Le débat télévisé qui a opposé les deux candidats à la présidentielle américaine de novembre prochain, a été intéressant, à plus d’un titre. Cela aura permis aux électeurs américains d’en savoir un peu plus, sur le programme des deux candidats, mais également sur leurs tempéraments.
On a vu une candidate démocrate (Hillary Clinton) posée et sereine, avec une grande maîtrise de ses dossiers ; normal quand on sait qu’elle fut Première Dame (sous l’ère de son époux, Bill Clinton) et Secrétaire d’Etat (sous l’ère de l’actuel président, Barack Obama), sans compter ses compétences professionnelles d’enseignante. Quant à son rival, Donald Trump, il est resté égal à lui-même, taquin, non conformiste voire un peu tatillon et brouillon.
Ce genre de débat permet aux indécis de choisir leur camp, avant l’épreuve finale.
C’est pourquoi, une jeune démocratie comme la nôtre, en aurait grandement besoin. Tenez, au Sénégal, on a souvent l’habitude d’élire un président de la République, sans savoir de quoi est-il capable ou comment se comporterait-il face à certaines épreuves ?
Les sceptiques me diront qu’il faudrait, pour organiser de tels débats, avoir des médias indépendants et des journalistes compétents et rigoureux. Pour les médias, j’estime que nous pourrons en avoir. Quant aux journalistes, ils existent déjà : Mame Less Camara, Oumar Diouf Fall, Ibrahima Ndiaga Sylla, Ibrahima Bakhoum, Mamoudou Ibra Kane, et tant d’autres, seraient en mesure de piloter de telles joutes oratoires. Elles permettraient d’élever le niveau du débat politique et de dépasser la focalisation sur les détails, relatifs à la vie privée des candidats ou plutôt sur ce qu’en disent les rumeurs les plus folles.
Nous savons que l’élection présidentielle est une épreuve sérieuse, qui engage l’avenir de toute une nation. C’est pourquoi, il est important de la prendre au sérieux, en mettant en place des mécanismes susceptibles de révéler aux électeurs, les capacités des candidats en lice et leur vraie nature. Au Sénégal, l’argent reste, malheureusement, le seul critère déterminant pour se faire élire président de la République. Depuis la caution, excessivement élevée, jusqu’à l’opération de vote, où il faut déplacer beaucoup de cars Ndiaga-Ndiaye, en passant par la campagne électorale où les dépenses ne sont ni limitées, encore moins, contrôlée, il n’y a que la fortune qui fait la différence des prétendants au siège présidentiel, assimilé-logiquement-à un trône !
Or, l’avancée d’une démocratie, doit aussi se mesure par l’évolution des mécanismes de sélection des candidats et du vote. Cela nécessiterait, bien entendu, l’existence préalable, d’une législation impersonnelle, ce qui n’est pas encore le cas au Sénégal, où les lois sont souvent élaborées en fonction des intérêts de ceux qui détiennent le pouvoir.
Je suis, cependant d’avis que le premier pas vers une telle posture, serait de se doter d’abord d’une Assemblée nationale, digne de ce nom, où les députés seront désignés par le peuple et pour le peuple et non plus des députés d’X ou d’Y ; d’où l’importance primordiale que requièrent les prochaines législatives de 2017.
Mamadou Bamba NDIAYE
Ancien Porte-parole de la Présidence de la République et
Ancien Ministre des Affaires Religieuses.
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