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De La Politique Monétaire à L’Économie Politique

“La politique est une guerre sans effusion de sang et la guerre une politique sanglante.” Mao Tsé-Toung

 Des complaintes et hésitations sur le FCFA,  je préfère le discours émancipé sur l’ingénierie monétaire. Ainsi, après la mécanique de la création monétaire, intéressons-nous aux leviers qui déterminent la valeur d’une monnaie. D’emblée, retenons que la valeur d’une monnaie d’un pays (le taux de change) n’est rien d’autre que son prix tel qu’exprimé dans la monnaie d’une autre nation. L’existence d’un marché, avec des rendements et des opportunités, explique l’intérêt pour la monnaie de cet espace économique et  c’est exactement cela qu’on redoute et qu’on refuse à l’Afrique, avoir un marché en émergence. Car l’émergence de marchés africains signifiera le ralentissement, et probablement le déclin de certaines économies en maturité.

Toujours dans une approche objective, contributive et technique, nous allons passer au travers de ces leviers de valeurs accessibles à tout État qui entend assumer sa souveraineté. L’objectif majeur de cet article étant de démontrer la nécessité du projet monétaire  et de montrer que le frein au développement économique est bien l’incompétence de nos hommes politiques qui se complaisent insouciamment  dans la dépendance après 57 ans de souveraineté.

Comme la création de la monnaie, le prix d’une monnaie dépend de l’attrait combiné de plusieurs éléments : le coup du crédit, la diversité des rendements selon les 11 secteurs de production possibles, de la progression de la productivité, du potentiel  des acteurs économiques (liquidité, solvabilité, crédibilité et créativité) et enfin de la politique monétaire de la banque centrale. Voilà ce qui démontre d’emblée que la renonciation aux instruments monétaires et l’exclusion et le rabrouement des acteurs nationaux dans notre stratégie d’émergence est un suicide économique. Ainsi, le principe simple à retenir ici est que si on s’intéresse au marché d’un pays, on aura besoin de sa monnaie. Et, comme on le sait, en économie, une forte demande valorise les produits demandés. Nous pouvons identifier 5 déterminants majeurs qui renforcent l’attractivité d’un pays et donc la prise de valeur de sa monnaie.

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La productivité et la maîtrise de l’inflation

Elles sont le moteur et le frein pour une bonne cadence, un bon volume et une bonne diversification de la production. Elles sont les attraits les plus importants pouvant pousser les investisseurs à avoir un intérêt à disposer de la monnaie de cet espace économique. Un marché stable avec une inflation maîtrisée par un taux directeur bas, facilite une productivité en constante croissance. Le financement de l’activité par l’injection de nouvelle liquidité par la banque centrale facilite cette progression de la productivité. Une productivité diversifiée et en volume réduit les besoins en importations, renforce l’autosuffisance et augmente l’exportation pour un meilleur équilibre de la balance commerciale.  Ainsi l’émergence passe par une croissance véritablement portée par le marché et non appauvrissante (comme nos croissances creuses) d’où l’impératif d’un bilan positif en matière de productivité. Cela permet un taux de croissance régulièrement en hausse du fait de la productivité et non par un investissement public soutenu par un endettement public limité, capté par l’étranger et au taux d’intérêt débiteur contreproductif.

En plus, l’Afrique dispose à profusion des produits de base, qui sont les déterminants les plus difficiles à maitriser, qui influencent les cours mondiaux. Il suffit juste qu’elle travaille à les mettre elle-même sur le marché par l’industrialisation.  Nos nations africaines doivent donc travailler à un contrôle sur le capital des industries qui exploitent, transforment et vendent leurs ressources. Cela permet une balance commerciale plus équilibrée, une meilleure résilience aux chocs externes et un profit important de ces produits mondialement prisés : agriculture (sucre, coton, café, cacao..), métaux (alu, or, zinc, cuivre), produits forestiers, pétrole, gaz, bétail, céréale, oléagineux.

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 Le crédit bancaire, la stabilité politique et un endettement public rationnel

Quand une nation parvient avec le taux directeur de sa banque centrale à contrôler le crédit bancaire, les actifs libellés dans sa monnaie deviennent intéressants aux yeux de l’investisseur  et cela favorise l’appréciation de sa monnaie et c’est le même constat pour les capitaux à court terme. Ensuite le risque souverain faible, comprenez une stabilité politique et une bonne santé budgétaire, va attirer des investissements sur le long terme et donc des flux de capitaux positifs ayant encore un effet favorable sur l’appréciation de la monnaie. Et enfin, un endettement raisonnable rassure les investisseurs, car cela veut dire que l’état dispose encore de marge de manœuvre avec la possibilité d’emprunter pour honorer les garanties, réguler ou booster son marché si une crise ou une catastrophe survenait. Mais à moins de 10% de la ligne rouge de  70% d’endettement du PiB comme en ce moment, on s’expose aux risques et chocs de toutes sortes sans une bonne marge de manœuvre… Toujours concernant le Sénégal, la stabilité politique est le seul indicateur au vert pour notre pays, encore que nous la devons à une sociologie spécifique et non à un système politique performant,  ou encore à la crédibilité de nos politiciens de métiers. Nous sommes donc loin d’une bonne situation financière avec un État émasculé de son pourvoir de création monétaire. Nous ne profitons donc pas de l’exception démocratique ou plus concrètement de la paix sociale qui devrait nous permettre de créer un espace de production et d’investissement attractif.

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En sommes, « Du Franc CFA à la création monétaire » et « De la Politique monétaire à l’Économie politique », nous constatons que  l’élément déclencheur et le stimulant du progrès est bien une économie réelle depuis nos territoires, avec une productivité diversifiée, en volume et une bonne emprise sur le capital. Pour l’intérêt des autres économies, l’Afrique doit rester hors de la chaine de création de richesse et demeurer un consommateur docile et ses terres des zones d’extraction. Mais pour l’intérêt de notre nation, une vision économique consciente des enjeux refuserait de faire de ses citoyens des consommateurs improductifs, de son patronnât des commerçants en costume se complaisant à l’importation et de faire de ses territoires des zones de pillages de nos ressources pour des miettes. Nous devons profiter de l’avantage de la stabilité politique et faire du Sénégal un vrai marché de biens et de capitaux, et prioriser les  consommateurs et l’entreprenariat africain sans se fermer aux opportunités de coopération au cas par cas et non la signature unilatérale des APE. Un tigre ne chantant point sa tigritude, rien ne sert de se glorifier d’être né après les indépendances si on n’envisage sa liberté que dans la dépendance….mais pire sont les cupides qui vendent leur progéniture à l’ancien envahisseur pour un positionnement de dominant parmi les dominés…

Moussa Bala Fofana

Ancien conseiller technique du Gouvernement du Sénégal & conseiller financier en Banque au Canada

Expert en Planification des Programmes, Développement Territorial & Ingénierie urbaine.

Candidat Législatives 2017 – Circonscription nord-américaine

Ctfofana.matcl@gmail.com – https://www.facebook.com/moussabala.fofana

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