Prison : ce mot est synonyme de leur Lucifer, point de divergence qui les brûle comme les flammes de l’enfer. Quand la justice les capture, ils résistent pour quelques jours avant de faire du dieufour ou plonger dans l’exorcisme fatal. Cette pratique ancienne de nos ancêtres qui faisaient avouer les sorciers ou démons du village. Souvent, ces derniers faisaient des révélations fracassantes sur leurs méthodes mystiques d’envoûtement. Des nuits ensanglantées par le festin des sorciers qui se partagent le pied d’un jeune innocent capturé par les esprits maléfiques.
Ah ! Ces prisonniers de luxe sénégalais ! Qu’ils sont malades ! Parlez leur de Prison et vous réveillez en eux, les démons de la maladie. Dans ce cercle de prisonniers de luxe capturés dans le cadre des enquêtes des biens mal acquis, vit un démon qui s’appelle tantôt cancer tantôt hypertension ou problème cardiaque, etc. Ce démon ou «Djiné Maimouna» ne se réveille en eux que quand le chemin qui mène à Rebeuss est balisé par des révélations fracassantes au sommet de l’État. Ils palpitent intérieurement, se cachent derrière des prête-noms pour faire appel à un ange blanc capable de sauver des biens «biens acquis».
Dans leur monde paradisiaque, loin de la justice, où tout est bien-bien, le démon s’endort. Comme, un lion affamé, ils (prisonniers de luxe) se métamorphosent et guettent leurs proies. Gare aux pauvres Goorgoolu qui ne pensent qu’à la dépense quotidienne ! Ils tapent sur votre dos. Ils vous nourrissent et vous tuent petit à petit. Ce sont eux qui, comme des pigeons, voyagent en jet privé, occupent les hôtels les plus chers, roulent en 4×4, font du gré a gré, gaspillent l’argent de l’État…
Dans leur monde, la vie est belle. Ils ont un pouvoir extraordinaire. Des lobbies, des francs-maçons et même des athées vivent dans leur terroir. Comme dans le film de Matrix, ils sont en avance de 300 ans sur le Sénégalais lambda. Pauvre de lui… Sénégalais impuissant.
Son seul combat est de pouvoir rêver sans crainte d’être capturé par ce démon tentaculaire du monde des opportunistes, des affaires ethnocentriques, bref de l’autre monde des nantis.
Toutefois, il ne faut pas les envier puisqu’on connait leur point faible… LA PRISON.
L’exorcisme de ces prisonniers de luxe se trouve entre les mains d’un médecin impuissant. Surement capturé également par les démons libres qui se cachent dans le monde des hommes innocents.
Ils crient au secours quand le monde carcéral ronge leur cœur perdu entre quatre murs. Ils étouffent de douleurs et de regrets. Impuissants de voir que leur butin traine dans les plus grandes banques du monde, ils redeviennent «normaux». Le secours ne se fait pas attendre durant ses moments d’agonie.
Monsieur Tel est gravement malade, il faut l’évacuer à l’hôpital au plus vite. Il a le cancer et est diabétique . Son état de santé ne lui permet pas de rester dans ce milieu carcéral ! Oh !
C’est aujourd’hui qu’il se soucie de sa maladie. Teuss ! Et pourtant des gens honnêtes croupissent depuis des années dans ce monde carcéral, sans appui, ni soutien, ni traitement. Ils meurent tranquillement en prison dans des conditions atroces. Et on en parle pas. On ne se soucie même pas de leur existence. Alors, pourquoi créer la différence entre un prisonnier de luxe et un prisonnier simple?
Ah ! Si les pangoles de nos ancêtres sérères pouvaient les entendre ! Ils comprendraient qu’ils sont de simples mortels bercés par une fortune impropre. Ils ne sont pas plus intelligents que le jeune talibé qui chauffent ses méninges à la recherche d’une pièce de monnaie pour rendre heureux son marabout qui l’attend avec une chicotte. Il ne sont pas non plus, plus important que le mendiant qui quémande dans la rue. Au moins lui, il a la dignité et le pouvoir de prouver sans peur l’origine de cet argent. Prisonniers de luxe, ressaisissez-vous ! Dans ce monde, la roue tourne. Chacun son tour chez le coiffeur.
Vous n’êtes que de simples créatures de Dieu. Le jour du jugement dernier, on ne fera pas de distinction entre le riche et le pauvre. Comme le dit un adage wolof : «Pas besoin de se bousculer pour regarder le ciel».
Basile Niane
Journaliste Blogueur