Si les accusations de détournement de l’argent prélevé sur les salaires des Députés s’avéraient fondées, ce serait le second gros scandale commis au sein de notre institution parlementaire depuis l’indépendance.
En effet, l’on se souvient qu’en 1962, alors que le Président Mamadou DIA préparait activement le décollage économique du pays, des Députés corrompus, avec la complicité des autorités de la France coloniale et de leurs suppôts locaux, ont entrepris de faire voter une motion de censure contre son gouvernement. Ces Députes rencontraient nuitamment sur la corniche ouest de Dakar, Mr Henry Charles GALLENCA, Président de la chambre de commerce de Dakar de l’époque pour y signer ladite motion de censure contre de fortes sommes d’argent. Le prétexte fallacieux invoqué pour justifier leur démarche devait, au regard des textes en vigueur, être soumis aux instances du parti et non à l’assemblée nationale sous forme d’une motion de censure.
Rappelés à l’ordre, ils ont persisté dans leur volonté de déstabiliser le régime en place et c’est ainsi que des mesures idoines ont été prises pour les en empêcher en les faisant expulser de l’hémicycle et en arrêtant les principaux instigateurs. Cet acte d’autorité tendant à rétablir l’autorité de l’Etat dangereusement menacée, posé par le Président Mamadou DIA ayant été interprété par ses détracteurs comme une tentative de coup d’Etat, a été déterminant dans la suite des évènements. Une accusation dont il a été d’ailleurs blanchi par la justice. Sous le commandement d’un certain PEREIRA qui a depuis disparu, l’armée est aussitôt intervenue en l’arrêtant avec quatre (4) de ses ministres dont Valdiodio NDIAYE.
A leur sortie de l’hémicycle, ces Députés déguisés se sont rendus au domicile du Président Lamine GUEYE, alors Président de l’Assemblée nationale pour y voter leur motion de censure. Ce qui constituait une violation grave et flagrante de la Constitution. Non seulement le lieu était inapproprié mais leurs délibérations n’avaient aucune transparence aux yeux de l’opinion publique.
Le Général FALL Chef d’Etat-major des forces armées neutralisé, le Président DIA arrêté, un puissant dispositif de sécurité mis en place et des troupes françaises installées derrière la Présidence de la république, le coup d’Etat, premier du genre en Afrique de l’ouest, était ainsi exécuté. Un coup d’Etat civilo-militaire, heureusement sans effusion de sang, grâce au patriotisme, au sens des responsabilités et à la sagesse du Président DIA qui avait ordonné aux forces de sécurité qui lui étaient restées fidèles de ne point intervenir. Devant les faits indéniables que voilà, dire qu’il n’y a jamais eu de coup d’Etat militaire au Sénégal relève de la méprise ou de la mauvaise foi. Qu’elle ne fut notre déception teintée d’amertume d’entendre une telle affirmation d’un professeur de Droit constitutionnel. Un coup d’Etat militaire se traduisant en français par la prise du pouvoir de son détenteur légal par la force des armes. Cela pourrait se traduire aussi par un manque total de maitrise de la langue de MOLIERE.
Tout au début de l’année suivante, les Putschistes ont organisé une parodie d’élection pour maquiller leur forfaiture et légitimer leur pouvoir usurpé. A l’occasion de ces « élections » de 1963, de nombreux Sénégalais ont été victimes d’un massacre sans précédent dans toute l’histoire politique nationale aux champs de courses de Dakar, actuel boulevard du Général DE GAULLE. Ce grave évènement et le coup d’Etat qui l’a précédé, ont été suivis par de nombreux autres non moins horribles qui n’ont jamais été dénoncés, encore moins élucidés par voie judiciaire. De toute évidence, on aura tout vu au Sénégal. C’est pourquoi, nous venons, une fois encore, interpeller la conscience des rédacteurs de notre histoire. Nous ne dénoncerons jamais assez cette impunité et l’injustice avec laquelle les auteurs de ces délits d’une monstruosité inouïe, tout comme les complices des grandes maisons de commerce Bordelaises qui exploitaient de manière abusive nos vaillants paysans pendant l’occupation coloniale, sont aujourd’hui pompeusement célébrés au détriment de nos vrais héros nationaux.
Aussi, nous ne pouvons ne pas déplorer la manière scandaleuse avec laquelle est organisé le pillage systématique et organisé de nos ressources économiques, foncières et financières encouragé par une impunité sans précédent. Des repris de justice de très grande envergure en détention préventive ou définitivement condamnés par la justice dont nous saluons les efforts en passant, sont libérés sous le prétexte fallacieux qu’ils seraient gravement malades au désarroi total de leurs victimes et au grand dam des populations qui se posent des questions sur l’utilisation du Pavillon spécial. C’est pourquoi nous insistons sur la nécessité impérieuse d’harmoniser le droit de grâce avec nos valeurs socio-culturelles. Par exemple : instituer comme préalable à l’application de la grâce l’accord de la victime dans des conditions négociées.
Nous constatons avec beaucoup d’amertume et de déception que ces détenus, une fois libérés, reprennent, dès le lendemain, leurs activités s’ils ne vont pas jubiler sur les plateaux de télévisions ou devant les micros des radios.
Alors que le pays regorge de chômeurs de toutes catégories, il y’aurait dans les hautes sphères de l’Etat et d’autres institutions, des milliardaires rémunérés de façon faramineuse avec l’argent des pauvres contribuables, en plus de nombreux avantages et autres privilèges qui leurs seraient accordés.
De sources concordantes, ni leur expertise encore moins leur talent ne pourraient justifier le volume de leurs traitements.
Le Président Macky SALL qui incarne cet avenir et la jeunesse n’a point droit à l’erreur. L’alternance générationnelle tant souhaitée en prendrait un sacré coup.
La reddition des comptes étant au centre de nos préoccupations et des engagements souscrits par le Président SALL auprès du peuple, son succès pourrait contribuer à positiver largement son bilan, alors que son échec, ne ferait que le décrédibiliser avec l’ensemble de la classe politique.
C’est pourquoi nous lui suggérons vivement de renforcer la cohésion au sein de la coalition qui l’a porté au pouvoir, plutôt que de s’investir dans d’hypothétiques retrouvailles d’une famille politique déchirée que le peuple a quasi unanimement rejeté du fait de sa gestion calamiteuse sans précédent.
Se retrouver avec cette famille politique tant décriée après l’avoir quittée dans les conditions que l’on sait pour l’idéal républicain ne serait ni plus ni moins qu’un reniement qui traduit l’infidélité et qui bien que bannie, n’offusque malheureusement pas certains de la classe politique.
N’oublions jamais que l’unité de « Benno Bokk Yakaar » a été et demeure la volonté mainte fois exprimée des sénégalais à travers différentes consultations électorales. Ne pas le respecter serait une erreur catastrophique. L’on sait également qu’il est aussi difficile de conserver un pouvoir que de l’acquérir. Mais plus difficile est de le retrouver après l’avoir perdu.
Amadou Lamine SAKHO dit Kéba
Ancien Secrétaire particulier du Président Ibrahima Seydou NDAW