L’Université du Ramadan vient d’ouvrir ses portes. Comme chaque année, cette 21 éme édition de ce « creuset d’un savoir diversifié » sera le carrefour d’exposés et de contributions autour d’un thème central qui revisite l’œuvre de celui que Serigne Cheikh Tidiane Sy désigne comme l’antimatière par excellence dépêchée auprès de la matière. Et le Responsable Moral du Dahiratoul Moustarchidina Wal Moustarchidaty de soulever un équivoque relatif au thème central choisi : « Dans quelle optique est ce que Seydouna Muhammad (psl) pourrait-il être considéré comme un modèle ? Qu’en est-il de la race en phase de recevoir son message : l’humanité ? »
Dans un discours tenu aux champs de courses de Tivaouane au lendemain du Gamou 2012, Serigne Moustapha Sy évoqua trois dimensions que revêt la personnalité du Sceau de la Prophétie : Génie de l’œuvre divin, Prince de l’espèce humaine, homme parfait. Il incarne un ensemble de vertus qui font de lui à la fois un homme de la divinité et un homme divin. Voilà pourquoi ce plus qu’un Homme et moins qu’un Dieu est en mesure de servir de modèle à l’humanité. Guidé par Dieu lui-même dans la voie du salut, il a été assez souvent confronté à des conceptions émanant des notables de la Mecque qui, eux, veulent à tout prix faire de lui un « autre modèle » qui, cette fois, s’inspirera de leur attitude peinte de cupidité, d’impureté et de malhonnêteté. Situation qui ne se limitera pas uniquement à la période de sa présence sur terre. Et Serigne Moustapha Sy de déclarer que Dieu lui-même tint à avertir le Prophète de l’Islam que d’autres tendances à l’élan à la fois hostile et insensé verront le jour après sa disparition.
Les versets 4 & 5 de la Sourate le Figuier du Coran soulignent la création de l’homme dans la forme la plus parfaite, puis ramené au niveau le plus bas. Si l’on se réfère au discours du guide des Moustarchidines, on trouve là tout le sens des tendances constatées au sein de l’humanité. Le message prophétique ne peut servir de tremplin dans un monde où l’on s’acharne sur l’essentiel et ou le ridicule reste privilégié. Sidi Ibrahim Rayahi rétorquait, dans ce sillage, que la formule qui fera exploser le monde des humains sera moins militaire qu’on ne puisse le croire, et qu’elle se résumera au fait de rendre nécessaire ce qui n’est qu’accessoire. Et Seydina Alioune de plaider au nom de la sagesse musulmane : « La race humaine a été conçue dans la Liberté et je dirais même plus, dans un élan d’Amour.» Serigne Moustapha Sy, lui, précise que l’un des facteurs aggravants reste le fait que l’occident n’a pour référence que l’histoire, cette science qui ne fait qu’illustrer ses prouesses de jadis. Le fondateur de l’Université du Ramadan souligne là une remarque plus que pertinente : « Les termes « guerrier » et « courageux » n’ont guère été évoqués dans le coran. S’il y’a absence de foi en Dieu dans l’action, mieux vaut désigner cela par un autre nom. » Et c’est là tout le sens de la philosophie de Mahomet (psl). Philosophie que l’homme à la djellaba résume, dans sa lettre intitulée Crise de Logique, ainsi : « faire en sorte que l’épée soit vertueuse et que le champ de bataille serve de rendez-vous aux hommes d’honneur. » Ce qui n’a rien à voir avec les aventures des bandits de grands chemins pour qui le règne de la terreur restait le seul moyen de se faire entendre, cette forme de guerre que Paul Valéry qualifie de massacre de braves gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui, eux, ne se massacrent pas.
Le Prophète de l’Islam (psl) dit du musulman qu’il n’a pour véhicule que l’action rénovatrice. Des péripéties se sont aujourd’hui dressées sur son trajet. Le Leader des Moustarchidines parle de « risques de crevaison des quatre roues » représentées par la prière, le ramadan, l’aumône et le pèlerinage à la Mecque. Pour y remédier, il préconise quatre urgences : s’adonner à des prières surérogatoires, épargner régulièrement de la nourriture pour le nécessiteux, rendre visite à son prochain et verser constamment dans l’action d’aider. Quatre actes qui, dédiés au ciel, pourrait contribuer à améliorer les conditions du voyage du musulman, dont le véhicule ne peut avoir pour moteur que l’attestation de foi, et pour contenu dans la malle l’ensemble des actes sacralisés. A cela s’ajoute le fait que la purification du cœur demeure, selon le conférencier de talent, le seul moyen d’établir l’équilibre.
La crise de personnalité, qui n’épargne même pas le monde arabe, et le prestige, racine de l’hostilité chez les occidentaux, restent à jamais les pierres angulaires des tendances qui secouent la planète terre. Même les compagnons du prophète n’ont pas été laissés en reste, puisqu’ils ont été soumis à ce que le pensionnaire de la cité Alia Diène désigne par le concept de Test de Logique. Il se résume au fait que le Grand Seydouna Mouhammad (psl) attira l’attention des musulmans en ces termes : Quelle attitude adopteriez-vous s’il vous arrive, un jour, de dominer les Romains et les Perses. Les réponses, plutôt favorables au règne de la justice et de la loyauté, ne convenait pourtant pas aux réalitès, inspirées au Saint Homme par le ciel.
Et le Sénégal dans tout cela. Il y sévit toujours deux situations plus que décevantes. La première a trait à une « forme caricaturale » relevant de la philosophie d’Al Maktoum : « Des joutes oratoires auxquelles on assiste à travers les médias, et qui se révèlent être aujourd’hui plus négatives et plus désastreuses que toute autre belligérance. Ce qui fait que ce qu’on appelle une « chose » va incessamment l’emporter sur ce qu’on peut désigner par le nom d’homme ». Situation qui exige qu’un Homme de la Trempe de Serigne Moustapha Sy, qui contribua avec une rigueur hors norme à l’édification d’une société modèle dont le « produit » n’est autre qu’une jeunesse abreuvée d’une haute science, ne fasse autre chose que de demander aux habitués de l’horreur médiatique de ne déformer aucun de ces dits et de s’habituer à analyser ses propos avant toute diffusion de l’information. Quant à Seydil Hadj Malick Sy, il s’inquiétait du fait que les consciences perverties ne cessent de culpabiliser les innocents. « On ne va pas en guerre contre un adversaire prêt à enfourché le cap de martyr quand on a encore des projets que l’on souhaite achever », soutint un jour feu Sémou Pathé Gueye. Les Moustarchidines ne diront pas le contraire, eux qui, depuis plus de quatre décennies, restent à jamais attachés aux objectifs du siècle qui veulent que le Sénégal soit à jamais un pays ou la justice et l’amabilité régneront en maitres.
CHEIKH AHMED TIDIANE NDIAYE