Les Autorités marocaines souvent citées en exemple par les néo-disciples de Fethullah Gülen viennent d’imiter le Sénégal, en fermant les écoles du Groupe Yauz Selim, soupçonnées par les Autorités turques comme étant des officines de propagande et de financement de la secte de Gülen. Mieux, les Marocains sont allés plus loin, car selon un communiqué du Ministère marocain de l’Intérieur : « Les investigations sur les établissements du groupe Mohamed Al-Fatih, liés au Turc Fethullah Gülen, ont montré qu’ils utilisent le secteur de l’enseignement pour répandre l’idéologie de ce groupe et des idées contraires aux principes du système éducatif et religieux marocains ».
Suffisant pour faire taire, ceux parmi nos compatriotes, qui se sont érigés en avocats du diable pour s’immiscer dans une nébuleuse, dont ils ne maîtrisent guère les tenants et les aboutissants. Ma position sur cette affaire reste invariable : en tant que Sénégalais nous ne pouvons pas trancher un débat turco-turc ; nous ne pouvons pas, non plus, dire qui a raison et qui a tort entre l’Etat, incarné par Erdogan et le mouvement Hizmet de Fethullah Gülen dont dépendant ces écoles. Si l’Etat turc porte des soupçons sur quelques uns de ses fils, il ne nous appartient pas de mener le combat de la partie incriminée, comme certains ont voulu le faire.
Le système éducatif sénégalais ne doit être ni d’inspiration turque ou d’inspiration française, il doit s’appuyer sur le socle de notre patrimoine culturel et spirituel. L’un des facteurs de réussite du Groupe Yauz Selim est justement d’avoir compris cela. Quand on a quelque 500 élèves qui peuvent payer chacun près de cent mille francs le mois, il me semble facile de leur offrir un enseignement de qualité, dans un cadre d’excellence. Si j’avais un conseil à prodiguer à ceux qui s’agitent pour le maintien du système d’inspiration Gülen, je leur dirai plutôt de s’organiser pour mettre en place un groupe scolaire et académique performant, mais aussi fondé sur les valeurs qui sont les nôtres.
J’estime que la démarche des Autorités marocaines servira de jurisprudence à tous ceux qui hésitaient de prendre la bonne décision concernant cette affaire. Je comprends, la désolation des élèves qui doutent de leur avenir, mais il appartient à leurs parents et à l’Etat du Sénégal de faire de sorte que l’avenir de ces enfants ne soit sacrifié. Nos amis Turcs nous ont appris qu’il est possible, avec la rigueur requise, de bâtir une école de qualité, grâce aux efforts des parents d’élève et des acteurs du secteur éducatif.
A nos enseignants, si prompts à aller en grève, de s’inspirer de cet exemple pour faire mieux que ce qu’ils nous servi jusqu’à maintenant notamment en termes de contenu pédagogique et d’infrastructures d’accueil ; c’est à ce niveau que se situe le challenge. Je sais qu’il y au Sénégal, des expériences porteuses d’espoir, qui, avec le temps, finiront par démontrer leur capacité à faire une offre pédagogique d’excellence. Il appartient aux parents d’élèves de dénicher ces perles rares…
Mamadou Bamba Ndiaye
Ancien Ministre des Affaires Religieuses
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