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Hcct : Du Profil Des Haut-conseillers Nommés Par Le Président Macky Sall

Hcct : Du Profil Des Haut-conseillers Nommés Par Le Président Macky Sall

Alea jacta est ! Le sort en est je­té ! Ce que d’aucuns considéraient comme un secret de Polichinelle vient d’être éventé. Par décret n° 2016-1641 portant nomination du président du Haut Conseil des collectivités territoriales (Hcct), le Président Macky Sall a mis sur orbite Monsieur Ousmane Tanor Dieng à la tête de la dernière-née des institutions de la République. Dans la foulée, le chef de l’Etat a dressé la liste des 70 haut-con­seil­lers «désignés pour leur compétence» et qui devraient compléter les 80 autres élus au suffrage universel indirect le 4 septembre dernier. Voilà donc le strapontin qui a valu au Premier secrétaire du Parti Socialiste de mettre en gage le parti plus que cinquantenaire que les Léopold Sedar Senghor, Lamine Guèye, Mamadou Dia ou Valdiodio Ndiaye ont porté sur les fonts baptismaux et qui a conduit le Sénégal à l’indépendance.

C’est ce parti qui, par la suite, a gouverné le Sénégal pendant quarante (40) ans, de 1960 à 2000, qui en est réduit aujourd’hui à être remorqué par l’Apr, née seulement en 2008, et à se transformer en mouvement de soutien à la réélection du Président Macky Sall à l’élection présidentielle de 2019. Quitte à ostraciser et à sacrifier l’avenir de ce parti incarné par des jeunes loups aux dents longues comme Barthélemy Dias, Malick Noël Seck, Bamba Fall ou Babacar Diop dont le seul «tort» est d’avoir une confiance inébranlable dans la capacité du Parti so­cialiste à reconquérir le pouvoir et non à s’arrimer à un autre parti politique. Les pères fondateurs du Parti socialiste doivent aujourd’hui se retourner péniblement dans leurs tombes.

Le compagnonnage entre l’Al­liance pour la République (Apr) de Macky Sall et le Parti socialiste (Ps) de Ousmane Tanor Dieng au sein de la coalition au pouvoir n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Des coups, souvent au-dessous de la ceinture, ont été souventes fois échangés entre Socialistes du Ps et Libéraux de l’Apr dans cette alliance contre-nature de Benno bokk yaakaar.

Avant la Présidentielle de 2012, Ousmane Tanor Dieng du Ps était déjà de «ceux qui faisaient leur ci­néma à Dakar» (Macky Sall dixit), en se réunissant tous les jours à la place de l’Obélisque pour contester la «candidature anticonstitutionnelle» de Abdoulaye Wade et traiter Macky Sall de «traitre du M23» ou de «Plan B de Wade».

Ousmane Tanor Dieng, candidat de la coalition Bennoo ak Tanor, mécontent du cavalier seul du candidat Macky Sall qui les avait plantés à la place de l’Obélisque pour aller battre campagne à l’intérieur du pays, s’en était pris avec une rare virulence au chef de file et candidat de la coalition «Macky 2012» : «L’unité ne se proclame pas, elle ne se clame pas, elle ne se déclame pas. Elle se pratique, et il faut être là où ça se vit.»

Tout au long de leur flirt au sein du pouvoir, les vieux démons de la méfiance et de l’adversité ont resurgi entre alliés de circonstance. Les responsables de la coalition «Macky 2012» ont, les premiers, tiré les salves meurtrières en direction de la Maison du Parti Socialiste, en leur demandant d’ «assumer leur incohérence et leur ingratitude vis-à-vis du Président Macky Sall qui leur a tout donné, d’en tirer les conséquences et de quitter immédiatement le gouvernement». Tout en rappelant que «de tous les alliés du président de la République, seul le président Moustapha Niasse a eu le courage et l’honnêteté politique de clarifier sa position».

Le Comité des intellectuels républicains pour le suivi des engagements du président et la massification (Cirsem) pense que «le Ps doit assumer ses responsabilités le plus rapidement possible en quittant Benno bokk yaakaar mettant ainsi à l’aise tout le monde».

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Génération sentinelle pour la République (Gspr) invite de son côté, les Socialistes à «assumer ensemble» après avoir fait dans le «gagner ensemble, gouverner ensemble».

Jeunes Boucliers de la République (Jbr) n’est pas en reste : «Le Ps est un faux allié dont il faut se départir absolument et tout de suite parce que c’est un parti qui ne joue pas franc jeu. Il n’est pas question de nourrir nos futurs ennemis.»

Moustapha Cissé Lô, qui fait partie des tout premiers à ne pas bien sentir les Socialistes dans la mouvance présidentielle, a toujours averti le président de la République avec qui il est à tu et à toi : «Celui qui ne rate jamais l’occasion de te dénigrer et d’annoncer qu’il sera candidat contre toi en 2017, celui-là n’est pas un allié sûr ; le Ps n’est pas un allié sûr.» Aussi, n’a-t-il eu de cesse de rabâcher que «le Président Macky Sall gagnerait très tôt à libérer les Socialistes».

Me Djibril War, pour sa part, a fait des révélations de taille : «Ousmane Tanor Dieng a négocié les postes de Directeur de campagne de Macky Sall pour lui-même, et celui de Premier ministre pour Khalifa Sall.» Des allégations aussitôt démenties par les Socialistes. Les échanges ont été vifs et ça a volé très bas. Alors que Mame Bounama Sall, secrétaire général des Jeunesses Socialistes, parle d’une «entreprise mensongère», en faisant comprendre que «Ousmane Tanor Dieng n’est pas un homme de deal», Abdoulaye Wilane, porte-parole du Ps, pète un câble : «Djibril War est connu pour ses sinistres sorties (…) ces propos sont choquants et dégoûtants, c’est du mensonge, une construction grotesque sous forme d’affabulations scandaleuses.»

Amadou Mbéry Sylla, président du Conseil départemental de Louga, de faire remarquer que «les Socialistes doivent se taire et savoir que c’est Macky Sall qui les a ressuscités».

Mimi Touré y est allée de ses dé­clarations à l’emporte-piè­ce : «Le­ Ps veut, dans 24 mois, fai­re tomber le Président Macky Sall.» La réponse ne s’est pas fait attendre, du côté des Socialistes. L’ancien Premier ministre est comparé à Marine Le Pen, grande égérie du Front National en France, un parti d’extrême droite, de triste réputation.

Pour en revenir aux 70 haut-conseillers veinards choisis par le Président Macky Sall, il y en a des têtes très connues du microcosme politique sénégalais, et sur lesquelles on peut avancer des commentaires permettant aux Sénégalais de se faire une idée plus exacte de ces personnalités afin de (sa)voir si ces dernières ont le profil de l’emploi ou si il y a erreur de casting.

Certes, dans la désignation des 70 haut-conseillers, le Président Macky Sall a essayé de respecter un certain nombre d’équilibres liés à la représentation régionale, à l’appartenance confessionnelle, à l’approche genre, à la diversité des catégories socio-professionnelles et à la présence des couches vulnérables comme les handicapés représentés par Yatma Fall. Qu’à cela ne tienne, le déterminant politique voire politicien, est prépondérant. Le Hcct est truffé de politiciens pur jus en lieu et place de techniciens et spécialistes de la décentralisation et de la gouvernance locale, comme l’a fait remarquer Moundiaye Cissé de l’Ong 3D. Les mauvaises langues parlent aussi, par doux euphémisme, de communautarisme pour ne pas dire d’ethnicisme dans la nomination des 70 haut-conseillers.

Cela dit, Souty Touré et Aliou Sow, anciens ministres en charge des collectivités territoriales, ont véritablement leur place au Hcct. Le seul bémol est à relever dans les réactions du leader du Parti Mpd/Ligeey recueillies par la presse. Refusant une quelconque corrélation entre sa nomination au Hcct et son désistement au poste de député qui devait lui échoir suite à la démission de Me Ousmane Ngom et au geste de grand seigneur de Mamour Cissé, Aliou Sow s’est engagé dans des développements alambiqués, oiseux et inutiles. Toujours vindicatif, Aliou Sow s’est employé à marteler que pour ce fameux poste de député snobé par les uns et convoité par les autres, il n’en avait rien à cirer mais avait à cœur d’en découdre et de ferrailler avec les gens du Pds pour leur montrer qu’il est un dur à cuir et que ses ex-ses frères libéraux ne l’impressionnent pas. Il a poursuivi, en disant que ce n’est qu’une fois qu’il a constaté que ses vis-à-vis se sont calmés et se sont tus, qu’il a décidé d’arrêter le combat. Brrr ! On en tremble de peur à l’idée que les jeunes responsables politiques qui constituent l’avenir du pays et qui pourraient avoir les destinées du Sénégal entre leurs mains raisonnent de la sorte et en arrivent à avoir des réactions épidermiques, à privilégier les problèmes de personnes et à utiliser leurs postes ou prérogatives publics pour solder des comptes crypto-personnels. Surtout que Monsieur Aliou Sow se prend très au sérieux quant à son ambition d’occuper un jour les plus hautes fonctions de l’Etat. En effet, Aliou Sow annonce déjà la couleur en prévenant que le jour où il sera élu président de la République, il abrogera l’article 80 du Code pénal.

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Outre ces deux ex-ministres et spécialistes des questions de décentralisation, Souty Touré et Aliou Sow, qui de par leur expertise en la matière, devraient apporter une plus-value au travail du Hcct, la nomination de beaucoup d’autres haut-conseillers par le Président Macky Sall obéit à des impératifs purement politiciens et confirme encore une fois que cette institution inutile et budgétivore a été créée pour caser une clientèle politique non-encore servie avec le gâteau du pouvoir, et récompenser en particulier un Ousmane Tanor Dieng qui a vendu le Parti socialiste pour un maroquin qui le rend moins ridicule dans l’architecture institutionnelle face à son ennemi de toujours : Moustapha Niasse.

La nomination de Ousmane Badiane, de la Ligue Démocratique (Ld) semble être une réponse aux récents mouvements d’humeur des Jallarbistes qui se plaignaient ouvertement de la boulimie et de la volonté d’accaparement de l’Apr, qui ne laisse même pas des miettes à ses alliés dans Benno bokk yaakaar, en cas de partage ou de distribution de prébendes.

Le poste d’administrateur de l’Apr étant de loin très insuffisant pour rassasier Maël Thiam et lui octroyer un poste plus revalorisant, le Président Macky Sall lui a refilé ce fromage plus onctueux et plus consistant, ne serait-ce que pour le récompenser pour sa loyauté et son statut d’inconditionnel.

Eu égard à la place qu’occupe l’Education dans l’ordre des priorités du Gouvernement, le Président Macky Sall devrait être très gêné d’apprendre que Aliou Dia, maire de Mbeuleukhé, est présentement éclaboussé par un scandale dans sa localité car pris en grippe par ses administrateurs qui l’accusent de vouloir transformer des salles de classe de l’école de sa commune en cantines commerciales.

Madame Lala Aïcha Fall, présidente de la Coalition des Femmes Mackystes pour l’Emergence (Co­fem) est enfin récompensée pour son engagement constant à défendre Macky Sall, ce qui met fin à sa grande frustration, à l’instar de tant d’autres comme elle, de voir jusque-là adoubés des imposteurs qui n’ont pas mouillé le maillot dans la lutte pour la conquête du pouvoir. Qui plus est, ces opportunistes sont souvent des transhumants qui, avant le 25 mars 2012, ont combattu férocement Macky Sall qui n’aurait jamais dû être le quatrième président de la République s’il ne tenait qu’à eux.

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Cela commençait à faire désordre que, quatre années après l’élection du Président Macky Sall, son ancien patron à And Jëf Pads, Landing Savané, ne fut pas appelé à table et servi à la soupe du pouvoir. Un autre apparatchik de Benno bokk yaakaar, Massène Niang du Msu, voit enfin le bout du tunnel là où un Moustapha Fall «Che», nommé depuis belle lurette Pca de la Sn Hlm ou un El Hadji Momar Samb nommé au Conseil économique, social et environnemental (Cese) ont déjà reçu leurs sucettes.

Baïdy Sèye, maire de Ndiarème Limamoulaye, transfuge du Pds puis de Ldr/Yeessal de Modou Diagne Fada, un parti né il y a seulement cinq mois, et qui n’a même pas encore obtenu son récépissé, a bien rentabilisé sa transhumance vers les prairies marron-beige. Une belle prime à la traitrise.

Me Ousmane Sèye, avocat de l’Etat du Sénégal dans l’affaire dite des chantiers de Thiès, et qui en connaît un rayon sur le fameux «Protocole de Rebeuss», amasse aujourd’hui les gains de son rapprochement avec le Président Macky Sall.

L’ex-coco Maguette Thiam, vient d’être recyclé après qu’il a quitté le poste de Secrétaire général du Parti de l’Indépendance et du Travail (Pit) et qu’il ne faisait plus rien car ayant déjà pris sa retraite comme professeur à l’Ucad.

Mais, la nomination la plus curieuse est celle du maire de Ouakam, Samba Bathily Diallo, qui a marqué son grand étonnement pour l’avoir apprise par la presse, en même temps que tous les Sénégalais. Le pauvre édile du village Lebou qui, jusqu’à vendredi dernier, n’avait pas encore confirmé son acceptation de cette nomination, n’a pas bénéficié du même privilège qu’un autre haut-conseiller comme lui, le docteur Aliou Sow, qui a eu l’honneur d’être appelé au téléphone par le Président Macky Sall himself. Vous avez dit deux poids, deux mesures ? Ça commence à bien faire.

Maintenant que la liste des 70 haut-conseillers nommés par le Président Macky Sall vient d’être rendue publique, il apparaît clairement que l’info faisant état de la désignation par le Président Abdoulaye Wade de quelques responsables du Pds pour siéger au Hcct n’était que pure intox.

En tout état de cause, pas mal de haut-conseillers nommés par le Président Macky Sall, prêtent le flanc en ce qu’ils traînent beaucoup de casseroles et n’ont pas le profil de l’emploi. En plus, leur expertise dans les questions liées à la gouvernance locale et au processus de décentralisation laisse beaucoup à désirer, faisant qu’ils occupent donc des sinécures car grassement payés aux frais de la princesse pour un travail qu’ils ne maîtrisent pas et pour lequel les résultats attendus sont improbables.

En attendant maintenant que cette nouvelle institution -une de plus, devrait-on dire- trouve un pied-à-terre qui va lui servir de siège permanent, le Hcct va, pour son installation officielle en session inaugurale, le 31 octobre 2016 à 10 heures, squatter le Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio. Histoire de dépoussiérer un peu et de donner vie à un écrin bâti à coups de plusieurs dizaines de milliards de nos pauvres francs, pour n’abriter que 2 à 3 évènements au maximum par an, sans compter les frais d’entretien qui coûtent les yeux de la tête. C’est ça aussi le Sénégal émergent.

 

Pape SAMB

papeaasamb@gmail.com

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