Archives journalières : 3 juin 2016
J’ai débuté l’écriture de cet article à 4h09 du matin, un jour ouvrable. Ecrire un papier sur son pays à une heure aussi improbable alors qu’on doit aller travailler le lendemain ne doit sans doute pas être une pratique courante. Mais je n’ai pas su, je n’ai pas pu m’empêcher de dire ces quelques mots car je souffre, je souffre de voir mon pays s’affaisser. S’affaisser moralement et intellectuellement. Je n’ai presque plus de force, moi qui ne me décourage jamais quand il s’agit de Sénégal et d’Afrique. Moi à qui il arrive souvent de remonter le moral aux autres. Je suis excédé et en même temps presque vidé. Oui, j’ai terriblement mal et je me pose cette question simple : Mais où va le Sénégal ?
Quand je quittais le Sénégal pour la France en 2005, l’homme de ma vie, mon papa, m’avait chargé d’un seul conseil : ne lâche jamais l’affaire. Depuis, je ne lâche jamais l’affaire. Jamais.
L’âge d’or de l’information n’a jamais existé. Celui du journalisme non plus. Toutefois, il faut convenir depuis que l’information est devenue de la marchandise, on assiste à des dérives de plus en plus inquiétantes pour cette noble profession qu’est le journalisme. N’ayons pas peur de faire notre propre introspection. Entre les journalistes soixante-huitards ou/et post soixante-huitards et ceux de notre génération, le fossé est énorme.
Finalement, ce que bon nombres de Sénégalais craignaient, se matérialise de plus en plus. Quand certains partis ont refusé l’invitation du Président Macky Sall, ils sont vus par une frange de la population comme des anti-républicains. Pour certains, pour des questions d’intérêt national, tout le monde devrait répondre au dialogue.
Le 19 mars 2000, les Sénégalaises et les Sénégalais ouvraient une nouvelle page dans l’histoire politique de leur pays. Ce jour-là, ils mettaient fin à quarante ans de pouvoir socialiste et portaient leur choix sur Me Abdoulaye Wade qui se présentait pour la quatrième fois à l’élection présidentielle. L’homme, âgé alors de 74 ans, bouclait 26 ans d’opposition. Son élection avait suscité un énorme espoir, celui d’une meilleure gouvernance que celle des Socialistes. On connaît la suite : douze longues années d’une gouvernance meurtrie, jalonnée de scandales gravissimes, dont le moins grave vaudrait à son auteur de sérieux ennuis judiciaires, si le Sénégal était une grande démocratie, avec une justice indépendante. Tirant les leçons de leur longue déception, les électeurs sénégalais brisent son rêve d’un troisième mandat et accordent leur confiance au candidat Macky Sall le 25 mars 2012.
Tout est allé très vite avec ce « Dialogue national » dont les premiers résultats bruts-nets sont sous nos yeux. Les libérations des principaux complices de Karim Wade pour différentes raisons que le Garde des Sceaux s’est précipité de justifier…comme d’habitude.