Sidy Lamine, pourquoi nous dites vous, sans retenue et sans gêne, ce que nous chrétiens devons refuser ou accepter. Sommes-nous si égoïstes ? Sommes-nous si peu patriotes ?
Pour nous chrétiens, en ce début du Ramadan de l’an 1437 dont l’équivalent grégorien juin 2016 se veut le mois durant lequel les jours sont les plus longs de l’année, sous un soleil des plus implacables avec une chaleur des plus pénibles, c’est le moment pour chaque chrétien fortifié par la miséricorde, par le sens de la mesure et l’amour de son prochain comme nous l’a enseigné le Christ, de nourrir une affection sans retenue, de développer un sens du partage profond et élevé et de placer la prière, l’arme de tous les temps, dans son cœur et dans sa bouche pour demander à Dieu, Allah, d’irriguer de sa bonté infinie et de sa miséricorde flamboyante nos frères et soeurs musulmans qui vont souffrir plusieurs jours de la faim, de la chaleur, de l’humidité, des corvées de tous les jours, dans un contexte économique difficile.
Durant ce Ramadan durant lequel le monde musulman purifie sa chair et son esprit et à travers duquel il exprime et vit sa foi conformément au pilier du jeun, nous, chrétiens, nous n’avons que profond respect, gratitude, solidarité et communion de cœur pour manifester notre soutien. C’est peut-être peu. Mais est-ce vain ?
Vous dites vrai Sidy Lamine. Musulmans et chrétiens n’ont aucun problème. Ils n’en auront pas. Jamais ! A moins que tous ensemble, nous nous renions. Que nous jetions aux orties ce qui nous lient et nous fortifient. Que nous décidions de descendre dans les caniveaux, le cerveau dans la minerve, le cœur noir de haine pour nous auto-détruire.
A trop dire, à trop faire la leçon, on finit par faire comme l’autre à qui un certain Luc avait dit : «Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil à toi ! »
Sidy, avons-nous une paille dans nos yeux que nous devons enlever pour voir ce que vous voulez faire voir : un «Etat sénégalais chrétien» ?
Les chrétiens que nous sommes, serions-nous si injustes ! Accepterions-nous l’infâme embrigadement de tout un peuple majoritairement et de loin musulman, que se permettrait un Etat en rupture d’égalité au seul titre du «privilège» offert à nos yeux empaillés !
Non ! Nous ne sommes pas partagés. Nous nous considérons unis, embarqués dans le même navire, dans la même galère, avec les mêmes souffrances, les mêmes souhaits de réussite, de solidarité, de partage. Nous respectons notre Etat, même si nous ne sommes pas tous d’accord avec les choix politiques de nos gouvernants. De nous tous, ils sortent, de nous tous musulmans, chrétiens, animistes, ils gouvernent. Ils sont nous, nous sommes eux. Pareils. Tous Sénégalais !
Nous ne devons surtout pas nous tromper. Evitons de nous blesser les uns les autres. Gardons-nous de nous jeter l’opprobre et l’anathème. Ne nous ne moquons pas de Dieu, car musulmans comme chrétiens, nous ne moissonnerons que ce que nous avons semé.
Balnala Sidy Lamine, balma akkh
Charles FAYE