Le gotha politique a son nouvel héros. Il fait paniquer un pouvoir frileux à la critique et maladroit face à l’adversité. Le meilleur moyen pour lui qu’il a trouvé est d’intimider ou d’envoyer en prison ses opposants s’il ne les suspend pas de leurs fonctions. Le temps d’appliquer un couperet définitif.
Le nouvel héros sorti des entrailles d’une administration forgée administrativement par Senghor, bureaucratisée à l’extrême par Diouf avec sa république des administrateurs civils, déstructurée par Wade. ..Mise sous coupole politicienne et népotiste par un Macky qui a tardé à capitaliser en dépit de son parcours exceptionnel du fait des décrets d’un Wade peu vigilant. N’empêche le bonhomme a aussi ses mérites personnels face à des vieux briscards politiques rongés par la révolution et devenus progressivement des contre révolutionnaires. Jamais les lignes de masse n’ont été mises à contribution dans un espace politique « brouillardisé » par un messianisme et un opportunisme érigés en modèle politique.
Ce nouveau héros venu du Blouf dans le Bassire à quelques encablures du croisement Tendieme ou de Kognobon, Kartiack, Tendouck, Mlomp, Thonk Essyl. ..au coeur de la Basse Casamance. Un village réputé dans le Bignona abriter des Saints y compris les ancêtres du nouvel héros. Bien évidemment, ce profil correspond à Ousmane Sonko, inspecteur des impôts et domaines. Autant dire les élites parmi les élites. Il multiplie les « graves déclarations » sur les forfaitures fiscales de nos plus hautes institutions républicaines et autres lobbies familiaux qui ceinturent notre Etat.
En réalité, les vrais héros de ce pays, ce n’est pas Ousmane Sonko qui est sans doute le plus visible et politiquement le plus téméraire. Les vrais héros, ce sont ces milliers de fonctionnaires tapis au plus haut sommet de l’Etat qui fournissent sous des modalités plus discrètes des informations de premier plan aux patriotes de ce pays. Mise à part la manipulation de dévolution institutionnelle senghoriennne, Wade n’aurait sans doute jamais pris le pouvoir s’il n’était pas si bien renseigné. Ainsi que Macky. Les partis politiques, chercheurs et autres acteurs nationaux n’auraient jamais eu une vraie lisibilité de leurs analyses et postures s’ils n’étaient pas renseignés. Pourtant, ces fonctionnaires dans leur écrasante majorité font bien la différence entre droit de réserve et droit à l’information.
La réalité est que notre administration a toujours regroupé des patriotes hors pairs qui travaillent dans le secret de leur conscience à consolider et à défendre ce Sénégal qui leur est si cher. Le système est certes corrompu sous plusieurs rapports. Mais la majorité sociologique reste encore rivée sur la défense fondamentale des intérêts de l’Etat. Sans partis – pris. Ainsi il existe des Sonko plus redoutables au coeur du système étatique. Ils sont des milliers de fonctionnaires qui sont inquiéts par les tendances d’un pays qui se ruent vers une catastrophe certaine. Suspendre ou licencier Sonko ne sera que la goutte d’eau sur une mer agitée. Sans compter le bénéfice politique et les sympathies sociologiques qu’il va engranger.
Et nous y sommes sur le droit de réserve. Réserve pour les impertinents. Réservé pour le régime. La réserve est convoquée lorsqu’elle ne « met jamais en péril les intérêts des minorités politiques corrompues. Le droit de réserve est souvent un droit de légitimation corruptrice. Je ne parle pas des renseignements militaires. En quoi éventrer des milliards dûs par nos dirigents au FISC relève t’il d’un problème déontologique ? Si ce n’est que la déontologie doit s’appliquer aux autres. Cette violence symbolique permanente contre des fonctionnaires qui n’ont pas de leçons patriotiques à recevoir de pouvoir structurellement corrompus. Il y a une telle inversion de valeurs. Une inversion d’une rare violence symbolique qu’elle « tue dans l’oeuf » toute tentative d’assainissement des moeurs politiques. Ce sont plutôt les valeurs prédatrices qui sont encouragées. Une perpétuation d’un modèle étatique néo colonial porté par des classes politiques bureaucratiques, parasitaires qui refusent le nécessaire compromis social de la transparence.
Sonko est un héros dans un contexte où les sénégalais attendent l’étincelle qui les délivrera des ombrageuses pratiques de nos majorités sociologiques corrompues et dégradantes. Avant lui, dans le secret des milliers d’autres fonctionnaires ont toujours défié les droits de réserve. Au nom des droits réservés de la nomenclature pour être dans la prédation permanente. Voilà pourquoi aussi, il faut encourager Sonko. Pour que les bulles soient percées. Pour que l’intérêt national puisse primer sur les logiques individuelles qui ont tant fait mal à notre pays.
ANKN
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