Par 7193 grâces ! le Président est l’homme le plus généreux sur la terre!
Récemment qualifié de radin par le sens commun, il passe à magnanime selon ses partisans car il accorde la liberté à sa discrétion. Le peuple doit se soumettre à ses décisions « justes » puisqu’il est au dessus du peuple. Les encartés beige-marron et leurs acolytes ne manquent pas une occasion de rappeler aux « sujets » que nous sommes, notre devoir de respect absolu et notre obligation de louer son magistère. Mais ceci est un fantasme de flagorneurs et de bouffons, ceux et celles qui sont passés de « plumes affûtées en dames de compagnie », qui crachent sur nos libertés, ceux et celles qui ont vendu leur bouche au titulaire du pouvoir discrétionnaire.
Les arguments gorgés de mépris, portés sur un grandiloquent discours humaniste n’en finissent pas depuis la dernière grâce présidentielle comme pour justifier la plaisanterie. Or, nous sommes tentés de dire ce qui est fait est fait, passons à l’essentiel… Nul ne peut expliquer ce qui relève de l’intime conviction d’un juge suprême. A moins que cette conviction ne soit torpillée par un « deal international » manigancé par un procureur enturbanné et dont l’épicentre est le fameux dialogue national. A coup sûr, nous n’en connaîtrons que les intitulés comme l’ensemble des protocoles de « Rebeuss » dont les enfants de Monsieur Wade sont signataires.
En tout état de cause, le pouvoir absolu, même enrobé dans des consultations citoyennes, sera confronté aux esprits libres et aux citoyens bienveillants parce que tout le monde n’accepte pas la somnolence programmée et le prolongement continu dans la misère. Une misère exploitée à des fins politiciennes, théâtralisée à longueur de journée, la misère qui fait le bonheur des dominateurs dans une dramaturgie de distribution de matelas et de livraisons de toilettes turques; au moins en voilà une qui vingt ans plus tard réalise la promesse du professeur Iba Der d’offrir des matelas (anti-acarien) en cas d’élection. Quel signe de générosité de leur part! Si généreux d’offrir le voyage à bord d’un jet privé au « plus grand pilleur de l’histoire du Sénégal ». Quelle cause juste de délivrer un laissez-passer à l’ennemi de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) afin qu’il retrouvent ses enfants et ses parents vieillissants…
La justice sociale est entre les mains d’une « grande dame » au détriment des autorités administratives compétentes et l’autorité judiciaire s’est amoindrie en un service de règlement des délits mineurs. L’usage des pouvoirs exceptionnels tend à devenir la règle générale. Désormais, ces pouvoirs dédiés organisent la vie publique et rétablissent les délinquants dans une niche de droit humanitaire. Est ce que tout cela est bien juste?
La République est abîmée parce que la démocratie est aspirée par une minorité puissante au détriment de la majorité silencieuse. Et, c’est comme si il ne restait de l’Etat que quelques actes de bravoure, des décisions de justice brandies comme des trophées de guerre pour montrer la ligne d’un Sénégal émergent: la fin de l’impunité! Les citoyens sont surpris, déçus et dégoûtés d’apprendre que rien de tout cela n’était qu’une illusion, puisque le sens de l’amour de la PATRIE est dévoyé au profit de l’amour pour le PARTI. Il y’a un relent d’absolutisme dans cette manière de gouverner le peuple, une manière qui n’est ni sobre ni vertueuse qui nous fait agir sous la contrainte. Les pouvoirs exceptionnels sont pratiqués sans juste mesure; rien n’est plus particulier dans ce régime d’exception.
Le plus inquiétant dans cette ambiance de révulsion sont ces vieilles bouches qui parlent depuis 50 ans, qui ont crié l’indépendance du Sénégal, qui ont soufflé dans l’oreille de chaque président et qui continuent d’alimenter l’animosité comme ce fût le cas durant le conflit Dia-Senghor. Ils sont encore là accrochés au prestige du pouvoir pour mieux exercer leur domination sur le petit peuple et recevoir leur rétribution financière à la suite de chaque prise de parole. Personne ne les entendra ouvrir leur bouche sur l’affaire « Bictogo »; motus et bouche cousue sur les pratiques de « l’Etat voyou ». Où est le juste dans cela?
Le Sénégalais ne mérite pas qu’on le réduise à un indigne sujet de politiciens qui le trompent depuis 50 ans. Le peuple souverain devra continuer à suivre la comédie qui se déroule; il voit gesticuler les meilleurs acteurs sur la scène politique. Dans la frustration et dans l’angoisse, il a encore la force de rigoler de leurs prouesses; ils pensent le tromper en oubliant qu’il est plus fort que toutes leurs prérogatives de puissance publique. Par la Grâce de Dieu les citoyens décideront de la fin du spectacle par le choix d’hommes et de femmes qui ont l’amour de la patrie
Abdoul Moutalib DIOUF