Au lendemain de la défaite du président Abdou Diouf, le 19 mars 2000, l’on a pu entendre dire que le candidat du Parti Socialiste (Ps) qui a gouverné le Sénégal pendant 40 ans au moins a été battu par le Pds, non pas le Parti démocratique sénégalais de Me Abdoulaye Wade, mais le…Parti de la Demande Sociale.
Confrontés à toutes sortes de difficultés liées à l’état de sous-développement du pays qui oscille entre le statut de pays sous-développé et celui de pays moins avancé, les régimes qui se sont succédé à la tête du Sénégal ont, de tout temps, eu fort à faire avec la demande sociale chronique qui se traduit par des problèmes d’accès aux produits de base (le minimum vital), aux denrées de première nécessité et aux services sociaux primaires.
Exigence d’un peuple souverain qui fait et défait les régimes, la demande sociale est la contrepartie des suffrages des électeurs qui portent les uns et les autres aux postes de pouvoir et de responsabilité afin qu’ils s’occupent en retour des affaires de ces derniers.
Seulement, le concept «demande sociale» est si galvaudé, sujet à toutes les déclinaisons et mélangé à toutes les sauces qu’on ne sait plus finalement à quoi il renvoie avec précision et exactitude.
Depuis l’avènement du régime dit de la deuxième Alternance, l’on ne cesse de nous bassiner avec la rengaine selon laquelle la traque des biens mal acquis est une demande sociale.
Aujourd’hui, le nouveau paradigme, pour être dans l’air du temps et faire tendance, chez le Mouvement des élèves et étudiants libéraux (Meel) du Parti démocratique sénégalais, est de dire tout simplement : «Aujourd’hui, tous les Sénégalais ont fini de se convaincre de l’innocence de Karim Wade, et sa libération est devenue une demande sociale du peuple.»
Il y a eu même le cas de cet internaute qui a eu à poster un commentaire dans les réseaux sociaux où il proposait tout simplement le congédiement du «très antipathique» Birima, du nom du chroniqueur de l’émission hebdomadaire «Jakarlo» animée par Khalifa Diakhaté et diffusée tous les vendredis soir sur la Télévision futurs médias (Tfm), car selon lui, ce serait une demande sociale dans la mesure où Birima aurait le don de toujours indisposer et d’agacer tous les autres invités sur le plateau et de faire sortir de leurs gonds tous les téléspectateurs.
Ici et là, la question est de savoir quel est le baromètre ou l’instrument de mesure utilisé par les théoriciens de la demande sociale pour attester de la validité de leur assertion. Le peuple sénégalais, dépositaire de la demande sociale, a-t-il une seule fois fait l’objet d’une enquête à ce sujet ? A-t-il été consulté au préalable avant que des hâbleurs obscurs, forts-en-thème et surtout très gonflés, puissent, sans la moindre gêne, s’autoproclamer interprètes de la société sénégalaise dont ils se font forts de décrypter les moindres pulsions ? A-t-on jamais dégagé des critères scientifiques voire empiriques pour définir cette demande sociale qui a décidément bon dos et qu’on prête au peuple à tort et à travers ? Qui a qualité pour décréter que ceci ou cela est une demande sociale ?
C’est le temps des confusions et des amalgames. C’est même trop présomptueux de s’ériger en avocat ou en porte-parole d’un peuple ou d’une société qui n’a donné mandat ou procuration à personne pour parler et agir à son nom et pour son compte. Surtout que les plus prompts à parler de tout et de n’importe quoi, en disant que c’est une demande sociale, ne sont représentatifs de rien et ne jouissent d’aucune légitimité pour le faire.
Sus aux imposteurs en mal de popularité et de discours porteurs, qui prennent leurs propres lubies pour la réalité et qui veulent exister en se sucrant sur le dos du pauvre peuple.
Pape SAMB – papeaasamb@gmail.com
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