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Le Lion Et Le Moucheron !

Le Lion Et Le Moucheron !

Pas de répit pour la curie ! Eh oui, ça peut bien être les vacances du gouvernement, les fines lames de la politique continuent de battre le fer à chaud en espérant la chute du pouvoir, dont nul ne sait d’ailleurs ce qu’ils feraient s’ils le conquéraient. Toujours donc la même chanson pour ne pas dire la même rengaine. Les uns sur le deal supposé de « l’expulsion » de Karim Wade du Sénégal vers Doha, les autres sur la gestion des affaires courantes du président Macky Sall… Les habituelles diatribes tout azimut d’Idrissa Seck à l’encontre du pouvoir, les sorties récurrentes de Ousmane Sonko, qui disons-le sans détour crache allègrement dans la soupe, jusqu’à Nafi N’gom Keïta à la tête de l’Ofnac qui « titille » Macky, après qu’il ait décidé de la mise en place d’un organe pour renforcer la gouvernance, de vouloir aujourd’hui le bloquer et de ne pas souhaiter développer une politique de transparence.

Résultat, les sentences tombent, du moins dans les arcanes de l’État, car comme dans tous systèmes politiques, si les critiques constructives au sein de l’institution semblent admises, les règlements de compte par voie de presse restent en travers de la gorge. Souvenons-nous à Paris de la célèbre phrase de Jean-Pierre Chevènement à l’attention de son gouvernement, mais cela vaut aussi pour les hauts fonctionnaires : « Quand on est ministre, on ferme sa gueule ou on démissionne ». Ainsi donc, la non-reconduction de Nafi N’gom Keïta à la tête de l’Ofnac, le mandat de trois ans de l’Inspectrice générale d’Etat (IGE) étant arrivé à terme. Idem, l’éviction d’Ousmane Sonko, suspendu de ses fonctions d’Inspecteur des Impôts. Une décision qui fait suite à une procédure disciplinaire enclenchée par le ministère de l’Économie et des Finances et exécuté par la Direction des Impôts et Domaines.

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Attardons-nous un tant soit peu sur le cas d’Ousmane Sonko. Qu’a-t-il à nous révéler de si juteux et est-ce bien crédible ? Malgré mon faible naturel pour les « rebelles » et les empêcheurs de tourner en rond, je cherche en vain et ne vois en ce fonctionnaire revanchard que poudre de perlimpinpin et poils à gratter. À moins qu’il ne s’agisse d’un désir de vengeance personnelle ou pire, d’une frustration professionnelle. Si j’admire la curiosité des lanceurs d’alerte et des renifleurs de dossiers à scandale, je ne perçois dans les investigations de ce serviteur de l’État que l’exploration de fonds de poubelles pour quelques vernis, du bronze tout au plus ou autre strass clinquant, l’important étant que ça reluise au grand jour et que l’invraisemblable nous paraisse vraisemblable. En effet, à la lumière de ce que je peux observer, il me semble bien une fois encore que quand Sonko nous éblouit, ce n’est que de la poudre aux yeux !

En attendant, une fois n’est pas coutume, tentons de nous mettre à la place de notre Président. Peut-il se battre contre la pauvreté, le chômage, l’injustice, la corruption et j’en passe, tout en affrontant de face les leaders de l‘opposition et ses propres fonctionnaires sur ses flancs ? Ne sommes-nous pas là dans une hérésie politique pour ne pas dire une fable institutionnelle ? Car les coups à répétition, « …un avorton de mouche à cent lieux le harcèle, tantôt pique l’échine, et tantôt le museau… » S’ils ont fini par « réveiller le lion », pourraient bien désormais lui faire sortir les crocs !

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Mais quel est donc son mobile à Sonko ? Renforcer son parti politique ou juste jouir de son bon plaisir lorsque l’on fait du tort à l’autre, qu’on le traine dans la boue tête bêche comme c’est souvent de mise sur notre belle terre de tolérance et d’accueil ? En fait, avant chacune de ses sorties, notre Sonko, tout abrité qu’il est dans le placenta de notre État qu’il déchire, nous met l’eau à la bouche pour nous dire tel un Zorro d’opérette, qu’il vient de démasquer les derniers faits d’armes des voyous qui nous dirigent et que les révélations qu’il va nous poser comme des orties sur nos langues sèches feront gicler le sang argenté des hommes que nous avons choisis pour nous guider ! Je ressens, je dois vous l’avouer, à chacune de ses charges, la même impatience contagieuse que j’avais tous les jeudis à entendre Souleymane Jules Diop tel un prêcheur cracher ses insanes accusations.

Sérieusement, toutes ces questions d’« État », qui sont d’ailleurs soumises au devoir de réserve et au secret professionnel, doivent-elles occuper le devant de la scène politique, surtout si elles trahissent de simples ambitions personnelles ?

Mais ces messieurs sont-ils seulement sérieux ? Ousmane Sonko peut bien continuer à chaque sortie de caricaturer nos dirigeants et de reprocher à Macky Sall ne pas savoir changer le plomb en or, quelle importance cela fait t-il ? Pendant qu’il jacasse, d’autres fonctionnaires accomplissent leur mission au service de leurs concitoyens.

Ne prenons que le cas des sages-femmes itinérantes de Casamance. Aujourd’hui, comme tous les jours, elles rejoindront dans leurs camionnettes les villages dispersés dans cette nature généreuse qui fait de la Casamance une exception. Le grenier du Sénégal mais aussi l’une de ses régions les plus pauvres. Près de 75 % de ses habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale. Ici, chaque jour elles sauveront des vies et rendront plus encourageants les chiffres de la mortalité infantile dans notre pays. Au pire de leur sacrifice elles poseront peut-être le pied sur une mine oubliée. Ce qui n’est pas prêt d’arriver à un inspecteur des impôts, ni à nos hommes politiques de tous bords, et ce, malgré les bâtons qu’ils se mettent dans les roues !

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Oumou Wane

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