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De Quel(s) Droit(s) Avons-nous Le Droit De Priver Les Enfants De Leurs Droits ?

Chers concitoyens, permettez-moi, en tant que travailleur social, de partager avec vous sur le projet de « retrait des enfants de la rue ».

A l’entame de mes propos, vous constatez qu’à travers ma question introductive, je m’assume dans mon rôle d’intervenant social consistant à conscientiser, éveiller et proposer des actions en vue d’un mieux-être social.

Au paravent, il n’est pas évident que l’enfant, souvent traité comme objet de droit, soit considéré, et par tous, comme un sujet de droit et, à ce titre, a le droit d’en jouir comme tout le monde.

Dès lors, l’on peut se demander qui est l’enfant et quels sont ses droits ?

C’est vraiment désolant qu’on veuille assimiler l’enfant au « talibé » (élève coranique) même si l’on a du mal à faire accepter à la plupart des sénégalais que tous les « enfants-mendiants » ne sont pas que des « talibés ».

Si la Convention des Droits de l’Enfant (CDE), en son article premier, le définit comme étant un « être humain âgé de moins de dix-huit (- 18) ans », il est, sur le plan psychopédagogique, considéré comme « n’étant pas un petit Homme mais un petit d’Homme ».

Mais, la définition de l’enfance ne saurait être de façon universelle puisque chaque communauté a sa façon de la percevoir. Toutefois, compte tenu du processus de développement de l’enfant, nous pouvons distinguer trois (3) principales étapes de l’enfance, avec, pour chacune, des besoins/droits dont la liste n’est pas exhaustive:  

La satisfaction de l’ensemble de ces droits participe à la transformation ou au développement physique, mental, psychologique et sociologique de l’enfant. Cependant, la question est de savoir si l’enfant peut, à lui seul, satisfaire tous ses droits ?

La réponse est évidemment non, et l’adulte, la famille, la société, mais aussi et surtout l’Etat ont l’obligation de les lui assurer. C’est sous cet angle que nous devons apprécier à sa juste valeur l’initiative courageuse de l’Etat d’engager le « retrait des enfants de la rue ».

En effet, si nous acceptons tous que le processus de socialisation de l’enfant connaisse différentes étapes et peut faire l’objet de plusieurs options, fondamentalement par rapport à son droit à l’éducation,  nous devons également nous convenir que la place de l’enfant ne saurait être la rue. Leur présence dans la rue est tellement fréquente et récurrente que l’on a du mal à distinguer les enfants dans la rue des enfants de la rue.

En tout état de cause, plus ils sont dans la rue, moins ils sont dans les lieux où ils doivent acquérir du savoir, du savoir-faire et du savoir-être.

A ce propos, nous ne passerons pas sous silence la question liée à la mendicité, plus précisément, sa place et son rôle dans la formation de l’enfant-talibé (élève coranique) dont elle participe à la construction de la personnalité en lui inculquant des valeurs cardinales comme l’humilité, la patience, la tolérance, le respect de la différence …

Aussi, devons-nous admettre que beaucoup d’enfants-talibés, pour satisfaire leur droit à l’alimentation, se trouvent dans l’obligation d’aller mendier, et jadis, de maison en maison, aujourd’hui, de plus en plus, dans la rue, en quête d’argent de préférence.

Egalement, la satisfaction de ce besoin fondamental pour tous les ménages, l’alimentation, une des six  (6) dimensions de l’étalon de mesure du niveau de vie des populations en micro-analyse (en plus de l’habillement, l’habitat, l’éducation, la santé et les conditions de travail), pousse bon nombre de familles à envoyer et, des fois maintenir leurs enfants dans la rue, comme sources de revenus.

Nous voyons alors, nous n’irons pas jusqu’à préconiser de faire la typologie de la provenance des enfants trouvés dans la rue, mais force est d’admettre qu’il n’est pas question de laisser ce constat regrettable qui a déjà pris une ampleur assez importante, de se transformer en fait social au point de nous recommander de ne pas chercher à lui trouver une solution, des solutions autant pour moi.

Pour tout adulte, en voyant un enfant en grande fréquence dans la rue, il faudrait avoir le courage de se dire et dire à qui de droit ce que l’on pense et ce que l’on sent si on n’est pas en mesure d’agir autrement.

Pour chaque famille concernée, la résolution de problème partant d’abord de la reconnaissance du problème, il sera recommandé de se concerter à propos du ou des enfants de la famille en situation d’enfants dans ou de la rue, afin d’identifier toutes les solutions possibles, d’en choisir une et la mettre en œuvre avec un esprit de groupe et une dynamique collective incluant au maximum tous les membres de la famille.

Pour les communautés, il importe, à travers les organisations communautaires de base, d’initier et promouvoir, à titre démonstratif pour une généralisation progressive, des actions de retour à la solidarité et l’entraide qui, à la longue, contribueront significativement à la réhabilitation de la prise en charge communautaire des problèmes et préoccupations familiaux et des autres institutions sociales comme les « daras » qui ont une place et un rôle extrêmement importants dans l’éducation des enfants de notre pays.

Pour les collectivités locales, afin de jouer pleinement leur rôle dans le changement, non des comportements mais  des situations de risques qui favorisent la situation indésirable des enfants de la rue,  il est aujourd’hui plus que jamais impératif que, en rapport avec les services techniques compétents, les organisations communautaires de base et les autres co-acteurs concernés, sur fonds propres comme sur les fonds de dotation, notamment les crédits alloués pour l’éducation, la jeunesse les sports et les loisirs, l’action sociale, des projets et programmes novateurs soient conçus, financés, mis en œuvre, suivis et évalués.

Pour l’Etat, nous tenons à contribuer à la clarification de ce qui suit :

 

Mouhamadou Rassoul Diagne

Travailleur social

1er Secrétaire élu du Conseil départemental de Tivaouane

Email : rassouldiagne@yahoo.fr

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