Les conseils des ministres décentralisés ne suscitent plus le moindre intérêt, en dépit du folklore entretenu par le parti au pouvoir. Même le plus endormi des Sénégalais voit, qu’au-delà du battage médiatique, ces conseils se réduisent à un catalogue de bonnes intentions jamais suivies d’effets.
Celui qui se tient actuellement dans la banlieue ne dérogera pas à la règle : ce sera une kyrielle de promesses aussi diverses que vagues. Mais le temps du bluff a fait long feu. La banlieue ne se fait aucune illusion. Ceux qui, depuis quatre longues années tiennent tous les leviers du pouvoir et qui n’ont rien fait pour la banlieue ne peuvent être quittes de la situation actuelle. Bien au contraire.
La jeunesse de notre pays s’est battue contre le népotisme mais cette pratique revient en force avec l’oncle à Pikine et le frère parachuté à Guédiawaye, uniquement pour faire fortune et s’envoler vers d’autres cieux, laissant la banlieue et ses habitants en l’état.
Il faut avoir à l’esprit que dans ce Dakar qui s’étend dans toutes les directions, la banlieue est devenue le cœur battant de notre nation, le concentré des difficultés et défis que nous devrons relever ensemble ou sombrer définitivement dans les abysses du mal-développement chronique.
La banlieue mérite mieux que cette campagne électorale déguisée, simple poudre à l’œil. Elle ne peut se réduire à un terrain de manœuvres politiciennes, pour s’octroyer une clientèle électoraliste considérée bon marché.
Un traitement de choc s’impose pour faire face à la dégradation continue du quotidien de ses habitants, au rétrécissement des horizons de la jeunesse et au creusement des inégalités de destin. Avec toujours en toile de fond des zones de plus en plus délaissées, des points aveugles, des angles morts totalement exsangues de notre pays. L’image concrète de la faillite de plus d’un demi-siècle de politiques publiques. Mais très loin des réformes fondamentales qu’appelle la situation et des moyens considérables nécessaires pour les mettre en œuvre, l’illusion et le bluff reprennent toujours leurs droits du côté d’un pouvoir, dont le centre de gravité est ailleurs.
Les vrais enjeux de la banlieue ne sont pas compatibles avec la logique de saupoudrage des autorités actuelles qui se réduit à l’achat des consciences, la politique de l’aumône des bourses familiales et de la réfection des toilettes, l’humiliation pour les plus démunis de faire sans cesse la manche. La banlieue est trop grande pour ces minuscules projets (micro-crédits etc.) véritables gouttes d’eau dans l’océan des besoins.
La banlieue doit conquérir son droit à un meilleur devenir urbain en réglant d’abord le problème de la représentation politique. Elle doit détenir un leader naturel, armé de l’éthique de responsabilité comme de l’éthique de la conviction, ancré dans les valeurs laborieuses, et capable de travailler en amont pour apporter les réponses, les projets de fond essentiels afin de relever les défis, particulièrement les défis de la promotion de la masse des jeunes inactifs, paradoxalement pleins d’initiatives et de savoir-faire non-employés.
La banlieue a besoin de pôles d’affaires, et de pôles industriels, pour devenir un terrain d’implantation d’activités productives, la transformation du Lycée Limamoulaye et du Lycée de Thiaroye (2ème et 3ème au Concours général) en établissements d’excellence dotés de moyens conséquents), l’érection d’équipements collectifs et d’infrastructures de transports.
Seul un véritable plan Marshall, à la hauteur des défis actuels, rendra sa dignité à la banlieue. La jeunesse de la banlieue va réveiller le Sénégal en déjouant tous les pièges pour réarmer moralement le pays et ouvrir une page glorieuse de son histoire. La banlieue n’est pas un problème, elle est une solution si on sait comment s’y prendre.
Son Excellence, nous comprenons mieux que vous qu’il y a un futur dans la banlieue mais nous ne misons pas sur vous car ce futur est entre les mains de ses filles et fils qui mobiliseront toutes les énergies pour faire de chaque coin de celle-ci un carrefour de projets et d’initiatives.
Aly BA, GP Pikine