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Haro Sur La « mangercratie » En Afrique !

Haro Sur La « mangercratie » En Afrique !

A titre illustratif pour notre propos, nous souhaiterions partager, une histoire plus que parlante et qui nous a été rapportée par un de nos amis.

Cet ami, issu d’une grande famille de l’intérieur du Sénégal, a eu à me  dire , qu’après les funérailles de son père, un grand notable politique dans son terroir natal, décédé vers la fin des années 90, sa famille s’était réunie, pour statuer, sur l’héritage matériel et immatériel du  « vieux ». Quand il se fut agi de l’héritage immatériel, notamment des responsabilités politiques qu’a eu à détenir le défunt, au sein du parti au pouvoir à l’époque, la famille avait décidé, que c’était mon ami qui en hériterait ipso facto, parce qu’aîné parmi les garçons et diplômé  de l’enseignement supérieur. Peu importaient qu’il ait grandi à Dakar, en savait très peu sur les réalités locales et ne s’intéressait pas jusque-là,  à la politique. La famille se substituerait à lui en cas de besoin, l’essentiel étant, que ces responsabilités restent  « propriété » de la famille. Mon ami sous la pression, a accepté  d’assumer, mais avec une condition posée par lui à la famille et qui était la   suivante : « Supposez » leur avait-il dit, « qu’après m’être engagé à fond dans la politique pendant un bon moment, je sois nommé Ministre de la Santé. Et que l’Etat mette à ma disposition un budget, qui ne me permettrait de construire, qu’un seul et unique poste de santé, pour l’ensemble du territoire national. Egalement, ç’aurait été à moi, en tant que ministre, de faire le choix objectif  de la localité d’implantation du centre, en fonction de paramètres, liés à l’urgence selon les localités et aux moyens limités de l’Etat. Sous la contrainte de ces paramètres, je choisis une localité du Sénégal qui n’est pas la nôtre. Quel sera votre réaction vis-à-vis de moi à ce moment-là ? » Sa famille lui  aurait alors, fait  comprendre , qu’elle le lâcherait immédiatement, car pour elle, même si c’est au détriment d’autres compatriotes, le bénéfice politique, c’est d’abord et avant tout, pour soi et les siens.

Avec cette histoire de mon ami et de sa famille, il devient aisément compréhensible, que les habitants de certaines localités du Sénégal, aient pu en toute bonne conscience, barrer des routes nationales et y brûler des pneus, parce que tout simplement, un des leurs, membre d’un gouvernement, avait été limogé au cours d’un remaniement ministériel.  Cela  est bien, en parfaite cohérence, avec  la logique dominante dans Notre Imaginaire Collectif en Afrique et qui voudrait, que la Politique ne soit rien d’autre, qu’une activité d’élaboration de l’outil qu’il faut, pour être au bon moment, à la table du partage du gâteau, que serait le Bien Collectif National ou Local. La patrimonialisation de la Chose Publique, en devient ainsi, la Norme plutôt que la Faute, dans la plupart des pays sur Notre Continent.  Avec de telles mentalités, justificatrices,  en tout lieu et en tout temps, de l’injustifiable, à tous les niveaux de nos sociétés actuelles, combinées à des  moyens économiques structurellement faibles, comment voulez-vous que nous puissions entrevoir tant soit peu, le bout du tunnel, qu’est la misère matérielle   collective en expansion continue sur le continent africain ? Nous en avons sans aucun doute, encore pour très longtemps, à moins que !!!??

Nos élites socio-politiques, ne se réveillent enfin et commencent à comprendre et à faire comprendre, que le leadership socio-politique dans un contexte de pauvreté de masse, ne saurait être rien d’ autre, à moins qu’il n’y ait duperie, qu’un sacerdoce lourd à porter et non un moyen de jouissance débridée du Bien Collectif, pour soi et les siens, au détriment des Autres, copropriétaires de ce Bien.

Dakar le 26/09/2016

El Hadj  NGOM  alias Lat Déguène THIARE     

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