Quarante-huit heures après l’ultimatum de la Cedeao, Yahya Jammeh est contraint de quitter le pouvoir qu’il détenait depuis plus de deux décennies et forcé à l’exil en Guinée Equatoriale. Tout s’est déroulé sans effusion de sang, malgré un important flux de réfugiés vers la Guinée Bissau et le Sénégal avec ses conséquences attendues sur les plans sécuritaire et humanitaire.
Aujourd’hui, l’heure de repenser autrement une liaison entre le Sénégal et la Gambie, non pas sur un modèle confédéré ayant fait long feu dès le début des années 1980, mais plutôt dans le cadre d’un Etat unitaire Sénégambien, n’a-t-elle pas sonné ?
Au regard des expériences Fodé Kaba 1 et 2 et fort du leadership que le Sénégal a fini d’imprimer dans le dénouement de la crise post-électorale gambienne, en mobilisant la Cedeao tout en obtenant la double onction de l’Ua et de l’Onu, le Président Macky Sall a non seulement le devoir et les prérogatives, mais aussi et surtout le droit et l’obligation morale de veiller à l’effectivité d’une Sénégambie new-look et durable. Alors, que doivent faire les deux Présidents sénégalais et gambien, avec l’ensemble de leurs compatriotes pour l’émergence d’une telle Sénégambie ? Autrement formulé, comment contribuer à la réalisation de l’espoir de vivre ensemble par-delà nos différences ? Comment pouvons-nous transformer la cohabitation Sénéal/Gambie en un véritable cadre humain ? Telles sont les principales interrogations devant sous-tendre l’éthique de la solidarité, de la tolérance ou de la paix que nous proposons ici.
Pour répondre de façon appropriée à ces interrogations, il convient d’abord de substituer aux sempiternelles stratégies de déstabilisation alors mises en œuvre par la Gambie et la Guinée-Bissau contre le Sénégal à travers l’instrumentalisation du bac de Farafenny au détriment des intérêts des voyageurs sénégalais, la hausse unilatérale des tarifs de transport de marchandises venant du Sénégal et la manipulation du Mfdc dont l’unique objectif fut longtemps la prise de notre pays en otage, les stratégies d’humanisation par l’évitement de la culture du chantage et de la violence.
Oui, unifier le Sénégal et la Gambie en un Etat unitaire est possible d’une part, parce que la conscience collective africaine a toujours aspiré à une intégration des Peuples sénégalais et gambien qui disposent d’avantages complémentaires pour sceller leur destin commun. Les acquis les plus manifestes résident d’abord dans l’usage de la communication, puisque les deux pays utilisent le mandingue, le wolof, le joola dans leurs échanges quotidiens, l’anglais ou le français, comme médium officiel dans les échanges internationaux. Parce qu’une Sénégambie unitaire permettra de résoudre définitivement la circulation des hommes et de leurs biens à travers un pont alliant à la fois rapidité et modernité, de supprimer l’irrédentisme casamançais déjà trentenaire, avec ses conséquences socio-économiques incalculables, et de mettre en place des règles juridiques et diplomatiques qui régissent les liens entre les deux pays pour éradiquer le soutien à la rébellion, assurer et pérenniser la sécurité tout en mettant fin à la hausse unilatérale et fréquente des taxes de transit que Banjul imposait aux transporteurs sénégalais. Enfin, ce nouveau départ suscitera l’émergence d’un géant géopolitique qui compterait au sein de notre organisation sous-régionale dans un contexte essentiellement caractérisé par le terrorisme et les violences de toutes sortes face auxquels il convient de trouver des réponses adaptées.
Le Président Macky Sall, synthèse de l’homo senegalensis, mérite les félicitations de toute la Nation puisqu’en un temps record, il a démontré incontestablement l’exception sénégalaise, en faisant preuve d’un sens très élevé du dialogue et des responsabilités autour d’un leadership remarquable pour fédérer la Cedeao et toute la communauté internationale autour de l’essentiel qui n’était rien d’autre que la défense des intérêts supérieurs du Sénégal.
Au total, l’enclavement de la Casamance ne saurait perdurer, ne doit pas plus se prolonger dans le temps pour le Sénégal. Et le conflit ne trouvera pas d’issue tant que les autorités gambiennes, voire Bissau guinéennes, n’arrêteront d’en faire usage comme moyen de chantage vis-à-vis du Sénégal. Banjul devra, à terme, accepter un corridor routier, à travers le pont longtemps programmé à moins que la solution de l’unité des deux pays ne s’impose naturellement. La page Yahya Jammeh doit être définitivement tournée, et une nouvelle page doit permettre l’avènement historique de l’union des deux pays. C’est en cela que penser la Sénégambie est nécessaire.
Les deux pays doivent garder à l’esprit que leurs destins sont inextricablement liés par l’histoire et la géographie. Ils survivront ou disparaîtront ensemble, car c’est un même Peuple qui vit dans deux Etats différents. Il urge donc de construire la Sénégambie, encore et encore, par la restauration du fonds de solidarité et de communauté que les divers particularismes avaient fini de vider de sa substance humaine.
Vive le Président Macky Sall, vive le Président Adama Barrow, vive le Sénégal, vive la Gambie, pour que vive la Sénégambie des Peuples intégrés dans une Cedeao de paix et de prospérité !
Papa Moustapha GUEYE
Inspecteur de l’éducation et de la formation
Spécialiste en planification de l’éducation
Conseiller en management Rh
Certifié Ppp de la World Bank
Certifié Tic et Ks de l’Onu
Militant de base de l’Apr