Depuis un certain temps, le Sénégal est secoué par des soubresauts politico-socio-économiques, plus bizarres les uns que les autres.
Au plan politique, l’Alliance des Forces de Progrès, dirigé depuis sa création par l’inamovible Mousatapha Niasse, est entré récemment dans une crise profonde, suite à la déclaration d’allégeance de M. Niasse à l’endroit du Président de la République, M. Macky Sall ! Ainsi, Malick Gakou, ex- N° 2 du Parti, Mata Sy Diallo, la lionne de Ndoucoumane (qui ne dort certainement pas), le Jeune Malick Guèye et autres Mamadou Goumbala ont claqué la porte du parti, déplorant l’attitude antidémocratique de M. Niasse, qui aurait troqué les ambitions du parti contre un strapontin à la tête de l’Assemblée nationale…
Le Parti socialiste, fondé par Léopold Sédar Senghor, feu Mamadou Dia et l’ancien Président de l’Assemblée nationale, Lamine Guèye, est entré, lui aussi, dans une zone de turbulences. Motif : Son leader Ousmane Tanor Dieng, s’accroche au bras de M. Macky Sall, au nom d’une « fidélité » que les membres de son parti, trouvent absurde et intéressée. On lui aurait promis, le poste juteux de Président du Haut Conseil des Collectivités Locales !
Au Parti démocratique Sénégalais, des « réformateurs » ont remis sur la sellette la gouvernance du parti et réclamé la tenue d’un congrès pour de nouvelles orientations. Résultat : Modou Diagne Fada et ses acolytes, furent mis au banc des accusés avant qu’ils ne se retrouvent subitement, en dehors du parti, qui les a vus naître (politiquement parlant) !
Le dénominateur commun des ses différentes crises, n’est rien d’autre que l’absence d’une démocratie interne.
La question que l’on se pose est de savoir, quand-est-ce qu’aurons-nous de vrais démocrates à la tête du pays, alors que les partis politiques qui les produisent, continuent de fouler au pied les règles basiques de la démocratie interne ?
Au plan social, force est de constater que les enfants talibés comme les handicapés sont frappés d’une exclusion qui relève d’un autre âge.
Au moment où nos Autorités politiques déclarent, avec un brin de fierté, que 40% du budget national est consacré à l’éducation, ces catégories d’enfants vulnérables, n’en reçoivent pas un sou !
Laissés à eux-mêmes, ils se réfugient dans la rue, espérant y rencontrer un bienfaiteur anonyme, qui mettrait quelques sous dans leurs sébiles, ou rencontrer quelqu’un qui chercherait à conjurer le mauvais sort, et qui, exécutant les ordres d’un charlatan, lui remettrait un coq blanc ou des bougies d’un nombre impair…
Un beau jour, l’Etat qui les a toujours oubliés dans le partage du budget comme de toutes les richesses, décide de les chasser de la rue, sans sommation préalable !
Des enfants Talibés furent traqués et parqués au centre Guindi. Des handicapés furent récemment « ramassés », jugés puis relâchés, alors qu’aucun d’eux ne bénéficiait de la fameuse « carte d’égalité des chances », dont se vantent pourtant les politiciens depuis quelque temps.
Des adeptes de la facilité ont, bien entendu, applaudi, en demandant à l’Etat de ne pas reculer cette fois-ci… Leur paresse atypique les avait certainement empêchés de savoir que l’Etat avait déjà reculé depuis belle lurette !
Au plan politico-économique, M. Ousmane Sonko, inspecteur des impôts et leader d’un parti politique(Pasteef), domine les débats, en dénonçant une fraude fiscale du côté de l’Assemblée nationale. En dépit des tergiversations des bonzes de cette auguste institution, son Président M. Moustapha Niasse, dément laconiquement, mais finit, quand même, à solder les comptes, en envoyant un chèque aux services des impôts ! A défaut, de payer une commission à M. Sonko, ce dernier mériterait, au moins, une décoration, pour services rendus à la nation… Curieusement, le haut fonctionnaire des impôts n’en récolte, au bout du compte, qu’une suspension de fonction de 4 longs mois!
Les politiciens nous arguent que M. Ousmane Sonko aurait divulgué des secrets professionnels ! Comment peuvent-ils ignorer qu’un « secret professionnel » qui profite à la nation doit être divulgué…
Le cas de Mme Nafi Ngom Keïta et autrement plus complexe : Infirmière d’Etat au départ, cette dame courageuse et battante a pu gravir les échelons de l’Administration sénégalaise, pour se retrouver, après un parcours du combattant, au sommet de la hiérarchie.
Nommée à la tête de l’Ofnac, elle secoua d’innombrables fonctionnaires véreux, qui s’estimaient intouchables.
A l’arrivée, elle fut débarquée de la tête de cet office de lutte contre la fraude et la corruption, dans des conditions très peu transparentes. Sa fameuse « lettre au Président de la République», publiée ce jour même par plusieurs sites, révèle des situations que l’on pourrait qualifier de scandaleuses. En tout état de cause, dans une république des valeurs, cette bonne dame mériterait d’être promue, pour qu’elle continue à servir d’exemple, à la gente féminine de la nouvelle génération.
Je ne veux point revenir sur les supposés « deals » de Reubeuss ou de Doha. Ces grands dossiers de la République finiront, un jour, par vider leurs secrets enfouis entre Reubeuss et Doha !
Il faut saluer, pour terminer, l’ouverture du Pont de l’émergence. Ce bel ouvrage, nous rappelle, à vrai dire, les beaux jours du compagnonnage entre Wade et Macky !
Que ce pont nous serve de tremplin, pour éviter tomber dans les bas fonds d’une république des antivaleurs !
Mamadou Bamba Ndiaye
Ancien Ministre des Affaires Religieuses
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