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Sénégal : Répression Pré-électorale

Sénégal : Répression Pré-électorale

De sombres menaces planent sur notre pays à cause de la boulimie pouvoiriste de nos autorités, qui tiennent coûte que coûte à s’assurer une confortable majorité au Parlement et à remporter la prochaine élection présidentielle au premier tour. Pour ce faire, elles ne se satisfont plus du mode de scrutin inique et des tricheries électorales habituelles (achat de conscience, utilisation des moyens de l’État…), mais semblent maintenant vouloir s’attaquer aux piliers de notre Démocratie.

Il ne peut en être autrement, quand on a la farouche volonté d’écraser toute forme de résistance émanant aussi bien de l’Opposition que des partis membres de la grande Coalition présidentielle. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’inculpation probable de certains militants socialistes suite aux incidents du 05 mars 2016 à la maison du Parti socialiste et la réouverture du dossier de Ndiaga Diouf. Ces faits constituent une immixtion inadmissible – initiée suite à des plaintes de certains politiciens de la majorité – dans le fonctionnement d’une organisation privée que constitue tout parti politique.

Dans le cas d’espèce, il s’agit d’une formation politique caractérisée par une longue histoire de violences internes, pendant les renouvellements de bureaux de section ou coordination, sans que presque jamais la Justice n’ait eu à intervenir.

Cela confirme les inquiétudes des démocrates et patriotes de notre pays, qui ne peuvent que constater que les fossoyeurs de la Démocratie sénégalaise tombent les masques, à mesure qu’approchent les élections législatives.

Jusque là, le pouvoir essayait de sauver les apparences et le recul démocratique paraissait confiné au niveau des textes de lois et des procédures, depuis la modification unilatérale du règlement intérieur de l’As­semblée nationale jusqu’aux pirouettes référendaires, en passant par le reniement présidentiel, de triste mémoire.

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Nous assistons impuissants, à présent, à ce qui ressemble de plus en plus à l’installation d’un État totalitaire, avec en toile de fond l’euphorie «émergente» des pouvoirs publics, qui promettent aux masses laborieuses, enlisées dans une grande misère matérielle et morale, des lendemains qui chantent.

Toutes les valeurs positives portées par les Assises nationales sont en train d’être piétinées et les Institutions censées les porter sont désarticulées – ainsi que l’a constaté un éminent membre de la Société civile – voire déstructurées.  En effet, après le limogeage de fonctionnaires exemplaires, modèles de probité, la radiation arbitraire de lanceurs d’alerte, le classement sans suite de dossiers compromettants, on assiste à la nomination de personnalités aux parcours controversés dans des organes chargés de promouvoir la bonne gouvernance et la transparence.

On observe également l’instrumentalisation du pouvoir judiciaire. Il semble, plus que jamais, être devenu le lieu de toutes les iniquités, comme semble le révéler la récente levée de boucliers des magistrats, pourtant jusque-là considérés comme les enfants gâtés de la République, contre le projet de loi organique portant Statut de la magistrature et celui sur le Conseil supérieur de la Magistrature.

Il est, par ailleurs, très curieux, qu’on veuille ressusciter la Crei à l’occasion du cambriolage de la maison d’un officier de douane, alors qu’une vingtaine de dignitaires de l’ancien régime cités par le procureur Ndao ont été jusque-là épargnés. Les limiers de la République en sont-ils désormais réduits à ne compter que sur les petits voleurs pour attraper les grands ?

Le pouvoir législatif ne se porte guère mieux que la Justice. Jamais l’Assemblée nationale n’a été autant soumise à la volonté du Prince, votant en procédure d’urgence des lois touchant des domaines si sensibles, qu’elles pourraient générer, demain, des explosions sociales telles que celle du 23 juin 2011.

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Le niveau d’irresponsabilité des apprentis-sorciers, qui nous gouvernent avec une témérité suicidaire, peut être illustré par le flou entourant la révision exceptionnelle des listes électorales en cours, sur fond d’incertitude sur la date des prochaines élections législatives. Tout cela contribue à décrédibiliser le processus électoral, à installer la méfiance entre acteurs du jeu politique et à poser quasi-inéluctablement, les jalons d’une crise post-électorale.

Et l’histoire retiendra que c’est au moment où la Gambie est en train de vouloir émerger de plus de vingt ans de dictature que notre pays semble glisser lentement mais sûrement vers une remise en cause de nos acquis démocratiques.

Nioxor TINE

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