Décidemment, Moustapha Diakhaté tire sur tout ce qui bouge depuis la révélation faite par Ousmane Sonko sur le non versement de l’impôt des députés. Après s’être attaqué à ce dernier en demandant (voire en exigeant) sa démission ou sa radiation pure et simple de la fonction publique, il vient de s’attaquer à Mody Niang et à Mamadou Sy Tounkara suite à des contributions de ces derniers.
Moustapha Diakhaté est plein d’énergie qu’il ferait mieux de dépenser pour éclairer la lanterne des Sénégalais au lieu de s’attaquer à tort à de dignes fils de ce pays que nous encourageons vivement dans ce combat de clarification et d’édification de l’opinion publique sénégalaise.
Décidemment, dans ce pays, il est (formellement) interdit de dire la vérité. Il n’y est même pas permis de la rechercher ni de s’approcher d’elle. Tout doit être nébuleux et obscur. Tout doit demeurer dans l’obscurité, surtout s’il s’agit des pratiques des politiciens. Nous ne rentrerons pas dans les considérations juridiques, mais l’éthique et la morale nous imposent une certaine conduite, surtout si on occupe de hautes fonctions comme celle de député. En tant que soi-disant représentants du peuple, les députés devraient donner le bon exemple, en s’acquittant de leurs devoirs de citoyen, dont celui de payer l’impôt.
Pourquoi autant d’agitation si on s’acquitte bien de ses devoirs ? Pourquoi tout ce «verbiage» du président du groupe parlementaire de Benno Bokk Yaakaar autour des déclarations du président de Pastef. La sérénité est du camp de la vérité. L’instabilité et l’agitation sont du côté de ceux qui se mouchent parce qu’ils se sentent morveux.
Je ne suis pas sûr qu’Ousmane Sonko ait tort. D’ailleurs, il a réaffirmé sa déclaration devant la presse. Et je sais qu’il n’a pas violé l’obligation de réserve du fonctionnaire. Cela signifie que l’inspecteur principal des impôts et domaines a bel et bien raison. Surpris et dépourvu d’arguments, l’honorable député Moustapha Diakhaté demande que le fonctionnaire ne puisse plus faire de la politique. Je me demande alors dans quelle démocratie nous sommes ? L’énergique Moustapha Diakhaté doit se ressaisir et revenir à de meilleurs sentiments. Son énergie débordante, investie dans le Plan Sénégal Emergent, permettrait au gouvernement de réaliser ce programme de développement cher à son mentor le président Macky Sall.
En réalité, et cela a presque toujours été le cas, les députés sénégalais ne représentent pas bien le peuple qu’ils sont censés représenter. Au contraire, ils s’affichent plus en représentants de leurs partis politiques et de leurs propres familles et parents proches. Ce sont des gens qui s’éloignent de leur base dès qu’ils sont élus députés et qui n’y reviennent que rarement, à l’occasion seulement de cérémonies familiales çà et là et non pour échanger avec les populations sur les difficultés auxquelles elles sont confrontées.
Aujourd’hui, Moustapha Diakhaté parle d’un supposé «suicide moral de Mody Niang». Alors, honorable député, le suicide moral est plutôt du côté des députés. Et malheureusement, il est collectif parce qu’il engage l’une des plus grandes institutions de notre pays. La crédibilité de l’Assemblée nationale et des députés est remise en cause par ce manque de civisme et de patriotisme fiscal.
Par ailleurs, l’honorable député parlant de Mody Niang avance encore qu’il est «fraîchement débarqué de l’Ofnac pour verbiage». Je me demande si Moustapha Diakhaté s’informe bien. M. Mody Niang a démissionné sans pression de l’Ofnac pour des raisons qu’il a évoquées dans sa lettre de démission que la presse avait reprise en son temps.
Honorable député, pourquoi vous êtes si agité alors que vous avez dit que «les députés et le personnel de l’Assemblée nationale se sont acquittés de leurs impôts» ? Pourquoi voulez-vous faire taire de dignes fils de ce pays alors qu’ils ont un droit de regard sur la gestion des affaires de l’Etat ? Qu’en est-il aujourd’hui de la «gouvernance sobre et vertueuse» que promettait votre mentor le président Macky Sall. Où est la transparence à laquelle vous invitiez les Sénégalais ? Que vaut aujourd’hui un député en République du Sénégal ?
Ngor DIENG
Psychologue conseiller
ngordieng@gmail.com
Dakar, le 25 mai 2016