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De La Gestion Sobre Et Vertueuse, Au Népotisme Et A L’arbitraire

De La Gestion Sobre Et Vertueuse, Au Népotisme Et A L’arbitraire

Au commencement, c’était le verbe et, à la sénégalaise, on en abusait. Car parler est la chose du monde la plus facile : il suffit simplement d’ouvrir la bouche pour la fermer ensuite. Ce qui est difficile, c’est d’être de bonne foi quand on prend la parole. Béni soit celui qui fait ce qu’il dit et dit ce qu’il fait.
L’humanité étant bien faite par les hommes, elle est défaite par les espèces comme François : un mauvais exemple pour la société. Par la méconnaissance de l’effet de la parole, il a signé de ses propres mots, son autodestruction politique. Avant il ne faisait que parler : « Moi, Président de la République, je ferai fonctionner la justice de manière indépendante…, Moi, Président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit à chaque instant exemplaire…, Moi, Président de la République… » Après être élu, il devient encore plus bavard et décroche ainsi le record du Président le plus impopulaire de l’histoire de la France.
Au commencement, Macky aussi usait excessivement du verbe. Par la parole, il a créé l’espoir dans la tête de chacun de nous. « Sénégalaisement » il disait : « L’une de mes premières missions, ce n’est pas de construire des routes, des autoroutes et des ponts. La première mission est de construite un Etat de droit. Or l’Etat de droit… ce sont des valeurs, ce sont des principes, c’est l’égalité des citoyens devant la loi, c’est la lutte farouche contre la corruption et le népotisme, c’est d’ériger le travail en dogme et que tout le monde soit convaincu que c’est par le travail que nous pouvons développer notre pays. »
Mais à l’entame de ses fonctions de Président de la République, il change d’objectif et signe les deux décrets les plus douteux de toute l’histoire du Sénégal. Il fait de la construction de routes et d’autoroutes sa priorité et tue l’Etat de droit. Il s’approprie la politique machiavélique de WADE, le Maître et tourne le dos aux valeurs. De gardien de la constitution, il deviendrait « gardien de la décision des juges ». Gare aux magistrats qui ne se conformeraient pas à ses orientations.
Pour ce qui est de l’égalité des citoyens, précisons deux faits nouveaux chez les gens de la noblesse et chez les masses populaires : jouissance équitable des faveurs et impunité devant la loi pour les premiers et traitement équitable dans la misère conjoncturelle et application stricte de la loi pour les seconds.
Aujourd’hui transparency international nous place parmi les pays les plus corrompus du monde. Nous sommes devancés par soixante trois bienveillantes nations à cause d’une mauvaise politique de développement, d’une campagne électorale permanente et d’un népotisme qui gangrène l’administration et la justice. Le travail n’est plus érigé en valeur. Il ne constitue plus le premier critère de réussite des sénégalais.
Souvent nous nous posons la question : qu’est ce qui motivait le Président SALL dans les premières déclarations qui ont suivi sa prise de fonction après l’élection présidentielle de 2012 ? N’est-ce pas lui qui disait : « S’agissant de la gouvernance économique, je serai toujours guidé par le souci de transparence et de responsabilité dans la gestion vertueuse des affaires publiques. Il ne saurait y avoir de place pour l’arrogance, l’autoritarisme, le règlement de comptes ou la sollicitation de privilèges et avantages indus. Dans le même sens, l’assainissement de l’environnement des affaires et la lutte contre la corruption et la concussion me tiennent particulièrement à cœur. A tous ceux qui assument une part de responsabilité dans la gestion des deniers public, je tiens à préciser que je ne protègerai personne. Je dis bien personne ! J’engage fermement le Gouvernement à ne point déroger à cette règle. »
A ces propos, nous opposons l’inanité des organes de contrôle de la République. Monsieur le Président, combien y aurait-il de rapports de contrôle dans vos tiroirs ? Combien de voleurs à col blanc ou de terroristes financiers y protégiez-vous ? En réalité quel serait l’intérêt de la Cour des Comptes, de l’Inspection Générale d’Etat, de l’OFNAC et autres qui coûtent actuellement très chers au contribuable sénégalais ? Pourquoi leurs rapports moisiraient-ils entre vos mains ? Pourtant vous avez dit, en insistant, que vous ne protégerez personne.
Néanmoins en juin 2015, des magistrats de la Cour des Comptes qui se sont rendus dans les locaux du Fonds de promotion de l’entreprenariat féminin, dans le cadre de leur mission, ont été humiliés par votre Ministre, Moustapha DIOP qui leur disait : « vous êtes de petits magistrats de rien du tout, payés pour me déstabiliser». Il poursuivait en affirmant qu’ils ne font pas partie « de la Cour des comptes, mais de la Cour de règlement de comptes. » Et pour apaiser la colère des magistrats contrôleurs, ce corps spécial, mieux sélectionnés que votre gouvernement, vous vous êtes rabaissés en vous excusant publiquement au nom de Moustapha ; au lieu de l’obliger de le faire lui-même et sans condition.
En outre la sympathie envers le « gardien de la décision des juges » et la carte de L’APR garantissent-elles l’impunité ? Luc Nicolaï intègre l’APR le 03 novembre 2016, dit-on. Le 15 décembre 2016, la Cour Suprême tranche à sa faveur. Ce promoteur de lutte était poursuivi pour détention de drogue, association de malfaiteurs et complicité de tentative d’extorsion de fonds. Il était condamné par la Cour d’Appel de Dakar à une peine de 5 ans de prison dont 3 ans ferme.
Un jour, pendant que le Parti Démocratique Sénégalais était à la tête de la Magistrature Suprême, « Nous irons tous en prison, si on perd le pouvoir » disait Serigne Mbacké NDIAYE. N’est-ce pas un aveu volontaire et sans contrainte. Malgré cela, celui qui s’est autoproclamé voleur n’est pas encore inquiété par le maître des poursuites.
Monsieur le Président, le peuple veut vraiment savoir pourquoi la CREI de Karim WADE n’est pas encore dissoute ? Les raisons de sa création ne sont-elles pas éteintes ? Pitié au contribuable qui supporte le coût de ses « scènes » !
Pourtant vous étiez ferme quand vous disiez : « Nous ne pouvons pas laisser passer la dilapidation des ressources nationales au service d’un pouvoir en déperdition qui tente de corrompt, à l’échelle nationale, tout citoyen pouvant lui donner le moindre espoir. C’est par centaine de millions de francs, au quotidien, que le pouvoir s’emploie à corrompre les sénégalais. Des audits seront faits, sans faiblesse aucune, pour voir l’origine de cette argent douteux ; parce qu’il faudrait bien qu’on nous dise comment des milliards peuvent quotidiennement être distribués de façon impunie… »
En fin de compte vous n’êtes plus cette personne qui faisait tellement la fierté du peuple sénégalais. Vous n’êtes plus celui que nous regardions comme un sauveur après tant de dérapages politiques de votre prédécesseur. Vous étiez tellement sincères dans vos paroles… Comment WADE vous a-t-il si tôt contaminé ? En effet ceci sera sans nul doute la pertinente motivation du peuple qui vous a élu à travailler pour votre chute : « le Corps politique, aussi bien que le corps de l?homme, commence à mourir dès sa naissance, et porte en lui-même les causes de sa destruction. » (Rousseau)
Certainement vous n’avez pas beaucoup appris de l’histoire de vos prédécesseurs. SENGHOR, DOIUF ET WADE n’ont été détrônés que du fait du non respect de leur engagement. Il n’y a pas d’autres raisons. Leur effondrement a été causé par la violation de leurs promesses qui, disait Chirac, « … n’engagent que ceux qui y croient ». Mais c’est parce que le peuple y croit qu’il veille à leur respect et contrôle méticuleusement leur réalisation. Et gare au Président de la République qui ne tiendra pas parole.
Toutefois « les hommes sont si aveugles, si entraînés par le besoin du moment, qu’un trompeur trouve toujours quelqu’un qui se laisse tromper. (Machiavel) Mais le peuple, avisé et patient, est capable de démettre quiconque considère, en politique, le mensonge comme une norme.

Assane Bocar NIANE
Parcelles Assainies, Dakar
assanebocarbaydi@yahoo.fr

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