Nous apprenons de Monsieur Le President de La République, à l’occasion de de sa conférence de presse du 20 juillet 2016, que le débat sur l’existence du » Protocole de Rebeuss » serait « inutile » et « n’apporterait rien au pays. » Dire cela, au moment où le Procureur de la République se saisit du dossier, n’est-ce pas lui donner l’ordre de le ranger au tiroir?
Au demeurant, cette déclaration est pour le moins surprenante venant du chantre de la gouvernance » sobre et vertueuse ». Car, le fond du problème c’est de savoir si de l’argent public a été détourné. Quand, par qui et dans quelles conditions? C’est également de comprendre si, et pourquoi, notre justice semble se mordre la queue: d’arrestations spectaculaires en libérations négociées, de libertés provisoires qui durent à des non-lieu qui restaurent la virginité, on commence à s’inquiéter de l’inconstance des décisions de justice. Il est en effet devenu quasi normal que, pour peu que l’on soit un peu connu, on entre et sorte de prison systématiquement par des artifices administratifs et juridiques qui cachent un jeu de rôles inquiétant dans les coulisses des institutions de la République. Or, ces institutions sont censées garantir nos libertés mais surtout notre Sécurité!
Évacuer le débat sur l’existence ou non du « Protocole de Rebeuss », c’est nous dire que le Procureur de la République s’était auto-saisi…à la légère. C’est aussi donner raison à Idrissa SECK qui a défié tous ceux qui l’ont mis en cause depuis tant d’années et qui devraient désormais se réfugier dans un silence pour le moins coupable! C’est également valider l’idée d’une possible instrumentalisation de la Justice à des fins de règlement de comptes politiques. Et cela peut mener très loin…
Tout cela étant dit, le Sénégal semble devenu le pays des crimes et délits sans coupables. Le pays des délits évanescents c’est à dire des délits qui sont commis mais effacés! Et c’est pour cela que notre système judiciaire est de plus en plus ressenti comme un lieu d’absolution, voire de légalisation, des forfaits politiques, financiers et…criminels(!). Un système couvrant les délinquants et sanctionnant les victimes et les plaignants… Il se dit que l’argent et l’appât du gain en seraient les lubrifiants.
Si ce n’est pas bizarre, qu’est-ce que c’est?
Heureusement que, quelques âmes solitaires et justes hantent encore les couloirs du temple de Thémis… Elles sauront préserver la flamme et réanimer la Justice. Justement.
Amadou Tidiane WONE
woneamadoutidiane@gmail.com
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