La clairvoyance est aussi sénégalaise… C’est sidérant et honteux de voir comment nos dirigeants se foutent de leurs compatriotes. Je peux bien comprendre que tout un chacun veuille réussir dans la vie et occuper une place enviable dans la société qui l’a vu naître ; mais ce que je ne peux toujours pas accepter, c’est que l’on veuille réussir de la sorte en misant sur l’échec des autres, à forte raison sur l’échec de tout un peuple. Il est aussi des faits qui me broient le cœur et les neurones à chaque fois que j’analyse la démarche de nos politiques : ce sont leur manque de respect envers le peuple, leur manque d’engagement et d’honnêteté, leur amateurisme, leur manque de lucidité et d’impartialité mais et surtout leur refus catégorique d’appartenir à l’histoire des grands Hommes qui ont façonné la face du monde.
Lorsqu’on est le Président de tout un peuple, tout acte que l’on est appelé à poser, doit rigoureusement aller dans le sens des intérêts supérieurs de la nation dont on préside la destiné. Mais pour cela il faut bien se sentir bien dans sa peau, aimer son prochain et son peuple dans son intégralité mais surtout être clairvoyant et déterminé à servir son peuple et non s’en servir. Comment espérer diriger un pays dans le mensonge, le favoritisme, l’incompétence, les promesses politiciennes, le népotisme, la corruption, l’instrumentalisation de la justice contre les opposants et le musellement des voix sentinelles? Pour répondre à cette question il faut bien s’interroger sur les ambitions initiales de ces hommes qui nous dirigent aujourd’hui et essayer de comprendre pourquoi de tels individus sont devenus endémiques au Sénégal.
Faire de la politique au Sénégal, c’est avant tout pour se prévaloir au dessus des autres citoyens, non par mérite mais par combines, mensonges, affairisme et trafic d’influence. C’est l’une des raisons pour laquelle toute la sphère politique actuelle est minée par des incapables, des pseudo-hommes politiques du dimanche, qui s’invitent dans les médias pour défendre l’indéfendable (à croire qu’ils ont vendu leurs âmes au diable). D’autres par contre s’autoproclament donneurs de leçons avec des contributions minables dans les sites d’informations : leur nouveau terrain politique. Pourtant ils ont mieux à faire. Faisons juste un constant que d’aucuns qualifieront d’anodin mais qui en réalité traduit le vrai engagement d’un homme politique et qui se décline un seul concept : l’implication locale.
Depuis des lustres, ce qu’on observe au Sénégal, c’est le parachutage politique. Des individus qui n’ont aucune base politique, se voient propulser au devant de la scène parce que susceptible de nourrir une clientèle politique et dont la plupart n’a que pour seul mérite une grande gueule. S’y ajoute que toute cette escarcelle ne pense ni à développer leur localité ni à combattre les inégalités sociales que subissent leurs riverains. Cette image du pseudo-politique sénégalais se reflète surtout, sur nos « honorables » (mon oeil) députés et directeurs généraux.
Les premiers (députés) ne comprenant même pas l’enjeu de l’institution qu’ils incarnent, préfèrent troquer leurs devoirs et dignités en prêtant purement et simplement allégeance au Président de la république, une institution dont ils sont sensé contrôler l’action. C’est dire qu’ils ne savent même pas l’importance de la mission que le peuple leurs a confié. Vous me direz que pour pouvoir user de leurs prérogatives, faudrait d’abord qu’ils soient capables de formuler une vision par leur propre initiative et allant dans l’intérêt du peuple. En une vingtaine de législature quels sont les députés qui peuvent se prévaloir de la paternité de ne serait-ce qu’une loi d’intérêt général ? Ils sont tous sous le solde d’une pseudo-majorité présidentielle, qui leur dicte leurs votes. Quand j’attend un Cissé Lo vociférer, comme en son habitude, qu’il fera une proposition de loi au parlement de la CDEAO tendant à supprimer les seconds tours dans les élections présidentielles, je crois halluciner. Faut croire qu’il ne sait pas pourquoi on parle du mouvement M23, ou tout simplement du 23 juin. Mais à celui-ci je dirai « wait and see », vous n’avez pas besoin de hâter votre chute, le déclin sonnera au soir des législatives de 2017 si vous respectez bien sûr le calendrier républicain comme l’exige l’appellation de votre parti Alliance Pour la République APR bien que des menaces de report plane sur nos têtes avec la refonte des listes électorales et une révision du code électoral loin de faire l’unanimité.
S’agissant des autres (directeurs généraux), j’aimerai que l’on me dise en quoi le poste de directeur général de nos sociétés nationales est un poste politique? Dans la marche d’une entreprise, tout ce qui importe c’est la performance de l’équipe dirigeante et non son affiliation politique. D’ailleurs c’est ce qui explique notre retard dans plusieurs domaines, parce qu’au lieu de recruter des personnes compétentes à la hauteur de la tâche et sur la seule base de leurs CVs, les ministres, députés et conseillers proposent leurs amis au Président. Qui sans s’en frotter les mains les nomme pour ensuite brandir au dessus de leurs têtes une menace de limogeage à chaque fois qu’il verra ses intérêts ou ceux de ses amis en péril.
Il m’arrive de vouloir renier ma sénégalité, mais c’est plus fort que moi, je pense, je respire, je mange et je rêve SENEGAL. Cette situation a trop peu duré.
Est-ce que nous allons juste croiser les bras et laisser faire?
Qui sont les vrais tenant du pourvoir souverain si ce n’est le peuple qui élise et sanctionne qui il veut ?
Mais bon sang, qu’attend ce peuple pour se choisir de bons et loyaux serviteurs à la place de cette classe politique pourrie jusqu’à la moelle ; et puis n’ayons pas la mémoire courte. Quand Macky Sall alors président de l’assemblée nationale, a voulu scruté la gestion de l’OCI par Karim Wade, tout le peuple sénégalais l’avait soutenu contre les invectives du régime d’Abdoulaye Wade. Aujourd’hui qu’il est question de son frère et de sa famille, il use des mêmes procédés que son prédécesseur pour limoger et condamner tout azimut des hommes et femmes de valeurs dont le seul crime est de vouloir sauvegarder leur liberté de penser et leur dignité.
Pendant ce temps, le Président Sall théorise la transhumance politique en faveur de ceux là même que 65% des sénégalais avaient sanctionné la politique. Sur plus d’une vingtaine de dossiers sur la table de la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite CREI, un seul a abouti à un jugement et d’ailleurs l’auteur des faits reconnus a été gracié par ce même Président qui promouvait l’état de droit. Voilà un vendu de la première heure, parce qu’il préfère s’accommoder d’un genre de politiciens vomis et honnis par le peuple et d’une classe de pseudo-chefs religieux dont le pouvoir mystique qu’on leur prête n’est que charlatanisme et à la limite ne sont que des gourous (celui aux 5 millions de disciples et autres marchands de sommeil).
Comment un Président peut-il enrichir des investisseurs étrangers au détriment des acteurs du secteur privé national ? Et après il espère nous convaincre du bien fondé de son slogan enchanteur « la patrie avant le parti ». Je le dis ici et maintenant Macky Sall est un vendu de la pire espèce. Mais ce comportement ne me surprend guère de lui. Moi qui avais été séduit par sa maîtrise des dossiers alors qu’ils étaient premier ministre et par son discours au Radisson au soir du 1er tour de la présidentielle de 2012 (bien que n’ayant pas voté pour lui). Malgré tout cela, Macky ne m’a jamais inspiré confiance ; d’autant plus que ce fut le premier à trahir le consensus entre les candidats s’opposant à Wade (consensus sur la lecture d’un communiqué et d’assiéger la place de l’indépendance). On ne pouvait pas attendre plus de quelqu’un ayant cheminé avec Wade pendant 9 ans sur les douze que dura son règne. Certains disaient d’ailleurs de Wade qu’il était mal entouré mais ma conviction personne est qu’il était le parrain d’une mafia maquillée aux couleurs d’un certain libéralisme et dont Macky est devenu l’héritier sprituel.
Il ne pouvait pas y être autrement, surtout lorsqu’on est entouré de cancres, voleurs et à la merci de puissants lobbies. Et pendant ce temps, nos vénérés chefs religieux, que l’on présente comme des régulateurs de la société ne pipent mot, croire qu’ils ont eu peur d’être ramené à leur statut de simple citoyens. Voilà une autre couche de la société qui trimballe aujourd’hui encore les tares de la société sénégalaise. Ils sont tous sous le charme d’un pseudo-dictateur qui les sucre à volonté, achetant ainsi leur conscience et faisant d’eux des complices et collaborateurs, tous impliqués dans la gestion malsaine des affaires du Sénégal. Eux aussi sont des vendus, ils privilégient leurs intérêts et ceux de leurs familles et veulent coute que coute garder les privilèges que leur octroie leur patronyme.
On nous parle de classe maraboutique, de regroupement de jeunes marabouts ; de jeunes valides, bien portants et sans doute bien formés pour la plupart mais qui refusent de travailler et de servir leur pays. Ils passent leur temps à faire chanter les hommes politiques impies et réclament des dus que ni la loi divine, ni constitution encore moins les lois organiques ne prévoient. Ils essaient de nous convaincre que l’agrément d’Allah SWT s’acquière par le sang et que, ce qu’ont acquis leurs ancêtres (les nôtres également, parce que faisant partis de notre patrimoine national) les absout de tout devoir citoyen. Des hommes de Dieu comme on les appelle mais qui ne sont même pas capables d’avoir un consensus pour jeuner et fêter la Korité dans l’unité. Cette frange de la société doit également faire son autocritique. C’est sans oublier ces escrocs marabouts « door kati marto » qui circulent en toute impunité dans les cités religieuses et dont les mérites sont loués par les « mbalakh men » et cautionnés par les patriarches des familles religieuses dont ils se réclament.
Il est temps que la voix de la vérité, de l’éthique et du travail se fasse entendre au Sénégal ; afin que le peuple se réveille et prenne en main sa propre destiné parce qu’une chose est sûr le train de la révolution ne nous attendra pas indéfiniment. Mais en attendant, gardons espoir parce qu’un autre sénégalais est né et que tôt ou tard il vaincra par la vérité 6 décennies de partage de gâteau et de confiscation de la souveraineté du peuple. Comme disait l’autre : le savoir est arme alors aux armes, citoyens! Cessons de perdre notre temps avec ces « politichiens » à la merci de l’occident et de lobbies occultes ; et dont les intérêts sont autres que l’émancipation du peuple sénégalais. Fondons nous notre propre opinion sur l’avenir que nous souhaitons pour notre patrie et faisons le savoir. Battons nous pour que nos rêves d’un Sénégal de paix, de symbiose, de progrès social et spirituel, de justice, d’égalité des chances et de prospérité deviennent une réalité.
En attendant patientons ensemble, car c’est demain le réveil. Demain qu’un digne fils du Sénégal sera aux manettes. Il sera patriote, compétent, croyant et impartial, juste et intègre jusqu’au bout des ongles.
Ibabdallah
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