Notre participation à la Can de cette année s’est terminée à la phase des quarts de finale. Nos Lions avaient dominé littéralement l’équipe adverse, avant de perdre à l’issue de la fatidique séance de tirs au but. C’était triste !
J’étais vraiment optimiste à l’approche de cette fête du football et en conséquence, j’avais affirmé avec emphase que l’heure du sacre avait sonné pour nous. En vérité, je me fondais sur la valeur intrinsèque de notre Equipe nationale qui, en peu de temps, avait obtenu une place très honorable dans les derniers classements de la Fifa. Je ne prétendais pas pour autant que celle-ci serait absolument maîtresse de son destin au Gabon. Seuls les supporters, aveuglés par leur passion, ignorent toujours qu’en football rien n’est gagné d’avance, quelles que soient la vaillance sur le terrain de leurs joueurs, les excellentes conditions de séjour de ceux-ci, leur entente et la confiance qu’ils ont en leur encadrement technique. En plus, le sport roi garde jalousement ses secrets. Et la logique ne nous aidera point à percer le mystère. En réalité, ce jeu collectif, capable d’unir spontanément tous ceux qui appartiennent à une même Nation, fussent-ils antagonistes auparavant, a également ses propres règles. Il a enfin sa loi, une loi implacable pendant cette compétition continentale où une équipe finaliste ravira au bout du compte la vedette à sa rivale.
Durant cette Can, j’ai pu voir des matchs âprement disputés par les différentes sélections nationales dans les stades gabonais, choisis pour ce grand rendez-vous du football qu’une grande partie du public avait malheureusement boudés. Et ce sont les joueurs camerounais disciplinés, combatifs et opportunistes qui, finalement, ont remporté la coupe. Bravo aux Lions Indomptables ! Je serais même tenté d’admettre que ce match mémorable avait provoqué, de façon larvée, un duel entre deux entraîneurs, un sorcier blanc et un technicien africain, un ancien international. D’ailleurs, je n’hésite pas à revenir sur le coaching, subitement déconstruit, de notre sélectionneur. Il me semble qu’il n’a pas su prévoir la stratégie neutralisante de l’autre, un blindage défensif, et chercher à temps les moyens de la contrecarrer. Je me demande même s’il avait daigné réfléchir profondément sur tous les scénarii ou les systèmes de jeu que pourraient adopter nos adversaires afin d’éviter à nos dignes représentants d’être pris au dépourvu ou gênés à chaque fois qu’ils se déployaient vers le camp d’en face. Nos attaquants, les plus en vue surtout, ont manqué de réussite lors de leur dernier match. Combien d’occasions nettes de nous rendre euphoriques ont-ils raté durant ces cent vingt minutes de jeu empoignant ? Par contre, j’ai bien remarqué que nos Lions qui, à une exception près, participaient pour la première fois à une Can, celle organisée à nouveau dans ce pays de l’Afrique centrale, avaient bravé les conditions climatiques éprouvantes dans lesquelles ils jouaient. Je vais évoquer par la suite un aspect sur lequel les férus du ballon rond peuvent gloser en cette circonstance. C’est tout juste pour préciser qu’apparemment la pression n’a pas pesé sur les membres du groupe pendant qu’ils se trouvaient là-bas, sauf peut-être au moment où ils s’adonnaient aux tirs au but. A ce sujet, il est possible que leur coach, déjà endurci, les ait préparés, avant et pendant leur séjour, à résister de bout en bout à tout ce qui pourrait les inhiber sur la pelouse de Franceville. Je ne perds pas de vue que leur professionnalisme avéré leur permet aussi de se libérer facilement de ce genre de contrainte.
Après ces quelques observations faites par un supporter attentif ou un compatriote désireux de prouesses susceptibles de nous galvaniser encore, je dis sans ambages que nous avons intérêt, en premier lieu, à encourager l’entraîneur de nos Lions. Je l’invite à faire objectivement l’évaluation de la mission qu’il vient d’accomplir et à penser dès maintenant aux joutes déjà programmées dans le cadre des qualifications pour le Mondial en Russie. Quant à nos jeunes internationaux dont le comportement et le patriotisme sont bien appréciés par les Sénégalais, je suis persuadé qu’ils ne se décourageront jamais et qu’ils nous prouveront qu’ils sont capables de faire mieux qu’au Gabon.
Badiallo dit Boucounta BA
Enseignant-chercheur à la retraite
Ancien Chef du Département de Langues Romanes à la
Fastef/Ucad