Connexions douteuses, voire incestueuses ! Déclarations à l’emporte-pièce, accusations et contre-accusations. Menaces ! Les Sénégalais, qui attendent avec impatience de pouvoir jouir de leur pétrole et de leur gaz, sont plutôt envahis par un flot de discours aussi contradictoires les uns que les autres. Une situation qui n’augure rien de bon. Sinon ne servirait-elle qu’à boucher leur horizon, que ces ressources susmentionnées devraient pourtant rendre plus radieux.
L’exploitation à bon escient du pétrole et du gaz fera, sans aucun doute, du Sénégal, un pays émergent au sens propre du mot. Un pays enviable où il fera bon de vivre. On aura droit à des routes, des autoroutes, des lycées et universités de grandes qualités. Nous allons mettre un terme à la fuite de nos cerveaux et de nos talents. Le Sénégal sera un Eldorado. Rêvons, parce qu’effectivement le rêve est permis.
Malheureusement, le débat actuel plombe nos rêves. Il nous menace et nous inquiète, parce que nous contraignant à penser à cette malédiction de l’or noir, qui a brisé l’envol de certains pays d’Afrique. Que Dieu nous en garde !
Depuis plusieurs mois, nous, de la presse, attendons des accusateurs, qualifiés de lanceurs d’alerte, des preuves, parce qu’ils disent en disposer. Hélas, nous n’avons eu droit qu’à des conférences de presse. Sinon des communiqués truffés d’insinuations et d’accusations sans aucune preuve palpable, devant permettre à l’opinion d’être définitivement éclairée.
Pis, certains font même dans le chantage contre le Chef de l’Etat ! Diantre ! Dans quel pays sommes-nous ? Bon Dieu, dites ce que vous savez pour qu’on en finisse.
D’un autre côté, les tenants du pouvoir ne sont pas non plus exempts de reproche. S’il n’y a pas de quoi fouetter un chat, comme certains d’entre eux le prétendent, qu’ils contraignent alors les responsables de Kosmos Energy, de Timis Corporation et même Franck Timis, à s’exprimer. Parce que toutes nos tentatives de les faire sortir de leur réserve sont restées vaines. Demandes d’interviews croisées ou par e-mail, ont été jetées dans la corbeille.
Dans cette affaire, les accusateurs doivent, certes mettre sur la place publique des preuves, mais ceux du pouvoir ont tout aussi intérêt à faire la lumière, d’autant plus que selon un membre du Forum Civil, Macky Sall était au courant que les contrats signés par Abdoulaye Wade étaient entachés d’irrégularités. Pis, Mame Mbaye Niang qui serait, selon certains, le «porte-parole» de la Première Dame, exige qu’Aliou Sall, à qui il fait porter la responsabilité, à tort ou à raison, de tout ce débat, aille au charbon pour éviter à son grand-frère un «naufrage», au lieu de répondre par le mépris.
Là aussi, l’opinion n’a eu droit, comme réponse, qu’à des attaques des ex-membres de Air Macky pour défendre leur mentor, qui visiblement, encombre le camp présidentiel.
Quid de la presse ? Elle a aussi failli à sa mission. Celle d’investigation pour faire jaillir la lumière et clore définitivement le débat. Hélas, pour l’heure, elle se contente de relayer des déclarations des deux camps. Même si, faudrait-il le reconnaître, nos organes ou la plupart d’entre eux, n’ont pas les moyens de leurs ambitions. Se rendre aux Iles Caïmans, en Chine, aux Etats-Unis pour mener des enquêtes, relève presque d’une chimère pour un organe de presse au Sénégal.
Abdoulaye THIAM