Les éléments qui freinent la croissance et le développement durable de notre pays sont nombreux et divers. Cela dure depuis des décennies et si rien n’est fait le Sénégal ira droit au mur et ne laissera personne derrière.
La plupart des analystes politiques sénégalais estiment que notre pays est une grande démocratie, que notre armée est républicaine et que notre administration publique est professionnelle. Je m’écarte totalement de cette assertion car si cela était vérifié le pays ne serait pas à ce niveau. La déception se lit tous les jours sur presque sur les lèvres de nos compatriotes. Nos piètres résultats économiques, sanitaires et scolaires en sont des preuves; et le pays va mal et nous devons avoir le courage de le dire.
D’après ma lecture de la situation nationale, l’un des plus grands problèmes réside dans l’incapacité de notre chef de l’État à choisir et à former une équipe gouvernementale et de s’entourer de personnes compétentes, vertueuses et dignes de confiances. Les évènements des derniers sur les problèmes fiscaux d’un de ses conseillers sont indignes d’un pays qui se dit démocratique. Si c’était dans un autre pays, cette personne devrait déposer sa lettre de démission.
En plus de cette incapacité, il a aussi développé au fil des ans une défaillance au niveau de la manière dont les structures étatiques sont élaborées, définies et organisées. Pour une meilleure efficacité, une bonne performance et une efficience soutenue de l’action étatique, il aurait suffi simplement de se doter de trois Institutions. Il s’agira ainsi de procéder par regroupement ou même par fusion pour arriver à une meilleure visibilité, à réaliser des économies et à faire une bonne lecture de l’action étatique; ce qui permettra de faire une bonne évaluation, une optimisation sans précédent de nos deniers publics, un meilleur diagnostic des anomalies, des goulots d’étranglement et surtout la mise en place d’une série de recommandations pour améliorer le service public.
D’abord en ce qui concerne l’audit, la vérification et le contrôle de l’action publique, il faut dire que le Sénégal est un des rares pays à se doter de plus de 7 institutions qui font presque toutes le même travail sans que le peuple ne s’y retrouve. Cette confusion institutionnelle a créé une certaine cacophonie étatique qu’il faudra régler si on veut réellement être en mode transparence. Elles sont dans ‘’ l’audit, la vérification et le contrôle’’ de l’action publique. Il va s’en dire que leur travail manque d’efficacité et sont en quête de résultats. Au regard de tous ces scandales, des cas de corruption, de trafic d’influences, de l’immiscion de la famille du Chef de l’Etat dans la gestion du pays, il est clair que le Sénégal une seule et unique institution de de vérification des comptes publics, cela ne serait pas permis.
Notre pays a besoin d’être mieux organisé sur ce plan aussi. En mettant en place l’Institution de Surveillance des Finances Publiques (ISFP), notre pays, non seulement gagnera en économie mais aussi en solidité de son système de contrôle comme c’est le cas en Australie, en Suède, Norvège et autres pays travaillent pour une bonne gestion de leur deniers et où l’argent public est dépensé de manière juste et transparent.
Le BVG va regrouper l’Inspection Générale d’État, l’OFNAC, la Cour des Comptes, l’Agence de Régulation des Marchés Publics, le SENTIF…Cette institution aura comme mission de contrôler, d’audit et de vérifier le management et la gestion financière des organisations publiques et parapubliques et toutes les autres structures qui utilisent les deniers de l’État. Leurs rapports seront directement transmis à la nouvelle institution juridique et judiciaire du pays qui sera créée en même temps: la Cour Supérieure du Sénégal.
Sur ce point, nous savons tous que le Sénégal souffre beaucoup de son système juridique et judiciaire. Seule une bonne organisation et une meilleure orientation des ressources humaines permettront le rétablissement du lien de confiance qui lie ce pouvoir aux justiciables. C’est dans cette dynamique que cette Cour Supérieure regroupera ainsi le conseil constitutionnel, la cour suprême et les organes affiliés au système. Elle aura pour mission d’approuver les lois avant leur entrée en vigueur, de se prononcer sur la marche de l’État de droit et veille à ce que le lien de confiance qui lie l’État aux citoyens soit assuré. En plus d’être le juge des élections et de la constitutionnalité des lois, elle aura un droit de regard sur les engagements financiers du pays car depuis un certain temps le pays s’endette de façon démesurée sans que personne n’en parle (le cas de la Grèce devrait nous servir d’exemple pour s’endetter de façon rationnelle). Pour rendre son travail moderne, simple et efficace le conseil de la magistrature dépendra totalement d’elle car le chef de l’État n’y siégera pas; et le ministre de la justice disparaîtra de l’ossature gouvernementale car toutes les questions juridiques et judiciaires seront maintenant de sa compétence.
Étant donné que le chef de l’État souhaite moderniser son administration il faudra nécessairement mettre en place une institution qui s’occupera effectivement des questions legislatives.
Pour ce faire, nous aurons besoin enfin d’une entité autonome et indépendante qui surveille le travail du gouvernement, qui le conseille et qui donne son avis sur l’amélioration des politiques publiques. Cette nouvelle structure, le Congrès du Sénégal, va regrouper l’AN, le CESE, le HCCT. Comme les autres, le Congrès sera constitué d’hommes et de femmes avec un bon niveau universitaire pour qu’ils soient en mesure d’apprécier le travail de l’Exécutif.
En plus de faire des propositions de lois, les membres du Congrès voteront des lois proposées par le Chef de l’État et son gouvernement après avoir recueilli l’avis de la CS. Ils auront aussi pour mission de conseiller le Président de la République. Le congrès travaillera de façon harmonique et synergique avec la Cour Supérieure.
Les membres seront choisis par suffrages directs et le Président de cette chambre et le vice-président seront les deux candidats qui auront suivis le chef de l’État lors de l’élection présidentielle précédente. Le président du Congrès sera tout naturellement la deuxième personnalité du pays suivi du président de la Cour Supérieure du chef général des armées et de l’Auditeur Général. Ainsi ces 4 quatre fortes personnalités vont rencontrer chaque année le Chef de l’État pour faire l’état de la marche du pays avant de faire un Discours sur la Situation Nationale.
Ce sera un nouveau pacte national pour qu’enfin le pays puisse se mettre au travail.
Il est encore temps de changer de Cap!
Fall Amar
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