1. « Dire que l’homme est un composé de force et de faiblesse, de lumière et d’aveuglement, de petitesse et de grandeur, ce n’est pas lui faire son procès, c’est le définir » (Diderot). De notre point de vue, le président Macky Sall serait l’archétype même de cette assertion. Parce que, sur le plan conceptuel sa pratique de la démocratie ou « sallocratie » est bien éloignée, des standards internationaux. D’ailleurs, ce que nous avons pu observer depuis l’année 2012, ne nous rassure guère, mais encore, nous fait craindre, plus de déviance avant le terme de son mandat.
2. Une démocratie saine peut être entendue au sens du Pape Jean-Paul II, pour qui « une démocratie sans valeurs se transforme facilement en un totalitarisme déclaré ou sournois comme le montre l’histoire ». Selon nous, lorsqu’une personne censée être protectrice, en veillant ou faire veiller à l’application d’un système ou, d’un état auquel, elle n’adhère pas pleinement, ou rejette par sa manière d’agir, ladite situation risque de prospérer difficilement. Entre autres, par ses revirements, dédits, partialités, menaces, et rétractations, Macky Sall a prouvé, depuis qu’il est aux affaires qu’il n’avait pas de foi politique, ou de valeurs réellement incarnées, pour préserver et pérenniser, notre démocratie. De plus, « la fidélité à ses convictions est nécessaire à la démocratie » (Jean-Pierre Chevènement), cette absence remarquée d’une telle qualité ou d’un tel caractère, chez lui, nous rend de plus sceptique.
3. Contrairement, à ce que nous pouvons entendre, ou lire quelque fois, il n’y a aucune exagération ou, sévérité dans ce que nous devons attendre de Macky Sall. Il avait promis l’exemplarité et acquis notre vote, c’est pourquoi, nous sommes légitimement fondés d’être exigeants avec lui. Pour que notre confiance soit au pinacle et, que le pacte implicitement signé avec la majorité du peuple, soit respecté. Donc, si nous remarquons, ou constatons que son comportement ou, attitude est contraire au respect du code éthique qu’il promettait, nous pouvons et, devons lui manifester notre répugnance. A moins que tout ceci, ne soit sous-tendu, que par le constat de Franz-Oliver Giesbert, selon lequel « plus l’espérance est grande, plus la déception est violente », d’où une certaine intransigeance du peuple.
4. En reniant ce qu’il défendait ou, ce qu’il pourfendait naguère, lorsqu’il était dans l’opposition, avec amertume, nous constatons, le président de la République actuel n’est que le clone de celui que nous avions élu en 2012. Etant donné que, le candidat et opposant Macky Sall, avait une vision et, des croyances qu’il avait su, nous faire partager et, nous faire approprier. En nous promettant « la Patrie avant le Parti », ou « un gouvernement sobre et vertueux », ou encore, en condamnant de la façon la plus nette, la transhumance politique. Sans justifier notre choix de vote, pourquoi ne serions-nous pas séduits par de telles déclarations ou intentions, surtout après ce que nous avions connu ou, vécu sous le magistère de l’ancien président Abdoulaye Wade, même si nous sommes bernés depuis.
5. Que dire du relèvement de fonction de Nafy Ngom Keita, de l’OFNAC. Affaire qui tendrait à confirmer, que de vrais patriotes/travailleurs ne peuvent coopérer en toute franchise et, sérénité avec des décideurs bluffeurs et insincères. Et d’autre part, elle révèle, qu’avec le Chef de l’Etat, les règles ne s’appliquent pas à lui, ni à son entourage proche, mais aux autres. Et la radiation d’Oumane Sonko, sur un fondement fallacieux et, au mépris de toutes les règles légales, en est la patente illustration. De plus, l’implication ou la citation du nom de son frère Alioune Sall (à tort ou à raison), dans des actes ou, des transactions liées au pétrole ou au Gaz, ou plus généralement à l’exploitation des ressources du pays, tend à rendre suspicieuse une gestion vertueuse de l’Etat.
6. Sans revenir, sur l’organisation de la marche du 14 octobre 2016 et des nombreux incidents relevés, nous faisons remarquer, à l’exécutif, les tentatives de remise en question du droit de marche ou, de manifester par des restrictions ou limitations de parcours ne participent qu’à l’affaiblissement de la démocratie. De plus, elles ne créent que des troubles qui n’honorent nullement, un Etat de droit, et in fine, ne profitent à aucune des parties en présence. La sérénité doit prévaloir entre le pouvoir et l’opposition, étant donné qu’un « adversaire politique n’est pas un ennemi ; c’est un partenaire du débat démocratique » (Ségolène Royal).
7. Nous voudrions souligner en pré-conclusion, que pour l’élection des députés, de la Diaspora, il semblerait que, le gouvernement opterait pour une division de la surface du monde en cinq départements électoraux, tout comme, il compterait affecter, deux députés à chaque département. La départementalisation du monde en cinq zones, si elle respecte la configuration actuellement connue des continents, participe selon nous, d’une certaine logique et permet, plus facilement une localisation spatiale des territoires d’élection des députés de la Diaspora. Toutefois, nous faisons remarquer au président Macky Sall, et, à son gouvernement, notre profonde divergence, sur certains points du projet. Car, tel qu’il est présentement écrit, pour être soumis en discussion à l’Assemblée Nationale, l’avant-projet du texte est non seulement incompréhensible, mais insatisfaisant, même s’il n’est pas encore définitivement validé par le Chef de l’exécutif.
8. Si le département de Dakar a plus de députés, que le département de Mbacké, par exemple, nous pouvons légitimement penser qu’au moins le nombre d’électeurs inscrits sur les listes électorales, ou à défaut le nombre d’habitants dans ces localités, et l’étendue des surfaces départementales font partis des critères retenus, dans la détermination ou, dans l’attribution du nombre de sièges de députés. Dans cas, comment peut-on vouloir uniformiser, les zones continentales d’implantation des populations de la Diaspora, en attribuant très arbitrairement à chacune d’elle deux députés. Sans tenir compte de leur densité d’établissement sur ces zones de références. Faut-il le rappeler, la concentration de la Diaspora sénégalaise, sur le continent africain n’est pas la même, que sur le continent asiatique ou, sur aucun autre d’ailleurs. Donc, décider que la zone Asie aura le même nombre de députés que celle de l’Afrique, ne repose sur aucune matérialité tangible.
9. Aussi, rien ne nous parait, objectivement, justifier une augmentation du nombre de députés à l’Assemble Nationale, pour vouloir les faire passer de 150 à 160, ou à un autre chiffre. Pour cela, nous exprimons encore, notre profonde opposition à toute augmentation de la représentation populaire. Comme nous l’avions précédemment souligné dans un article, les 150 députés, que compte l’hémicycle, sont largement suffisants pour une population estimée à moins de 15 000 000 d’habitants, et surtout avec des finances de l’Etat plus que catastrophiques. Toutefois, après avoir décidé, que le nombre de membres du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT), était de 150, nous allons forcément vers une représentation nationale supérieure, à celle de cette dernière institution de la République. Entité intitule et, budgétivore, avec des pouvoirs très limités, voire très en deçà de ceux de l’ancienne Chambre Haute du parlement (le Sénat).
10. Pour conclure, il convient de rappeler, élu par défaut, le président Macky Sall devait pourtant adopter, au regard des circonstances de son élection, une pratique du pouvoir aux antipodes de son prédécesseur immédiat. Hélas, sans revenir sur les raisons qui ont contribué à son élection, nous constatons, que les vicissitudes, sans doute, de l’exercice du pouvoir étatique en particulier en Afrique, inscrivent leurs détenteurs dans une cécité et surdité, mais aussi, les abêtissent. A notre grand désespoir, il est affecté comme beaucoup de Chefs d’Etat, par ce syndrome.
11. Même, si son incompétence bien avérée n’est plus discutable, ni discutée, nous l’avons démocratiquement porté à la tête de l’Etat. Donc, si nul ne peut contester son élection, nous pouvons néanmoins lui demander, pour le reste de sa mandature, avec toute la solennité qui sied en pareille circonstance, au moins de veiller ou de faire veiller, notamment, sur la paix sociale, sur la cohésion nationale, et sur la préservation et le respect des libertés publiques. Tout comme, en nous épargnant d’éventuelle convulsion prendre soin, de l’éthique, de l’Etat de droit, de la stabilité de la démocratie, ou encore, de l’équité et de l’égalité entre les citoyens.
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12. Et enfin, les dérives « sallocratiques » du président de la République ne peuvent aucunement être acceptées et, doivent trouver une opposition politique résolue à les dénoncer et, à les combattre. C’est pourquoi, pour l’histoire les démocrates et les républicains ne peuvent continuer d’être aphones (volontairement ou involontairement). Pour être par inactions, complices des atteintes portées à l’Etat de droit et à la démocratie, et accepter, ce que nous avons conceptualisé sous le vocable de « sallocratie ».
Daouda NDIAYE
Juriste/Analyste politique
* Article dédié à Ndèye Marième AW