Il est une anomalie de notre monde moderne que je ne parviens toujours pas à comprendre. Une anomalie dont mes amies féministes pourraient certainement, je l’espère, me fournir une explication.
Comment se fait-il que, dans notre contexte actuel où l’égalité de genre est devenue une cause universelle consacrée par les instances politiques et institutionnelles les plus élevées du monde. Dans ce monde où toute discrimination ou différenciation basée sur le sexe devient presque un crime. Où les femmes revendiquent et conquièrent tous les jours de nouveaux domaines auparavant réservés aux hommes. Un monde où les logiques de non mixité sexuelle et de différenciation, défendues par des religions comme l’Islam (séparation dans les mosquées, les piscines etc.) sont de plus en plus tenues comme rétrogrades et contraires à la modernité ou à la laïcité.
Comment se fait-il donc que dans un tel monde nul ne songe à remettre en cause la séparation entre hommes et femmes en cours dans les compétitions sportives ?
Il doit certainement y avoir quelque chose qui m’échappe.
Mais je ne comprends toujours pas pourquoi les instances sportives internationales persistent encore à organiser, par exemple, une course de 100m exclusivement réservée aux hommes et une autre pour les femmes. Pourquoi il existe deux types de classements pour les tennismen et les tenniswomen, deux Rolland Garros, deux coupes du monde, deux équipes nationales de basket ou de volley-ball, deux types de CAN, des équipes masculines et féminines dans tous les domaines sportifs. Cela dans tous les pays, même ceux estimés les plus avancés dans les droits humains et l’ « égalité de genre ».
Puisque, selon les dispositions de notre Constitution (préférées par nos féministes), la République du Sénégal « proclame le rejet et l’élimination, sous toutes leurs formes de l’injustice, des inégalités et des discriminations » tout en «assurant l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion ». Puisque, c’est sur la base de cet esprit des lois que la fameuse loi sur la parité fut promulguée, que nos soeurs furent massivement intégrées dans l’armée et la gendarmerie (munies de matraques, LOL;-) ou sont devenues des « sisters taxi » (MDR). Qu’est-ce qui, sur le strict plan des droits, empêche, par exemple, à une Gazelle de l’équipe féminine de football du Sénégal de postuler pour intégrer l’antre des Gaindé de la Téranga ? Serait-elle habilitée à invoquer le traité de Maputo ou la « Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes du 18 décembre 1979 » pour défendre ses droits citoyens et remettre en cause cette « discrimination » manifeste fondée sur le genre ? Qu’est-ce qui empêche, pour prendre un autre exemple, un athlète homme du 100m haies de participer, sous les couleurs de son équipe nationale féminine, à la course pour les femmes organisée aux jeux olympiques ? Sa probable médaille d’or, acquise facilement, n’aurait-elle pas la même valeur dans ce cas ? Pourquoi donc ? N’est-il plus vrai que « niaari lokho niooy takk toubay, té niooy takk sér » ? Le fait que ce soit ces mêmes mains qui attachent les ceintures de kimonos devrait normalement autoriser les hommes et femmes à s’affronter dans des combats de karaté, de judo ou de lutte gréco-romaine, n’est-ce pas ? Pourquoi, soit dit en passant, continuer à séparer les toilettes des hommes de celles des femmes, transsexuels ou indéterminé dans un monde asexué ?
L’éventuel argument des « différences physiques » peut-il, à lui seul, suffire pour justifier cet état de fait ? Si l’on sait surtout que, dans le contexte de la modernité, un tel argument a toujours été systématiquement rejeté dans les luttes idéologiques menées dans l’uniformisation sociale des sexes promue par la théorie du genre. Une idéologie qui, poussée au bout de sa logique, à déjà abouti au mariage pour tous (hommes et femmes étant identiques, tu peux épouser librement un homme ou une femme) ou à la liberté pour les New-yorkaises de se promener torse nu dans les rues, à l’instar du même droit reconnu aux hommes. Car si cet argument « biologique » était jugé valable, certaines fonctions militaires, par exemple, récemment ouvertes aux femmes, les récurrents problèmes posés au niveau de leur cantonnement militaire, leur difficile participation aux missions militaires à risque à l’étranger et d’autres choix indiscriminés auraient fait l’objet de remises en cause plus intelligentes.
Car, le fait de croire que « góor bakh na, jigéen bakh na », ne doit pas nous empêcher d’analyser, en dehors de toute oeillère idéologique, et de savoir de façon prosaïque que « am na fu góor geuna bakh, ak fu jigéen geuneu bakh ». Que je sache, nul d’entre ceux qui se fondent sur ce principe pour prétendre gommer, implicitement ou non, toute différence biologique ou sexuelle, n’a jamais estimé que « góor bakh na » au point d’alterner avec leurs femmes les prérogatives de l’accouchement et du lien si particulier de transmission à l’enfant que le Seigneur a réservées à nos chères mères et soeurs ! Ces femmes qui constituent des trésors seuls capables de « fabriquer » l’humain.
Il m’a ainsi toujours paru plaisant de voir des collègues femmes, pourtant activistes invétérées de la non discrimination, me demander des coups de main lorsqu’il s’agit de tâches physiquement lourdes. Ou qu’elles acceptent volontiers certaines faveurs, facilités ou manifestations de « galanteries » se fondant pourtant sur la base des différenciations culturelles sexuées. Ewaayé ndaw ! Le beurre de l’égalité de genre, l’argent de la parité et le crémier des devoirs de l’homme. Et quoi encore ?
Je ne peux également m’empêcher de sourire en entendant nos jeunes cousines « branchées » et autres « femmes juristes » connectées (à quand les « hommes juristes » ?) remettre en cause le droit des hommes à la polygamie, sur la base de l’équité de genre et l’uniformisation des droits., Tout en recherchant assez paradoxalement toutes un « dieukeur diou bakh, diou ma YEUREUM, diou ma attan etc. » En somme un mari assez fort pour les protéger, les guider, les prendre en charge au besoin (avec références religieuses à l’appui, diiné Sénégal moom, bou niou arranger rékk), un homme qui sera prêt à risquer sa vie pour les protéger, elles et leurs familles. Ben, au nom de quoi un époux ayant exactement les mêmes droits et devoirs que toi devrait-il risquer sa vie le jour où un voleur tentera de pénétrer chez vous ? En quoi cela serait-il de la lâcheté qu’il essaie de sauver d’abord sa peau, après nou golo gou jigéen kham booté doomam ? Dou góor bakh na, jigéen bakh na kay ! Que donc lokho biy takk sér na diéema dooranté ak sathie bi rékk, am déet 🙂
En définitive, en dehors de certaines dynamiques nécessaires de contextualisation culturelle, la nécessité de traiter les hommes et les femmes différemment, selon leurs dispositions physiologiques et leurs rôles sociaux prioritaires, constitue, à nos yeux, une évidence que seuls les abus et dérives de l’idéologie matérialiste moderne tend à remettre en cause de façon inconséquente. Avec les incohérences que l’on voit et les nombreuses problématiques insolubles sur l’identité sexuelle, partant sur la moralité, auxquelles les sociétés modernes vont de plus en plus se confronter dans le futur.
En attendant donc d’avoir un viatique plus valable de la Modernité, laissez-moi me contenter de nos bonnes vieilles recettes de sénégalais musulmans : « Góor ña ca góor ña, jigéen ña ca jigéen ña », « Góor day def yëfi góor, jigéen def yëfi jigéen ». Jusqu’au jour où vous enverrez une équipe nationale mixte défendre vos couleurs en coupe du monde…
A. Aziz Mbacké Majalis
- Aimer Masla : Les Tyrannies Du Sénégal Virtuel - 2 février 2017
- Nouveaux Mourides - 9 décembre 2016
- Discrimination Négative - 26 octobre 2016