Senexalaat - Opinions, Idées et Débats des Sénégalais
Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Loi Antitabac : La Coupable Dérive De La Télévision Tfm A Duré Sept Minutes

Nul n’est censé ignorer que le Sénégal dispose d’une nouvelle loi antitabac dénommée loi 2014 du 14 Mars 2014 relative à la fabrication, au conditionnement, à l’étiquetage , à la vente et à l’usage du tabac abrogeant la 81-58 du 09 Novembre 1981 portant interdiction de la publicité en faveur du tabac et de son usage dans certains lieux publics modifiée par la loi 85-23 du 25 Février 1985.

En tant que citoyens sénégalais, j’estime que les producteurs de films, réalisateurs de télévision ou de cinéma,  acteurs  de film et chefs de programmes de télévision doivent être au courant de l’existence de cette loi antitabac 2014 du 14 Mars 2014 dont le vote et la promulgation ont fait couler beaucoup d’encre. Si tel n’est pas le cas, je crois qu’ils doivent faire l’effort nécessaire pour connaitre la quintessence de la teneur de la loi citée en référence.

Le prétexte de ce présent texte est la diffusion entre 22h 01 et 22h 07  par la TFM  ce Lundi 31 Octobre 2016  une séquence de sept minutes dans le dernier épisode de la célébrissime série «Wiri Wiri»  mettant en scène Balla GAYE 2 et JOJO fumant du tabac en se passant allégrement le tuyau.

En effet, cette séquence précitée enfreint l’article 10 de la loi 2014 du 14 Mars 2014 relative à la fabrication, au conditionnement, à l’étiquetage, à la vente et à l’usage du tabac qui dispose en son article 10 : «  la publicité et la promotion en faveur d’un objet ou d’un produit autre que le tabac ou l’un des produits du tabac , ne doivent pas par leur vocabulaire, leur graphisme , leur forme , leur couleur ou tout autre procédé constituer une propagande ou publicité indirecte ou déguisée rappelant le tabac ou les produits du tabac »

Fort de cette connaissance, en diffusant cette séquence, la Télévision Futur Média (TFM), fait-elle fi de l’article 10 de la loi  antitabac 2014 du 14 Mars 2014 ou simplement ignorait t- elle  la teneur de cette disposition précitée?  En substance, la diffusion de cette séquence mettant en scène Balla GAYE 2 et JOJO  fumant du tabac est le résultat de l’accumulation de plusieurs fautes dont les maillons de la chaine de responsabilité sont constitués du  producteur, du réalisateur, des acteurs du film  et  du chef des programmes.

Le producteur : premier maillon de la chaine

C’est le financier du film. C’est lui qui met son argent pour que le film puisse voir le jour. C’est lui qui paie tous les frais de production. Il peut être seul  ou être associé avec un autre qui prend la dénomination de coproducteur. Cette association peut être exprimée de plusieurs manières soit sous forme d’addition de ressources financières soit sous forme d’addition de ressources financières et de valeurs immatérielles (scenario etc.)

En général, le producteur n’est pas un simple financier d’un film. Il est également un connaisseur averti de l’univers des films. Il connait la législation qui encadre son métier. Il ne peut produire un film dont il n’a pas lu le scenario.

A LIRE  Je suis vraiment inquiet pour l’avenir de la Police Nationale

Le producteur de la série « Wiri Wiri »  a certainement lu le scenario à la base de l’épisode diffusé ce lundi 31 Novembre 2016 par la TFM. S’il ne l’a pas lu, il aurait dû visionner le produit final. Mais au cas où,  il ne l’aurait pas visionné, ce qui me semblerait être bizarre, il serait dans tous les deux cas fautif et sa part de responsabilité dans la fabrication est établie en tant que producteur de l’épisode.

Il en va de même lorsque qu’il aura lu le scenario ou visionné le produit fini et n’aurait pas fait la remarque que la scène une fois diffusée ferait entorse à l’article 10 de  loi antitabac 2014 du 14 Mars 2014 relative à la fabrication ,au conditionnement , à l’étiquetage , à la vente et à l’usage du tabac.

Le réalisateur : le second maillon de la chaine

Il est le responsable technique et esthétique du film. A ce titre, il a une part de responsabilité établie dans la fabrication d’un film.  A partir de ce moment, on peut légitiment s’interroger sur ce que le réalisateur de l’épisode diffusé voulait-il mettre en exergue dans cette séquence ?  En tout cas, le choix du lieu de tournage de la scène n’est pas commun. Ce dispositif pour fumer du tabac est installé dans la plus part du temps dans les lieux recevant du public. Pourquoi le réalisateur a-t-il choisi de tourner cette scène dans une maison et dans un salon ? Il doit avoir de bonnes raisons. Sur le plan esthétique, doit-on considérer la grosse fumée de tabac qui se dégageait des narines de Balla GAYE 2 et de JOJO comme un effet, une plus-value que le réalisateur a voulu apporter à la séquence ?  Ce qui est certain, la séquence diffusée mettant en scène Balla GAYE 2 et JOJO en train de fumer viole l’article 10 de la loi 2014 du 14 Mars 2014 relative à la fabrication, au conditionnement, à l’étiquetage, à la vente et à l’usage du tabac.

A la base d’un film, il y a toujours un scenario qui peut être écrit par un scénariste professionnel ou par le réalisateur lui-même. Ce que je pense, le réalisateur n’aurait pas pu réaliser cet épisode sans au préalable lire le scenario écrit dédié dont il  a la responsabilité de faire le découpage technique.

Cela étant dit, donc c’est en toute connaissance de cause que cette séquence mettant en scène Balla GAYE 2 et JOJO fumant du tabac a été tournée. Le réalisateur était-il contraint de tourner la scène ou pas ?  Était-il conscient avant ou pendant le tournage de la scène que la diffusion télévisuelle de l’épisode violerait l’article 10  de  la loi antitabac 2014 du 14 Mars 2014 qui interdit toute forme de publicité en faveur du tabac ? Quelle que soit la situation qui a prévalu, en tant que citoyen sénégalais, le réalisateur aurait pu prendre la peine de chercher ce que la loi antitabac a prévu en tournant cette séquence.

A LIRE  L’amiante au Senegal : pas de probleme, nous en sommes invulnérables

Les  acteurs : le troisième maillon de la chaine

Un film de fiction ne peut être envisagé sans la présence des acteurs qui jouent, chacun en ce qui le concerne son rôle dans une longue ou courte histoire. Toutefois, des acteurs dans un film,  le réalisateur peut choisir ses acteurs ou délégué cette tâche à un autre professionnel du film de télévision ou de cinéma appelé Directeur de casting. Les acteurs peuvent être des professionnels ou des amateurs invités à participer dans le film. C’est le cas de Balla GAYE 2 dans la série « Wiri Wiri »  En effet, les acteurs ou comédiens jouent leur rôle dans un film sur la base d’un scénario sous la direction du réalisateur. Ils ne peuvent pas jouer sans rôle. Balla GAYE 2 et JOJO ont pris naturellement connaissance des contours de la scène ou de la séquence avant de la jouer. Ils savaient qu’ils allaient fumer dans la scène et ils ont accepté néanmoins de la  tourner alors qu’ils avaient la possibilité de dire non. Savaient-ils que la diffusion de cet épisode les mettant en scène en train de fumer violerait l’article 10 de la loi 2014 du 14 Mars 2014 ?

En somme, Balla GAYE 2 et JOJO peuvent-ils être considérés comme de simples acteurs qui n’ont fait que jouer leur rôle dans la scène ?  Pourquoi, le producteur, le réalisateur et les acteurs ont-ils accepté de tourner cette scène sans se poser la question si ce qu’ils sont en train de faire est permis ou non par la loi antitabac 2014 du 14 Mars 2014 ? Pourquoi le chef des programmes de la TFM ne s’est-il pas posé la même question avant la diffusion de l’épisode en question ? On sait que l’industrie du tabac a coutume d’utiliser de célèbres acteurs pour faire la publicité en faveur du tabac. Beaucoup de films sont diffusés sur nos écrans avec des acteurs fumant de la cigarette dans une situation dont l’idée de base est de suggérer à la cible d’user du tabac en de pareille situation. Les questions qui se dégagent de cette situation observée est la suivante : Est-ce que Balla GAYE 2 et JOJO étaient au courant de la teneur de l’article 10 interdisant toute forme de publicité en faveur du tabac ? Ont-ils été royalement payés par l’industrie du tabac pour accepter de fumer du tabac dans une scène d’un épisode de la série « Wiri Wiri » ?

Ce que je crois,  en tant  qu’acteurs,  Balla GAYE 2 et JOJO  doivent éclairer l’opinion nationale sur leur rôle dans cette affaire qui ne peut être considérée comme un fait divers.

Le  chef des programmes : le quatrième maillon de la chaine

C’est un secret polichinelle de dire que la télévision compte plusieurs programmes différents dont la diffusion est placée sous la responsabilité du chef des programmes.

A LIRE  Entre fastes, futilités et impostures : La soirée des African leadership awards, un viol de la conscience des Africains

Relativement à la séquence mettant en scène Balla GAYE 2 et JOJO dans le dernier épisode  de « Wiri Wiri » diffusé ce Lundi 31 Novembre 2016, je présume que le chef des programmes de la TFM a pris la peine de prendre connaissance du contenu de cet épisode avant d’autoriser sa diffusion. Cependant, s’il n’a pas eu le temps de le faire, ses assistants auraient pu le faire à sa place et lui rapportaient la remarque. Cependant, si ni lui, le chef des programmes, ni ses assistants n’ont pu faire la remarque, force est de constater qu’il y a, dans ce cas, un sérieux problème de management des programmes tv.

Aussi, est-il nécessaire de le rappeler que la responsabilité du chef des programmes se trouve au bout de la chaine des responsabilités évoquées. Elle se situe au niveau de la diffusion des produits dont il est le premier responsable. Bref ! Le chef des programmes de la TFM, ignore t- il les dispositions de la loi 2014 du 14 Mars 2014 relative à la fabrication, au conditionnement, à l’étiquetage, à la vente et à l’usage du tabac notamment l’article 10 de ladite loi qui interdit toute forme de publicité en faveur du tabac ou des produits du tabac  par le truchement d’émissions de télévision?  Justement, jusqu’à ce que l’épisode incriminé soit diffusé, ce sont les responsabilités de fabrication du producteur, du réalisateur et des acteurs qui sont engagées cependant, une fois que l’épisode est diffusé, c’est la responsabilité de diffusion du chef des programmes qui est engagée.

Enfin, je voudrai rappeler ici que les télévisions vivent de publicité ou de subvention de l’Etat. Et compte tenu de l’importance de celle-ci dans leur vie, j’estime que chaque télévision publique ou privée doit disposer d’un « service ou responsable juridique » qui aura pour rôle d’appuyer le service commercial et le service des programmes en vue de leurs permettre d’éviter de commettre des entorses aux dispositions des lois en vigueur qui s’appliquent à leur secteur telle que la loi antitabac 2014 du 14 Mars 2014 et la loi 83 relative à la publicité.

 

Baba Gallé DIALLO

Email : bbgd70@yahoo.fr

 

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *