La peine de mort : voilà encore un débat qui refait surface au Sénégal, comme d’autres débats et qui, le temps d’une rose, va encore vite se faner et ses pétales enfouies dans les terres de ces sujets qu’on agite tant que la mémoire de l’homo senegalensis reste illuminée par la thématique. Avant-hier, on épiloguait sur les nombreuses morts causées par les accidents de la route. Malheureusement, le décor reste le même, le nombre de victimes s’amplifie, les situations à risque chaque jour se font vives. Malheureusement, les solutions ne sont jamais au rendez-vous. Hier encore, nous finissions de nous épancher sur le sort de nos petits talibés livrés à eux-mêmes dans les rues de Dakar, puis un matin, plus rien, nous sommes passés à autre chose. Il faut regretter la perte d’un être humain, d’une vie… Je m’incline devant la mémoire de ces personnes qui ont perdu leurs vies, ça aurait pu être moi, toi, nous, vous…
Depuis, tous les jours, les faits divers reprennent le dessus dans nos journaux, le débat sur la peine de mort ressurgit et la clameur s’est emparée du débat. Je suis de ceux qui pensent que la peine de mort est comme un arbre dont on taille les feuilles chaque automne, le printemps arrivera, les feuilles reviendront. Le mal est à la racine : sachons éduquer nos enfants !!!
Combien de personnes dans la rue, dans leur voiture, devant leur maison, se sentent humiliées par des insultes impunément proférées à leur endroit?
Combien d’enfants, d’adultes, en se battant, ont comme premier réflexe d’aller chercher une pierre, un tesson de verre, etc. pour se défendre ?
C’est à ce niveau, qu’il faut permettre au citoyen de se sentir en sécurité, en cherchant un moyen juridique de réprimer ce type de comportement qui chaque jour orne le décor de nos quartiers, sans que l’on s’en émeuve.
Il faut que le citoyen sénégalais puisse légalement se défendre, sans recourir à la violence, à la bagarre de rue, mais en faisant appel à l’autorité effective de l’Etat.
Le véritable challenge, c’est de pouvoir restaurer la sécurité dans nos quartiers et cela à travers une approche inclusive (Etat et populations), car c’est aux populations d’aider l’Etat à assurer leur sécurité.
Mais notre silence coupable souvent dicté par le refus de subir la foudre de ces perturbateurs, notre démission collective par rapport à l’éducation de nos enfants, constituent l’engrais qui se collecte au pied de l’arbre et qui nous drape de sa mauve amertume lorsque les feuilles de la violence ombragent le droit à la vie.
Nous devons changer nos comportements, à l’intérieur de nos maisons, dans nos quartiers, nous devons renforcer l’éducation religieuse de nos enfants, leur inculquer des modèles, des références, ainsi seulement notre société changera.
Ayons le courage de nous remettre en cause, en refusant de nous agripper à des solutions que je respecte mais qui me paraissent émotives,épidermiques.
Je ne soutiens ni les droits de l’hommistes, ni ceux qui revendiquent la peine de mort, je reste dans un camp, celui qui appelle à une introspection de chacun d’entre nous pour impulser une nouvelle dynamique de comportement.
Docteur Aloyse Waly DIOUF
MD, MPH
Chef Service national éducation et information pour la santé (Sneips)
Ministère de la santé et de l’action sociale