«Le pouvoir rend fou, et que le pouvoir absolu rend absolument fou », disait l’autre. Cette assertion contextualisée sénégalais est amplement corroborée par les responsables et autres membres de l’Alliance pour la république (APR).
Le pouvoir leur est monté à la tête. Comme s’ils ne s’attendaient jamais de leur vie à occuper des postes de responsabilité aussi élevés, les camarades de Macky Sall ont dépassé le stade des manœuvres en sourdine décidant de la position des uns et des autres. A la face du monde, s’ils ne se molestent pas, c’est qu’ils sont en train de s’illustrer dans des carnavals que les Brésiliens ne tenteraient pas.
Et dans cet exercice, Moustapha Cissé LO, Mbaye NDIAYE et Farba NGOM n’ont pas d’égal. Trois très proches de Macky SALL. Le spectacle que les deux premiers montrent depuis l’arrivée de Macky SALL à la magistrature suprême est d’autant plus scandaleux qu’ils disent tous deux avoir été victime de l’ancien régime qui les avait injustement destitués de leur poste de député.
Cette dite traversée du désert des deux anciens libéraux ne les a guère assagis. L’image d’un Moustapha Cissé LO balançant en l’air des billets de banque restera à jamais une tâche qu’aucune eau de javel ne saurait effacer. Macky SALL a gravement manœuvré faisant de nombreuses concessions pour faire de lui président du parlement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO).
Pourtant, il est de notoriété publique qu’il n’en a ni la carrure ni le profil. Pour que le président SALL l’éloigne du poste de président de l’Assemblée nationale que Moustapha Cissé LO a toujours considéré comme sa part du butin, il a fallu qu’il soit nommé à ce poste. Il ne manie ni le français encore moins l’anglais, les deux langues de travail de l’organisation sous-régionale. Mais qu’à cela ne tienne. C’est ce Moustapha Cissé LO que l’Etat du Sénégal a propulsé qui nargue les Sénégalais dont la majorité peine à joindre les deux bouts.
Pour l’avoir dit tout haut, le vice-président de l’Assemblée nationale a des circonstances atténuantes. «Je ne vais plus jamais m’opposer. Je reste au parti qui est au pouvoir (…) Si Macky SALL fait le fou jusqu’à réduire son mandat, on va nous battre et je vais faire mes bagages», avait-il prévenu.
Son compère Mbaye NDIAYE n’a pas non plus retenu la leçon. Ses audibles pleurnicheries d’hier quand il se faisait éjecter de son poste de maire des Parcelles assainies sont aujourd’hui noyées par ses délires qui ont fini de saouler de nombreux Sénégalais. S’improvisant griot à la place de Farba NGOM, lors de l’inauguration de ce qu’ils appellent «Pont de l’émergence», le ministre Mbaye NDIAYE coupe le discours du chef de l’Etat pour entonner une chanson.
Mais peut-on faire reproche à Mbaye NDIAYE, si l’on sait que ce discours de Macky SALL était empli d’ironies et d’allusions de mauvais aloi du genre «méfiez-vous du lion qui dort ».
Entre Moustapha Cissé LO et Farba NGOM, difficile d’établir un classement, tellement les deux hommes ont multiplié les bravades et les bourdes. Le second s’est battu une fois à la présidence de la République. C’était au mois de décembre 2013, face à Biram FAYE, un autre responsable de l’APR.
Les portes du Palais de la République lui étant toujours grandement ouvertes, Farba NGOM y est retourné pour prendre part à une rencontre des responsables de son parti. Avant que celle-ci ne se termine, piqué par une mouche qu’il a appelé Abou LO, il s’est emporté, distillant menaces et insultes devant Macky SALL. A une réunion des responsables de son parti à Matam, Farba NGOM a sorti un pistolet avant de procéder à des tirs de sommation.
A défaut de tuer quelqu’un, il a grandement perturbé la tranquillité des Matamois. En annonçant qu’il a fait nommer le ministre des Postes et des Télécommunications, Yahya Abdoul KANE, il croyait sans doute les avoir suffisamment compensés. « Au cours des tractations pour la formation du gouvernement, le Président Macky SALL m’a joint au téléphone pour me demander une personne pour représenter le département de Matam dans l’attelage gouvernemental, occasion que j’ai saisie pour mettre ce jeune qui me voue un respect considérable et, je suis sûr que ce ministre ne va jamais me combattre dans le Bossea.
Ce ministre va faire ce que je veux », avait dit Farba sans sourciller. Ces faits d’armes de se limitent pas à cela. Le griot du président de la République est aussi président. Farba dont personne ne sait d’où il tire sa force, est présenté, dans certains cercles, comme l’homme le plus puissant de l’APR, après Marème Faye SALL et Macky.
Face à ces ténors aussi bruyants, les jeunes apéristes de la COJER ne font qu’échanger des escarmouches de benjamins. Leur seul dommage, perturber la tranquillité des Sénégalais.
Les soldats ne font que copier le capitaine.
Mame Birame WAHIE