Nous (re)découvrirons, alors, que les éléments constitutifs de contentieux réels ou à venir entre la Gambie et le Sénégal existent, depuis si longtemps déjà. Ce sont objectivement entre autres : l’impossibilité pour toutes et tous de faire abstraction de ce que la Gambie se dresse tel un mur (infranchissable) entre la Casamance et le reste du Sénégal ; l’avilissement ou le mépris quotidiens des voyageurs transgambiens, de la part des autorités gambiennes, tout au long notamment du tronçon gambien de la route nationale transgambienne ; et la collusion doublement stratégique de la Gambie et de la faction favorable à Salif Sadio du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC).
Ces facteurs suffisent en eux-mêmes pour rendre légitime toute intervention du Sénégal en Gambie, pacifique ou militaire, diplomatique (de manière conventionnelle) ou non (en usant notamment de réseaux et autres relais gambiens). Qui plus est, une telle ingérence du Sénégal en Gambie, au nom des intérêts vitaux du premier, serait certainement comprise par toutes les nations qui se respectent.
Le Sénégal en aurait de toute façon la légitimité, en attendant peut-être que le droit l’y rejoigne, ou l’y suive, non pas pour le condamner, mais, bien au contraire, pour l’absoudre de tous abus, réels ou supposés.
Mais, on ne peut pas s’exonérer d’une telle option, tout en s’en accommodant imperturbablement depuis toujours, eu égard, dit-on, à la souveraineté internationale de la Gambie, pour la nier littéralement de nos jours dans le traitement de la crise postélectorale en cours à Banjul.
On voit donc qu’il suffit au Sénégal de faire preuve d’une volonté politique, réelle et conséquente, visant à préserver ses intérêts vitaux, pour imposer à la Gambie quelque code de bon voisinage, avec cependant ses propres moyens exclusifs, et selon un agenda sénégalo-sénégalais.
Autrement dit, le Gouvernement sénégalais n’a pas besoin de suivre petitement le prétexte de la crise postélectorale en Gambie, avec une injonction sulfureuse de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), pour envahir la Gambie. Car alors, il se verrait contraint d’y installer, dans la précipitation et l’amateurisme le plus total, des hommes et des femmes aucunement préparés pour assurer une « bonne » relève à Banjul.
Pour cela, nous en appelons, une fois de plus, à la retenue, au réalisme et au sens de la responsabilité de toutes et tous. La fin du ‘‘régime Jammeh’’ ne saurait être une fin en soi.
Dakar, le 17 janvier 2017.
Jean-Marie François BIAGUI
Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)
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