépendance accompagné au détriment de l’indépendance totale, la BAD et la France au détriment d’une Afrique forte unie et responsable. Aujourd’hui des présidents Africains du « Macky » ou chefs de canton de cette même France dans un fourvoiement incompréhensible, sans concertation et dans l’irrespect notoire envers leurs peuples veulent nous faire demeurer dans cette anachronisme qui a assez duré en signant accords « délo boumou diame ».
Chers honorables représentants du peuple refusons d’être des moutons de panurge en mettant l’intérêt de la nation au-devant, refusons de ratifier ses accords car les valeurs de refus de l’humiliation ou mourir dans la dignité que nous avaient transmis El.Hadji Malick Sy, Cheikh Oumar Foutiyou Tall, Samory Touré, Baye Niass, Cheikh Ahmadou Bamba… demeurent toujours en nous, le 23 juin en n’est une parfaite illustration et ce même peuple mature est toujours prêt à récidiver au cas de besoin.
Vive le Sénégal
Vive L’Afrique unie prospère, respectueuse, respectable et respectée.
Tamsir Mariéme Sow (tamsirsow10@gmail.com)
Chargé de la communication de JRDP (Jeunesse REWMI Département de Pikine)
Coordonnateur des Anciens de Canada school