Après avoir radié l’inspecteur principal des Impôts et Domaines Ousmane SONKO, le gouvernement de Macky SALL annonce la traduction du magistrat Ibrahima Hamidou DEME devant le conseil de discipline du Conseil supérieur de la magistrature, pour manquement à l’obligation de réserve, par une lettre adressée au Président de la République, qu’il a rendue publique.
Dans cette lettre, M Deme, qui fait véritablement œuvre utile, dénonce l’opacité qui préside aux nominations et mutations de magistrats, le non-respect des procédures en la matière, le subjectivisme qui prévaut dans le choix des personnes, le passage en force par des actes administratifs et des lois injustes, le tout conduisant à une justice décriée par la population, les partis politiques, les organisations de la société civile et même, le comble, par les professionnels de la justice (magistrats, avocats et autres auxiliaires de justice), une justice peu respectueuse et peu respectée parce qu’accusée d’être inféodée et aux ordres de l’exécutif, comme l’est l’Assemblée nationale peuplée de députés qui se proclament pourtant honorables.
Lorsque la substance des trois pouvoirs se trouve réunie entre les mains du seul Président de la République, le Sénégal glisse insidieusement vers cette dictature rampante que nous dénonçons.
Le Président de la République et son gouvernement, par ces pratiques malsaines, veulent montrer aux Sénégalais qu’ils sont dirigés par un pouvoir fort. En vérité, il s’agit d’une force purement virtuelle exercée sur des Sénégalais qu’ils croient faibles, mais ce ne sont là que des gesticulations qui sont la marque de fabrique des lâches (lâche selon le dictionnaire, est synonyme de manque de courage, vil, méprisable, indigne, couard, peureux, pleutre, poltron). Malheureusement, c’est ce visage là que notre gouvernement montre à l’extérieur, comme l’a illustré, en particulier et tout dernièrement, son comportement détestable, irresponsable et puéril, avant, pendant et après sa lamentable déroute du dernier sommet de l’Union Africaine.
A vaincre sans péril, dit l’adage, on triomphe sans gloire ; en vérité, ces « ma tey » du Président et de son gouvernement ne sont que des victoires à la Pyrrhus, qui, les unes après les autres, conduisent irrémédiablement à leur rejet par le peuple désespéré d’être confronté à une vie de plus en plus chère, une crise et une perte des valeurs partant du haut de la tête (première à pourrir comme le poisson, dit le proverbe chinois), à des conflits sociaux multiformes, à la mal gouvernance, à une corruption galopante, à une insolente impunité des tenants du pouvoir et de leurs affidés, au népotisme, voire à l’ethnicisme, bref tout sauf « la patrie avant le parti », tout sauf « une gouvernance sobre et vertueuse ».
Mais que Macky SALL se souvienne du 23 juin 2011, que ses services de renseignement lui rendent compte fidèlement de la colère sourde du Peuple, qui est en train de monter, qu’il prenne garde.
Dakar, le 10 février 2017
Pour CET/ JARIÑ SAMA REEW,
Le Président
Moussa TOURE