Après le conseil des ministres qui s’est tenu mercredi 25 mai, le président de la République a demandé à son gouvernement en général et à sa ministre de l’élevage « une plus grande surveillance des abattoirs du pays ». Pour arriver à bout du problème, il faut donc selon le chef du gouvernement « combattre l’abattage clandestin ».
Le chef de l’Etat a également instruit le ministre du commerce dans le sens « d’un contrôle plus sérieux et rigoureux de nos établissements de commerce. » Et pour réussir ces deux missions, l’armée en général (police, gendarmerie, militaires…) et les paramilitaires seront mis à contribution.
Mais la tâche risque d’être difficile, voire impossible dans un pays comme le nôtre. Interdire l’abattage clandestin, pour être une réalité, doit s’appliquer jusque dans nos foyers, comme dans les grandes puissances économiques. Et interdire à un sénégalais d’égorger son mouton chez lui, imaginez un peu le désordre.
Par ailleurs, les tueurs d’âne et autres bouchers clandestins, utilisent des endroits déserts à l’abri des regards indiscrets. Le technopole de Dakar semble être un endroit prisé. Mais ils auraient pu aussi aller dans la forêt classée de Mbao, vaste comme l’océan, ou encore entre Rufisque et Diamniadio, ou encore, ou encore…
Avons-nous vraiment les moyens humains et matériels de surveiller ces forêts ? La réponse est NON.
Pour contrôler les commerces, les boucheries et autres établissements de consommation, l’Etat a des hommes (contrôleurs économiques, services d’hygiène, agents d’élevage….) dont la mission régalienne est justement la surveillance de ces établissements. Font-ils correctement leur travail ? Là est toute la question.
Mais les causes réelles sont à chercher ailleurs. Pourquoi les Sénégalais préfèrent-ils manger du riz et du poulet impropres à la consommation et de la viande d’âne ?
Parce qu’ils ont tout simplement faim et parce qu’ils sont si pauvres. C’est triste, mais c’est ça! C’est parce qu’on est pauvre qu’on préfère acheter de la viande moins chère sans se soucier de sa provenance. Parce que manger de la viande, au moins une fois par semaine, est devenu un luxe pour beaucoup de sénégalais. C’est parce qu’on est pauvre qu’on achète le riz là où il est moins cher. C’est parce qu’on n’a pas du travail qu’on s’adonne à des activités clandestines. C’est parce qu’il y a des chinois qui cherchent des peaux d’âne que de jeunes chômeurs abattent des ânes. Et puisqu’aucune loi ne l’interdit, (ce qui est d’ailleurs anormal parce que l’âne fait partie de notre patrimoine culturel), la tentation est forte de vendre la viande après en avoir vendu la peau.
Combattre la pauvreté et donner du travail aux jeunes et à tous ceux qui sont aptes à le faire, voilà la véritable réponse aux problèmes que nous vivons actuellement. Faire une analyse superflue de la situation et indexer nos abattoirs c’est vouloir se cacher derrière son petit doigt. Le mal est plus profond qu’on ne le pense et il faut une véritable politique de l’emploi et un contrôle plus accru des prix appliqués sur le marché.
Yafata