Dans sa volonté de renforcer la gouvernance publique en luttant contre la corruption et la concussion, le président de la République avait pris l’initiative, au lendemain de son accession à la magistrature suprême, de mettre en place une structure indépendante pour instaurer la probité et la transparence dans la gestion des affaires publiques. Ainsi, l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption a été créé par la loi N°2012-30 du 28 décembre 2012.
Cette institution indépendante, animée par des femmes et des hommes compétents et expérimentés, vient de publier son rapport qui fait l’objet d’un débat passionné dans les salons dakarois et à l’intérieur du pays. A cet effet, monsieur le ministre directeur de Cabinet du président de la République a fait une sortie, le mercredi 25 mai 2016, sur le plateau du talentueux Pape Ngagne Ndiaye, animateur de l’émission «Pencoo» de la Télévision futurs médias, pour dénoncer avec des termes à peine voilés l’excellent travail de l’Ofnac.
En le suivant essayer d’avancer des arguments tirés des cheveux pour justifier l’injustifiable, je me suis senti très gêné et à la limite déçu. Comment une autorité de sa trempe peut-elle se permettre de nager à contre-courant de la volonté du président de la République ? Y aurait-il une stratégie savamment orchestrée au cœur du Palais pour discréditer l’Ofnac et ses membres et classer ainsi son rapport sans suite ? Le président de la République est interpellé. Cette démarche de sabotage ne doit pas prospérer.
Le Sénégal a toujours été victime depuis son indépendance de son élite politique qui s’est toujours distinguée dans la prévarication et le détournement des deniers publics, pendant que les populations de Tindody, Balla Fall, Sagatta, Baïla et autres villages vivent dans des conditions très difficiles avec le manque d’infrastructures de base.
Si un audit sérieux était commandité pour vérifier la licéité des biens des personnalités politiques qui se sont succédé à la tête du pays depuis les années 60 jusqu’à présent, beaucoup d’entre elles seraient épinglées.
Si aujourd’hui le président de la République décide que rien ne sera plus comme avant , en mettant en place des instruments juridiques de lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics, les citoyens épris de transparence dans le management des affaires publiques doivent s’en féliciter et barrer la route à tous ceux qui seraient tentés de saborder cette démarche.
Les autorités épinglées dans le rapport de l’Ofnac doivent être traduites sans délai devant la justice. Et si elles sont reconnues coupables, des sanctions sévères doivent leur être infligées, conformément aux dispositions en vigueur dans notre arsenal juridique.
Ahmadou GAYE – Touba Daroukhoudoss
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