De toute la représentation politique, le courant d’opinion incarné par la caste des opposants dits intellectuels est la plus malheureuse, dans la mesure où elle a choisi la démagogie pour nourrir ses ambitions politiques. Ce n’est point un hasard si aujourd’hui, mesurant leur faible capacité de mobilisation, qu’ils se retrouvent encore autour du front Mankoo Wattu Askan wi. Que le temps est cruel pour ces politiciens qui, sachant «usiner» le mal dans une arrogante agressivité, s´arrachent le droit de toujours piétiner la morale et l’éthique politiques. Il ne souffre d’aucun doute, la mauvaise foi qui anime nos opposants.
C’est ce qui est aujourd’hui observé. Quels grands services, cette composante politique peut-elle rendre au Sénégal, si ce n’est polluer encore son espace public. A bien y regarder, la matrice de cette solidarité ici décriée est le refus – bien à tort – de se soumettre à la mission historique du président Macky Sall qui a la charge de conduire la politique de la Nation et de faire respecter au mieux les textes et règlements de ce pays.
Wattu askan wi, un front pervers
Fraîchement constitué, on note déjà dans ce front une fermentation politique passablement utopique et un fantasme pervers qui nous renvoient à une panacée d’obscurs imposteurs dont la seule motivation est de «se vendre comme des savonnettes», en jouant à la séduction et faisant appel aux affects plus qu’à la raison. Après avoir semblé un temps devoir irrémédiablement sombrer dans l’abime, voilà que resurgissent les alliances électorales. Un point qui mérite d’être souligné c’est la controverse au sein même de ce front. Comment est-ce possible que des ennemis jurés d’hier se retrouvent pour la construction d’une majorité alternative ? Même si le corps politique, ici au Sénégal, est soumis aujourd’hui à la logique des alliances électorales de circonstances, on s’interroge évidemment sur la pertinence d’une orientation tactique favorable à une accession au pouvoir de cette coalition dominée par des divergences souterraines. La déconfiture est annoncée. On la sent venir. Nous, Sénégalais, avons plus besoin des acteurs politiques qui s’érigent en serviteurs éclairés de la vérité, des hommes et des femmes de qualité, esprits lucide et fertile, pas du tout revanchards, qui analysent et évaluent de façon pertinente la situation socio politique du pays. Sans conjecture.
Ousmane Sonko, le prince des médias ?
Selon la vieille formule apprise par Gille Achache, tout politique qui maitrise le modèle «dialogique», le modèle «propagandiste» et le modèle «marketing», réussit sa communication. Ces méthodes bien différentes, Ousmane Sonko, ce brillant inspecteur politique «évadé» des impôts, les a réussies.
Intelligent Sonko l’est incontestablement, et tant semble grande son habileté à pénétrer dans l’inconscient collectif, et gageons-en, pour son ambition propre. Mais malheur lui en prit, puisqu’il a manqué de maturité et sagesse politiques. Devant l’épreuve que constitue cette dangereuse et déroutante tache que constitue la politique, il faut noter que la communication de Sonko a été marquée par des maladresses, une incompatibilité profonde. On n’a pas besoin de remuer le bassin des mers pour savoir l’exigence que requiert une profession de foi, surtout pour un inspecteur des impôts à un haut niveau d’information fiscale. L’inconfort de la position de Sonko, envers sa conscience personnelle, l’obligeait à ne pas se constituer en fournisseurs d’information à des clients qui sont en manque d’actualité chaude.
Nous considérons que dans un pouvoir centralisé, les informations sensibles ne doivent être utilisées exclusivement dans la ligne officielle. Certes, le fait de garder un œil critique sur l’appareil d’Etat est plus que nécessaire puisqu’il permet aux citoyens d’assurer en permanence la vigueur du corps politique, mais les logiques conservatrices en matière d’administration sont ce qu’elles sont, c’est-à-dire sacrées. Loin d’obéir à cette règle de conduite, sa balourdise, son zèle, mais surtout son dévouement aveugle à vouloir se singulariser lui ont été fatal. La politique est une femme jalouse, il y a une façon bien charnelle de la séduire. Pour éloquent et charismatique qu’il soit, lui Sonko, et justifiés soient ses arguments, il avait mission de protéger la profession de foi et non de la transgresser. Et la fermeté de la loi, au demeurant impitoyable, s’est abattue sur lui. C’était le prix à payer en s’immolant au jeu des révélations de secrets professionnels.
Le «garrot» de la démocratie
On nous objectera peut-être que la bride laissée sur le cou de Sonko n’est point une épreuve. Certes! Mais il faut reconnaitre que le pêché de Sonko a été d´engager un bras de fer contre la puissance publique. Aucun citoyen, profondément et loyalement attaché à la chose publique, soucieux en plus d’un certain ordre politique et social, ne doit cautionner les déclarations péremptoires et provocatrices de Sonko.
Pour autant, un président de la République qui, au regard des prérogatives et compétences constitutionnelles qui sont siennes, est dans l’obligation de faire respecter son existence constitutionnelle. Ce serait d’ailleurs une grave erreur que le président Sall n’acceptât pas les critiques, lui qui est un démocrate animé d’une compréhension profonde de la tâche complexe, ingrate et épuisante que constitue la marche de l’Etat. Ceci dit, le président Macky Sall n’a nullement inscrit dans son registre d´étouffer ni de réduire les opposants au silence, de menacer leur vie, tout au plus de les laisser languir en prison. Seulement la démocratie est un luxe à préserver. Elle ne doit pas trébucher ni s’écrouler inlassablement ni soumise aux seuls caprices de politiciens exhibitionnistes…
Gallo THIAM
Apr-medina