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La Suneor, Une Entreprise à Renommer Rapidement Et à Réformer De Toute Urgence

La Suneor, Une Entreprise à Renommer  Rapidement Et à Réformer De Toute Urgence

Après la privation précipitée de la Sonacos, la première entreprise agroalimentaire sénégalaise qui fait vivre plus de 4 millions de paysans a été baptisée en grande pompe, le 1er janvier 2007, Suneor (notre or) par le Groupe Advens. A l’heure du bilan, tous ceux qui se sont intéressés à cette entreprise et à la filière arachide ces dernières années, sont unanimes pour constater l’échec total du groupe de Abass Jaber, tant sur le plan de sa politique industrielle que dans ses relations avec les acteurs de la filière (agriculteurs, transporteurs, operateurs,….). Ainsi, aux yeux des travailleurs de cette grande entreprise et des acteurs de l’arachide, le nom Suneor est négativement chargé et il convient de changer ce nom rapidement, en veillant à trouver une nouvelle appellation plus convenable, notamment sur le plan marketing.

Une des meilleures décisions du gouvernement du Sénégal en 2015 est sans conteste, pour moi, la reprise de la Suneor face à l’incapacité du groupe Advens à relancer cet outil de production d’huile d’arachide. Cette entreprise qui fait travailler directement et indirectement des milliers de Sénégalais, tire l’économie nationale, qui est un partenaire privilégié des agriculteurs, ne pouvait être laissée plus longtemps entre les mains de monsieur Abass Jaber et de son équipe qui n’ont respecté aucun de leurs engagements. Les repreneurs de la Sonacos ont plutôt déstructuré l’entreprise. Aucun investissement sérieux pour la modernisation des unités industrielles de la Suneor n’a été fait. Au contraire, des équipements lourds ont été démantelés par-ci par-là malgré les protestations véhémentes des syndicalistes du groupe agroalimentaire. De ce point de vue, il est utile de rappeler que M. Jaber n’a fait que poursuivre le travail entamé par les directions antérieures de l’ex SONACOS.

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Le gouvernement du Sénégal, pour l’intérêt supérieur du pays, a eu raison de reprendre la Suneor pour la redresser, afin qu’elle puisse jouer véritablement son rôle dans l’effort de développement national, surtout dans le contexte du Pse, le référentiel de la politique économique du Sénégal. On peut regretter cependant l’attentisme des autorités publiques face à l’homme d’affaires Jaber, qui a montré à l’entame de sa gestion de la Suneor qu’il était incapable d’honorer ses engagements. Il a rusé avec l’Etat du Sénégal et lui a filé une entreprise moribonde, très endettée (57 milliards), avec une perte de 17 milliards. En tant que président de la Commission du développement rural de l’ex-Conseil économique et social du Sénégal, avec mes camarades, j’avais, en 2010, alerté publiquement, en présence de la direction de Suneor, l’Etat du Sénégal pour lui dire qu’il devait d’urgence reprendre cette entreprise car le groupe Advens avait montré de façon non équivoque, en cette période, qu’il ne respectera pas les engagements signés avec l’Etat du Sénégal. C’est vraiment dommage que l’Etat, défenseur des intérêts des populations, ait attendu 2015 pour voir ce qui était flagrant en 2010.

Le gouvernement du Sénégal vient de nommer une nouvelle direction dont la feuille de route devrait tourner autour de : rassurer les travailleurs du groupe, renouer avec les acteurs de l’arachide, restructurer et réactiver les unités de trituration, mettre en place une nouvelle politique audacieuse pour relancer les activités naturelles du groupe agroalimentaire. La nouvelle direction est animée par des hommes d’expérience, même s’ils ne sont pas des spécialistes de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Leurs cursus et trajectoires peuvent cependant permettre de penser qu’ils vont réhabiliter et relancer la Suneor. Qui vivra verra.

Le monde agricole attend avec impatience la déclaration de politique industrielle et agricole de la nouvelle direction. Cette nouvelle politique devrait marquer une rupture par rapport à ce qui se faisait jusqu’en 2015. La nouvelle équipe devra décliner en termes clairs sa vision sur :

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  • Les relations Suneor-Arachiculteurs ;
  • La modernisation des unités de trituration en dégradation très avancée ;
  • Les relations Suneor- Trans­porteurs, opérateurs, stockeurs,…. :
  • Sa politique de commercialisation de l’arachide ;
  • Sa politique d’exportation de l’huile d’arachide et d’importation d’huile végétale ;
  • Sa politique de relance de la filière arachide.

La politique industrielle et agricole de la nouvelle direction ne sera crédible que si elle s’appuie sur un audit technique et financier de l’entreprise. C’est ce préalable qui va permettre de connaître les forces et faiblesses de la Suneor, les opportunités et les menaces de l’entreprise dans son environnement.

L’Etat du Sénégal a fait savoir en termes très clairs qu’il ne va pas gérer la Suneor dans la durée. Il ne fait qu’assurer l’intérim en attendant de trouver un nouveau repreneur. Pour éviter les erreurs graves commises lors de la privatisation hâtive de la Sonagraines et de la Sonacos, l’Etat devra éviter la précipitation dans la recherche d’un nouveau repreneur. Dans le choix de l’adjudicataire de la Suneor, les autorités devront être vigilantes pour barrer la route aux aventuriers qui ne manqueront pas de postuler. Ils viendront du Nord et du Sud et utiliseront tous les moyens licites ou non pour s’emparer du fleuron de nos industries alimentaires.

Un cahier des charges prenant en compte l’importance de la Suneor dans l’économie nationale, son rôle irremplaçable dans la vitalité de la filière arachidière et sa mission de fournir de l’huile d’arachide aux populations devra être minutieusement rédigé par des gens compétents et intègres. Le repreneur de la Suneor devrait être financièrement et techniquement crédible. La signature d’un accord avec un quelconque soumissionnaire devra être précédée d’un plan global de relance du groupe, assorti d’un engagement ferme d’effectuer un investissement lourd de nature à moderniser les unités de trituration des usines de la Suneor. L’accord liant l’Etat au repreneur devra prévoir des dispositifs permettant de suivre l’état d’exécution des engagements de l’adjudicataire. La mise en place d’indicateurs de l’exécution des engagements me paraît nécessaire pour éviter la répétition de la gestion coûteuse à l’Etat de Monsieur Jaber.

Avec des travailleurs compétents car l’ayant prouvé, un État qui a tiré les leçons de l’aventure avec le groupe Advens et une nouvelle direction consciente de sa mission et de son obligation de résultat, on peut être optimiste en attendant la suite du feuilleton Soca-Oncad-Sonacos-Suneor.

L’enjeu Suneor est de taille surtout dans le contexte du Pse. Sans une filière arachidière dynamique et performante et des unités de trituration des graines d’arachide modernes, il sera difficile d’atteindre l’émergence au Sénégal.

 

Pr Demba SOW – Ancien Député – Ancien Conseiller Economique et Social

Pr Demba SOW

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