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Affaire Karim Wade : Quand L’emotion Prime Sur La Raison Et L’ethique

Affaire Karim Wade : Quand L’emotion Prime Sur La Raison Et L’ethique

« La vie d’un homme, même d’Etat, est une insignifiance  au regard du destin d’une nation. »Général Charles De Gaulle

Le traitement du dossier Karim Wade par le régime APR menace réellement notre Etat de droit donc le fondement de notre société démocratique et républicaine.

La dernière sortie du Président Idrissa Seck sur cette question vise à protéger notre Etat de droit et nos institutions notamment judiciaires d’une perte définitive de légitimité à poursuivre qui que ce soit. Rien ni personne ne sera obstacle à notre logique et cohérence orientées uniquement vers le respect des principes républicains.

Les positions publiques du Président Idrissa Seck sur le devoir de l’Etat sénégalais de prêter l’attention nécessaire au rapport du groupe de travail des Nations Unies sur les droits de l’homme va dans ce sens.

Sa saisine du comité des droits de l’homme de l’Internationale Libérale, lors de la 196ème édition du comité exécutif à Tbilisi Géorgie va dans ce sens.

Ce sont donc seulement les valeurs et principes républicains qui guident les prises de position du Président Idrissa Seck sur toutes les questions d’intérêt national. Et la crédibilité de notre système judiciaire préservée des turpitudes politiques en est une.

La voie du « deal » ou de l’entente secrète est la pire des voies pour la libération de Karim Wade y compris pour lui même. C’est d’abord une honte pour ceux qui pensent pouvoir en tirer profit. Elle n’accordera aucune crédibilité et aucune garantie au fils du Président Abdoulaye Wade. Négocier une grâce c’est donner à Macky Sall l’opportunité de retourner la situation en sa faveur. Il aura réussi, dans ce cas, à se présenter sous les habits d’un humaniste après avoir été un bourreau insensible. Il s’y ajoute que la grâce n’annule pas la peine, elle permet juste de libérer la personne incriminée des contraintes liées aux rigueurs carcérales.

D’un autre côté, ceux qui demandent l’amnistie de Karim Wade semblent ne pas connaître la procédure ou ne mesurent peut être pas le coût de leur requête.

Il faut comprendre qu’on ne peut pas amnistier une personne, on amnistie des faits. L’amnistie est faite à travers une loi or celle-ci est toujours impersonnelle et générale. En décidant d’amnistier des faits qui ont rapport avec l’affaire Karim Wade et qui prendront en compte le caractère général d’une loi, il faudrait que l’amnistie touche toute une chaine de responsabilité. Plusieurs personnalités, d’implications et de responsabilités différentes, seront ainsi concernées. Cela revient à renoncer purement et simplement à la reddition des comptes. Pis, c’est une manière d’encourager et d’encadrer l’impunité. Ce qui est, du reste, inacceptable. La reddition des comptes est une exigence pour les dirigeants d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Elle doit s’imposer et s’élargir. Elle ne doit pas être freinée ou faire l’objet de négociations quelconques dans le but de satisfaire de bas intérêts politiciens au détriment de l’intérêt général.

Le Président Macky Sall et son gouvernement ont la possibilité de respecter la décision du groupe de travail des Nations Unies sur les droits de l’homme: libérer Karim Wade et l’indemniser après avoir injustement violé ses droits.

La balle est dans le camp du pouvoir. En attendant, les ententes souterraines sur le dos du peuple sénégalais seront dénoncées et combattues. Quelque répulsion qu’en auront les collecteurs d’électorat obnubilés par un deuxième mandat, les assoiffés de pouvoir pressés de retrouver des prestiges perdus, bref les ennemis de la république !

 

Thierno Bocoum

Député à l’assemblée nationale

Chargé de la communication de Rewmi

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