En juin 2016, le Président Macky Sall lance son idée de la tenue d’un Conseil présidentiel sur le concept « Sénégal numérique » qu’il considère comme un des leviers de sa stratégie de développement et de diversification de l’économie sénégalaise. Il met en exergue sa pensée en demandant à son gouvernement « d’engager les mutations nécessaires pour une véritable société du numérique, arrimée à l’évolution technologique et créatrice de métiers et d’emplois de pointe ». Une prescription traduisant son désir d’ancrer davantage le Sénégal dans l’économie numérique qui, grâce à l’internet, contribue à hauteur de 3.3 % à la richesse nationale.
Après le Rassemblement des entreprises du secteur des technologies de l’information et de la communication (RESTIC) la diaspora sénégalaise, à cause de sa plus-value inhérente, doit souscrire à ce projet. Le numérique est avant tout une affaire de matière grise et les milliers d’ingénieurs, de techniciens, de spécialistes que compte la diaspora, dans ce domaine, représentent un support de taille pour jeter les bases de ce « Sénégal numérique ».
Aussi, j’estime qu’une telle aspiration doit être encouragée par la diaspora, parce qu’elle constitue à la fois une opportunité pour elle de réaliser un vieux rêve, celui de participer réellement aux affaires du Sénégal mais également de faire montre d’une autre facette de sa plus-value avec son avancée technologique, communicationnelle et culturelle, voire sa prédisposition au numérique comme une porte d’entrée de notre pays dans la société de l’information.
Cette dimension particulière de la diaspora, non valorisée jusqu’ici par le Sénégal, est la conséquence des nouvelles technologies d’information et de communication (NTIC) qui, de par leur immédiateté, leur relative facilité d’accès et leur universalité, ont révolutionné les manières de communiquer du migrant qui devient le prototype de l’homo cybernatus.
En tout état de cause, le type de migrant sénégalais du 21e siècle, avec sa capacité d’être « ici » et « ailleurs » en même temps, donc de se mouvoir quotidiennement dans l’espace virtuel en faveur de l’internet, son nouvel espace de sociabilité, se manifeste comme un pilier du concept « Sénégal numérique ».
C’est la raison pour laquelle, j’ose espérer que dans la matérialisation de son concept de « Sénégal numérique », le Chef de l’Etat mettra la diaspora en première ligne et d’ailleurs, c’est dans ce contexte qu’il faut placer son idée des « 15 députés de la diaspora » comme point de départ d’une mobilisation conforme de ce capital humain d’une part et d’autre part, comme son souci de respecter cette révision constitutionnelle et le sens inclusif de sa vision du Sénégal dans la prochaine décennie.
Cependant, il me semble primordial, en plus de la quinzaine de députés, d’entrevoir une participation réelle de la diaspora au projet « Sénégal numérique » par l’entremise d’un Haut conseil des sénégalais de l’étranger, non pas comme un cliché du défunt Conseil supérieur des sénégalais de l’extérieur (CSSE) mais comme une rupture dans sa conception en faveur d’une configuration virtuelle, transnationale, interconnectée localement à toutes les institutions nationales et à toutes les formes d’organisation sociale de sénégalais à travers le monde.
L’efficacité d’une pareille représentation dépend de son ancrage dans le numérique car vraisemblablement moins coûteux et épargne à tout point de vue de certaines lourdeurs administratives en prenant en charge à temps réel les sollicitations de nos compatriotes de la diaspora.
Enfin, je rappelle humblement que l’approche matérielle d’une mobilisation de la diaspora, sous quelques formes qu’elles soient, n’est plus d’actualité. Dans la société de l’information du 21e siècle, il est plutôt question de privilégier l’aspect immatériel, c’est-à-dire cette expérience concrète des pratiques sociales compatibles avec l’imaginaire communautaire qui fait de la diaspora une composante essentielle du « Sénégal numérique ».
Mouhamed Mboup
Indianapolis, USA