» Une démocratie doit être une fraternité ; sinon, c’est une imposture » disait Antoine de Saint-Exupéry.
Cela signifie fondamentalement que le dialogue fraternel et citoyen doit être inscrit au cœur des pratiques régaliennes dans le cadre de la gestion des affaires publiques au sommet. Ce dialogue doit être inclusif et concerner tous les citoyens et acteurs sociaux sans exclusive, si véritablement l’intention est clairement la volonté de débattre de tous les sujets en en situant les responsabilités, en les assumant aussi, en conséquence.
En effet, on ne peut tenir un dialogue national dans un contexte qui est celui de notre pays aujourd’hui et refuser toute critique, surtout que Macky aura fait la sourde oreille, pendant quatre longue années, convaincu de sa force et de sa majorité écrasantes, jusqu’à la tenue de son référendum qui lui aura ramené les pieds sur terre : « mieux vaut presque la défiance de soi qui rend faible, que l’estime de soi qui rend ridicule: mais toutes deux sont mauvaises ! »Macky sera passé successivement de l’un des états à l’autre. Heureusement.
Espérons simplement que ce dialogue qu’il vient d’initier et auquel l’essentiel des forces vives uniquement préoccupées par le sort de notre Nation aura choisi de répondre ne sera pas, comme l’a soufflé M. Adama Gaye, « Un dialogue où ne vont se retrouver que des voleurs et des acteurs sans capacité de produire des réponses sérieuses face aux maux du pays. »Nous n’en sommes pas un. Et l’essentiel des acteurs politiques et sociaux que nous avons croisés à ce rendez vous solennel n’en étaient pas non plus. Il convient dès lors pour Macky de savoir que le Sénégal mérite tous les sacrifices, et qu’il conviendrait pour lui de garder à l’esprit que ceux qui sont prêts à dialoguer pour sortir notre pays de la galère dans laquelle il s’est englué depuis quatre ans de régime mackyen ne sont pas des faire valoir, au contraire. Nous sommes prêts à apporter nos idées pour extirper notre pays de l’ornière, et à contribuer à leur mise en œuvre pour l’intérêt de notre pays. Dans ce cas, s’il apparaissait au terme des travaux qui se dérouleront autour des thématiques d’intérêt national que les facteurs bloquants qui freinent notre essor économique social et la paix civile sont institutionnels mais aussi humains, Macky devra aller au bout de sa logique et prendre les dispositions qui s’imposent.
Nous savons tous que « l’ambition réclame une certaine dose de duperie pour parvenir à ses fins », surtout si on est entouré comme lui, à son corps défendant quelquefois, de comploteurs et autres lobbyistes uniquement intéressés par leur sort personnel, mais il devrait savoir qu’avec la proximité des échéances électorales prochaines, le peuple sénégalais qui est l’inspirateur de cette réponse au dialogue n’hésitera pas une seconde à sanctionner en conséquence toute perfidie et autres combines dont sont friands ses affidés de l’APR et ses alliés aussi opportunistes et incompétents pour la plupart. Le Sénégal a soif d’une nouvelle forme de démocratie : la démocratie de l’éthique, et de la justice sociale.
De justice sociale, parlons-en justement. Malgré la tenue des assises de l’Education et l’application de toutes les résolutions qui les ont conclues, l’Education est dans une crise profonde qui consacre l’échec de leur application. Malgré tous les engagements pris au plus haut sommet de l’Etat avec un échéancier approuvé par les plus hautes autorités de ce pays, Macky au premier chef, aucun n’a été suivi d’effet, et toutes les promesses se sont révélées fausses. Pour dialoguer, il faut avoir le même état d’esprit et le même sens de la morale. Il faut avoir assez d’honneur pour respecter sa parole, et la même considération envers ses interlocuteurs.
Les enseignants sont les seuls fonctionnaires dont le salaire n’augmente que parce qu’ils ont un avancement. Pour comparaison, un chauffeur des régies financières comme le trésor est mieux payé qu’un professeur d’enseignement secondaire, niveau Bac+6, donc à la plus haute hiérarchie de la fonction publique nationale. Si ce chauffeur en effet a un salaire mensuel de 150 000 F CFA, il reçoit tous les trimestres des fonds communs variant entre 800 000 F CFA et 1 000 000 F CFA selon la catégorie. Rapporté au mois, ce montant tourne autour de 450 000 F CFA de revenus mensuels en moyenne,en plus des frais de missions éventuels. C’est le salaire d’un professeur d’enseignement secondaire de classe exceptionnelle, donc arrivé au terme de sa carrière.Un ami me racontait le cas d’un inspecteur du trésor de sa connaissance. Ce monsieur n’avait jamais eu besoin de faire valoir un de ses actes d’avancement tout au long de sa carrière. Ce n’est qu’au moment de son départ à la retraite qu’on lui en avait fait un rappel !
Si maintenant l’enseignant doit batailler pour se faire inscrire sur la liste des « promouvables » sous peine de se faire omettre, courir déposer lui même le duplicata de ses notes administratives de peur qu’elles ne parviennent pas à temps à la direction de la fonction publique, car il n’aura dans ce cas aucune chance de faire partie des 60% qui avancent au terme de la tenue des très sélectives commissions d’avancement paritaires qui examinent leurs dossiers et établissent le classement au mérite qui déterminent les avancements en conséquence, appeler souvent pour vérifier la mise en projet de son avancement, et une fois le fameux avancement sorti, faire le tour des bureaux de la direction de la solde pour que son avancement impacte d’abord dans son salaire, avant qu’on ne lui paye le rappel de son avancement. Quelquefois, la majorité de ces enseignants attend ente huit à dix ans, pour être inscrit sur la liste des « promouvables ».
Avant tout ce parcours du combattant, il faut à chaque fois une mobilisation générale des syndicats pour obliger l’Etat à tenir les fameuses commissions d’avancement paritaires !Je précise que cela concerne les enseignants dit titularisés, c’est-à-dire intégrés dans la fonction publique. Pour les contractuels, il faudra un parcours préalable de dix ans au moins, avant d’entamer le même parcours des titulaires, tout au long de sa carrière, pour se retrouver avec un salaire qui est moins élevé que celui d’un caissier aux impôts et domaines qui vient de démarrer sa jeune carrière, quand on aura plafonné. Et cela, sans jamais avoir été décoré, sans jamais avoir fait l’objet d’une quelconque attention de la part de l’Etat qui considère les enseignants comme des pestiférés.
Tout est compétition chez les enseignants. Même pour être promu directeur d’école, principal de collège ou proviseur, il faut « compétir » : tout s’obtient par le mérite. Voilà le noble citoyen sur qui repose le sort de notre pays, que l’on veut réduire en esclave de notre société, un pauvre type qui ne mérite ni respect ni considération, et à qui l’Etat sous la houlette de Serigne Mbaye Thiam veut imposer un déni de justice, poussant l’outrecuidance jusqu’à les réquisitionner ! Si tous ces enseignants à qui on réclame obligatoirement des notes donnaient unilatéralement à tous leurs élèves 20/20, qu’est ce qu’il pourrait leur faire ? La situation actuelle consacre son échec patent à la tête du Ministère de l’Education. Il est devenu un problème pour l’Education et il est en conséquence disqualifié pour trouver une solution qui rétablirait les enseignants dans leurs droits et permettrait de sortir l’Education de la crise dans laquelle est engluée, depuis qu’il est à la tête de ce ministère.
Et pourtant les solutions existent, si l’Etat voulait seulement les trouver. En effet, notre pays se targue d’avoir battu le record mondial en rapidité de création d’une entreprise, par la magie du guichet unique. Dernièrement, avec la même magie du guichet unique, et la dématérialisation, la vitesse de délivrance du permis de construire est devenue vertigineuse ! Alors, pourquoi diable l’Etat refuse obstinément la mise en place d’un guichet unique pour gérer en temps réel la carrière des enseignants ? Cela contribuerait à régler tous les problèmes liés aux avancements, et l’Etat y gagnerait doublement : non seulement les rappels à cause des retards de traitement ne seront plus tellement élevés qu’il ne pourra plus les gérer d’un coup, mais, en même temps, il économiserait du papier et du temps : en effet, à chaque fois qu’il y a un remaniement par exemple, tous les dossiers dans les circuits administratifs retournent au point de départ, en attendant la publication d’un nouveau décret de répartition des services, pour relancer une fois encore la procédure. Quel gâchis !
Serigne Mbaye Thiam devrait savoir que la performance= compétence+ motivation. Il est incapable d’assurer la formation correcte des enseignants, il est incapable de veiller au respect de leurs droits, surtout que le coût de la vie n’attend pas, et ses agents, les enseignants, sont les travailleurs les plus frappés par la précarité sociale. Quand un responsable de sa dimension choisit désormais le rapport de forces pour sauver les meubles d’un secteur aussi névralgique que l’Education, c’est qu’il aura échoué sur toute la ligne. Ne serait ce que pour mettre à l’aise Macky, il aurait dû démissionner depuis longtemps. Mais ce terme est inconnu de son vocabulaire. Son attaché de cabinet, l’homme par qui le scandale des admissions vendues de l’Efi est arrivé, a été promu par ses soins intendant au Lycée Valiodio Ndiaye ! A Macky alors de prendre ses responsabilités, le concernant.
Vive l’Ecole sénégalaise !Vive les enseignants !
Cissé Kane NDAO
Président A.DE.R
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