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Le Sénégal « pnudisé »

Le Sénégal « pnudisé »

Par la force des choses, le programme des nations-unies pour le développement (Pnud) est en passe de « pnudiser » le Sénégal.

Pnud par çi, pnud par là, pnud partout. Trois récents faits prouvent qu’il va trop loin dans son intrusion dans les affaires de ce pays.

Quel sénégalais n’a pas, en effet, été perturbé par l’image montrant deux de ses dirigeants, dans une audience au palais de la république, à côté du président sénégalais, de son ministre de la Justice et du procureur du…Qatar? Il y avait de quoi être dérouté de les voir participer à une réunion qui semblait n’avoir été convoquée en ces lieux que pour préparer, avant la lettre, la libération ultérieure de Karim Wade, avec des retombées financières possibles. Et ce, malgré une condamnation assise sur de solides preuves. Que diable le pnud avait-il à y faire ?

Le deuxième exemple qui invite à une réflexion sur cette institution remonte au début de l’an dernier. Oubliant son projet Sénégal émergent (PSE), seul référentiel de ses politiques publiques, le Sénégal confiait au Pnud la mise en œuvre d’un énième…sigle : le PUDC -programme d’urgence pour le développement communautaire. Désargenté, le pnud s’empressa, sortant de sa mission, de s’installer aux commandes de ce projet financé sur fonds publics. Au risque de déclencher un tollé qui força le gouvernement à annoncer, sans convaincre, qu’il en gardait la souveraineté. Avant, tête basse, de laisser monter au créneau des voix, opportunistes, qui affirmèrent que le pnud avait déjà fait un tel projet au Maroc et que des pays comme le Togo veulent s’en inspirer. Mais l’amère pilule n’est pas passée. Décapacitées’ et décapitées au profit de l’agence onusienne, l’Administration et les entreprises sénégalaises ne pouvaient l’entendre de cette oreille, surtout que le pnud n’a pas l’obligation de rendre compte de ses actions aux services spécialisés du pays.

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Les plus vicieux se demandent même si la mise en place du Pudc, avec sa complicité, n’est pas destinée à permettre au régime d’avoir des projets électoralement exploitables, dans les zones rurales, le moment venu ? Quid des conditions non-transparentes qui gouvernent l’utilisation des fonds publics dont une partie a aidé à acquérir des équipements au profit d’entreprises familiales, partisanes ou à renflouer des alliés politiques ? Tel est pris qui croyait prendre.

A force de vouloir tirer son épingle du jeu, le pnud, par sa présence à l’audience du procureur du Qatar, pourrait certes se voir chargé de gérer au moins une partie des sous qui proviendraient de cette opération, en plus des émoluments qu’il reçoit au titre du budget déjà conséquent du Pudc. Cela ne fera qu’exacerber les spéculations….

En vérité, ses réalisations avec le Pudc restant faibles, jusqu’à présent, ne militent pas en sa faveur. Son forcing pour s’imposer dans ce pays en développement n’est donc que plus condamnable, en lui déniant son droit de se doter de capacités endogènes au lieu de compter sur une expertise internationale coûteuse et décapacitante…

L’omniprésence du pnud s’était déjà manifestée au lancement du PSE, dans le cadre du Groupe consultatif de Paris, où son directeur Afrique n’avait cependant pu faire mettre à son organisation que des miettes dans l’escarcelle de l’émergence : 1 million de dollars à peine, si je ne m’abuse.

Depuis sa création, en 1965, en une époque où le militantisme développemental était de mise, le Pnud n’a cessé de vouloir se poser en coach pour les pays africains. Son absence de résultats, couplée aux crises économiques, réduisit progressivement sa crédibilité. Banque mondiale et FMI, avocats des fameuses politiques d’ajustement structurel, l’ont depuis déclassé.

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On peut dès lors penser qu’il tente de reprendre le terrain perdu pour inverser le déclin irrémédiable qui le guettait avant que la fin de la guerre froide, en 1989, ne lui redonne une occasion de se réinventer. Depuis, son opportunisme a produit des effets, notamment quand, grâce au transfuge de l’Unicef, Richard Jolly, qu’il recruta, il lança, dans les années 90, son rapport annuel sur le développement humain. On crût même qu’il allait se transformer en boite à idées, avec la venue en son sein d’un futur Nobel de la Paix, Amartya Sen, théoricien du concept de capacités.

Le Pnud n’est pourtant pas encore sorti de l’auberge. Seule l’adoption des OMD –objectifs du millénaire pour le développement et celle des ODD -Objectifs du Développement durable, en 2000 et 2015, lui ont permis de faire illusion en occupant la scène publique des pays en développement….

De là à se substituer aux Etats, et ici à se porter en plus caution d’un deal sulfureux, pourrait le faire retomber dans la crise d’identité qui l’a longtemps paralysé si bien que rencontrant, il y a une vingtaine d’années, son ancien grand patron, William Drapper, en son bureau, au One UN-Plazza, à New York, l’impression qu’il m’avait donnée c’était d’être un homme à la tête d’une organisation sans repères. Il est vrai que la disgrâce survenue, peu après, de son Directeur Afrique d’alors, le sémillant Pierre Claver-Damiba, avait tellement secoué le pnud qu’on ne pouvait guère l’imaginer titillant à nouveau le type de bric-à-brac qui avait entraîné la perte de sa figure africaine la plus emblématique de l’époque.

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Sait-il que ces ‘Senegalese-Papers’, aux côtés du Qatar et d’un régime qui excelle dans les reniements, sentent le souffre? Certains compagnonnages, sulfureux, relèvent du suicide !

 

Adama gaye

Adama GAYE

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