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Pour L’amélioration De La Filière Viande Du Sénégal

Pour L’amélioration De La Filière Viande Du Sénégal

Historiquement, les abattoirs de Dakar qui datent de 1957 du temps de la Seras (société d’exploitation des ressources animales du Sénégal) à ma connaissance, étaient une référence en Afrique francophone et ont continué de l’être.

Dans tous les abattoirs du Sénégal, le mode d’abattage usuel est celui respectueux des règles de l’Islam ; l’Institut islamique du Sénégal, logé à la grande mosquée de Dakar, l’a attesté formellement : les animaux de boucherie que sont les moutons, chèvres, bovins et camelins y sont égorgés selon un rituel conforme aux règles de la religion. Aux âmes sensibles «occidentalisées» de s’abstenir. La salubrité n’a rien à voir avec l’émotion qui peut être suscitée par le mode d’abattage ici réalisé sans étourdissement préalable.

Depuis 1957, les services vétérinaires interviennent pour le respect du minimum d’hygiène et s’assurent de la salubrité des denrées avant leur mise sur le marché. Comme partout au monde, des aspects à améliorer existent et font que nous avons encore des efforts à faire.

En 2007/2008, sous la gestion de la Société de gestion des abattoirs du Sénégal (Sogas) et avec l’appui du ministère de l’élevage, un important investissement en vue d’améliorer les conditions hygiéniques et techniques d’abattage est réalisé aux abattoirs de Dakar. La modernisation des installations a permis de disposer des boxes de contention moins traumatiques et moins dangereux pour les ouvriers et les animaux, une automatisation du transfert de charge entre les différents postes d’habillage antérieurement réalisé manuellement, la mise à disposition d’eau chaude sur la chaîne d’habillage grâce à l’installation de chauffe-eau solaire, un maintien de la chaîne de froid tout le long du ressuyage et du stockage, par la mise hors délestage des chambres froides grâce à l’achat d’un groupe électrogène et à l’exploitation plus tard de l’énergie biogaz, etc.

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Parallèlement un important programme de capacitation des acteurs (professionnels de la filière) privés et des inspecteurs est mis en œuvre avec l’appui du Programme de développement des marchés agricoles du Sénégal (Pdmas), sous financement de la banque mondiale, de l’Usaid et autres à la satisfaction des organisations professionnelles de la filière bétail et viande. De plus, il peut être noté à Dakar surtout, et de moindre mesure dans les régions, l’avènement de véhicules à la marque d’un fabricant automobile installé au Sénégal, adaptés aux contraintes d’une ville comme Dakar, destinés initialement au transport de la viande et qui servent aujourd’hui aussi au transport du poisson.

Au niveau de la distribution, constatons au moins l’avènement de petites entreprises de boucherie qui n’ont rien à envier à leurs homologues des pays plus développés, disséminés dans nos quartiers et même dans les banlieues de Pikine, Guédiawaye, Ouakam, etc. Même le comportement des consommateurs devenus plus exigeants, a beaucoup évolué parce que bien encadrés par ces «associations de consommateurs à la pelle» très dynamiques ; à titre d’exemple, il est bon de rappeler la campagne publique de longue haleine organisée sous forme de réunion publique dans les quartiers qui fut menée par le doyen Dieng de l’Union nationale des consommateurs du Sénégal (Uncs), sans recevoir aucun appui d’un universitaire ; il conviendrait de continuer les efforts d’information, d’éducation et de sensibilisation.

Le programme d’amélioration continue des conditions d’abattage, de découpe, de transport et de distribution doit être poursuivi et étendu aux autres régions du Sénégal, car la majorité des Sénégalais n’est pas dakaroise. A ce propos, le processus d’édification des abattoirs de Diamniadio doit être poursuivi avec une plus grande objectivité dans le choix des compétences devant l’accompagner, pour prémunir le Sénégal d’impairs qui feront que le projet n’aboutisse pas à solutionner les difficultés actuelles : une compétence experte sénégalaise est disponible et ne demande qu’à être mise à contribution.

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En 2013 déjà, les acteurs de la filière viande, organisés autour d’un collectif ad hoc, ont organisé une campagne de communication envers les consommateurs et les autorités pour dénoncer le fléau grandissant de l’abattage non contrôlé. Les autorités avaient réagi ponctuellement comme on sait le faire au Sénégal, par la création et la mise en place de la Brigade de lutte contre les abattages clandestins (Blac). Malheureu­sement, elle a été très peu fonctionnelle par défaut de financement ; la volonté politique n’était pas affirmée. 

Une solution durable et efficace passera certainement par une bonne vision stratégique organisée autour des directions techniques, vision stratégique qui procéderait d’une claire connaissance de l’ampleur de l’abattage clandestin et de son impact sur la santé et sur l’économie nationale.

En somme et en attendant, je continuerais à être prudent dans le choix des produits alimentaires (poisson, viande, végétaux, etc.) que j’achète pour satisfaire mes besoins domestiques, comme d’habitude, sans tomber dans la psychose que pourrait engendrer un diagnostic alarmiste et très loin de la situation actuelle de la filière de la viande du Sénégal.

 

Dr Mamadou NDIAYE 

Vétérinaire Lexsa

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