Cette purification ne consiste pas à un discours mystificateur, hermétique ou ésotérique. Individuellement, il s’agit d’un repentir que chacun doit faire. Ceci se résume en trois ou quatre actions interdépendantes :
- Premièrement, sachant que tout péché est occasionné par une désobéissance vis-à-vis d’une recommandation ou d’une interdiction divine, on doit cesser immédiatement de désobéir ;
- Deuxièmement, il est nécessaire d’éprouver un regret très profond pour avoir commis une telle faute ;
- Troisièmement, il est de rigueur de décider de ne plus jamais, dans l’avenir, commettre cette désobéissance.
- quatrièmement, si cette violation de la loi divine a lésé une personne quelconque, le sujet repentant doit, en outre, s’acquitter du droit de cet individu : s’il s’agit d’un bien, il doit le lui restituer mais s’il s’agit d’une calomnie, d’une médisance ou d’un quelconque préjudice semblable, il est tenu de s’en excuser.
Comme résultat à ce sujet, notre Seigneur, exalté soit-Il, nous rassure en ces termes : « Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah. Car Allah pardonne tous les péchés… » Le Prophète (PSL) poursuit d’une manière très réconfortantes en disant : « celui qui se repent d’un péché, c’est comme s’il ne l’avait pas commis. »
Sur le plan collectif ou national, si le Sénégal compte se purifier spirituellement, deux choses sont capitales :
- au préalable et conformément à la méthode susmentionnée, le repentir individuel de chaque sénégalais est indispensable ;
- ensuite, la justice qui n’est créée que pour la règlementation de la vie en société doit être rendue de manière indépendante, impartiale et équitable.
Car l’instrumentalisation de notre système judiciaire a atteint un niveau qui dépasse les bornes. L’arbitraire y tient une place très déterminante. Un usurpateur, devant tous les issues, applique, à sa façon et selon son tempérament, la grâce ou le châtiment à qui il veut.
Toutfois un sage lui rétorque ceci en guise d’avertissement : « Lorsque vous commettez une injustice, souvenez-vous de la justice d’Allah, Le Tout-Puissant, qui vous sera appliquée. Lorsque vous voulez utilisez votre force pour faire du tort aux autres, n’oubliez pas qu’Allah, l’Exalté a la force de vous punir. »
Et si cette punition atteint des innocents, alors rappelons-nous de la parole de notre Seigneur, exalté soit-Il, nous avertissant en ces termes dans le Saint Coran : « Et craignez une calamité qui n’affligera pas exclusivement les injustes d’entre vous. Et sachez qu’Allah est dur en punition. » (Sourate 8, verset 25)
Aujourd’hui, tout le monde s’étonne de la succession de catastrophes meurtrières au Sénégal ? Le peuple est frappé de stupéfaction par le nombre de personnes tuées chaque jour. Rien que dans cette année 2017, les accidents de la circulation nous ont endeuillés plus de deux cent (200) fois selon le Ministre chargé des Transports terrestres. En plus de la famine qui s’annonce déjà dans certaines zones, d’innombrables cas d’incendies, de noyades, de meurtres, entre autres tragédies sont comptabilisés à travers tout le territoire national ?
N’est-il pas nécessaire d’organiser des assises nationales sur la cause de ces décédés tragiques ? Essayons de comprendre, au moins, pour quelle raison la mort nous assiège à ce point ? Qu’avons-nous fait de mal pour que cela nous arrive ?
En effet « … C’est Allah qui donne la vie et la mort… » (Sourate 3, verset 156) C’est Lui, le Seul Maître de l’Ange de la Mort. Alors qu’avons-nous fait pour qu’Il nous en donne autant ? Nous éprouve-t-Il ? Ou bien est-Il en colère contre nous au point de nous châtier ?
Quoi qu’il en soit, « Allah n’est-Il pas le plus sage des Juges ? » (Sourate 95, verset 8) Evidemment, car c’est lui le Sage, tandis que l’être humain est « très injuste et très ignorants ».
L’absence de justice n’est-elle pas suffisante pour occasionner tous ces malheurs. Rappelons-nous, quand Oussama vint voir le Prophète pour intercéder en faveur d’une voleuse issue d’une classe noble, pour empêcher que la loi établie par Allah lui soit appliqué ; qu’est-ce que celui-ci lui répondit ? Il lui dit : « Les nations qui ont vécu avant vous ont péri parce que quand une personne de la noblesse commettait le vol, ils ne lui appliquaient pas la peine prévue et quand une personne de basse condition le commettait, ils la lui appliquaient. »
L’injustice était le facteur de destruction de plusieurs communautés. En voilà une confirmation de la part du Maître du Jour du Jugement Dernier : « Et voilà les villes que Nous avons fait périr quand leurs peuples commirent des injustices et Nous avons fixé un rendez-vous pour leur destruction. » (Sourate 18, verset 59) « Il n’y a de voie (de recours) que contre ceux qui lèsent les gens et commettent des abus, contrairement au droit, sur la terre : ceux-là auront un châtiment douloureux. » (Sourate 42, verset 42)
Allah, exalté soit-Il, nous relate encore une autre cause de destruction dans un hadith khoudsi. Il dit que « Celui qui s’en prend à un de Mes bien-aimés (awliyâ), Je lui déclare la guerre… » Ici l’importance est de connaitre qui sont ces valeureux serviteurs d’Allah ? Notre Seigneur, lui-même, nous en donne la réponse en précisant qu’« En vérité, les bien-aimés d’Allah seront à l’abri de toute crainte, et ils ne seront point affligés, ceux qui croient et qui craignent (Allah). » A partir de ces versets de la « Sourate Jonas », il est devenu très clair qu’un bien-aimé d’Allah ou waliy n’est nullement un mystificateur qui abuse de l’ignorance de certains. Il n’est pas non plus celui qui plonge, sans cesse, dans des extravagances sans preuve ni respect. Mais, simplement, c’est celui qui croit en Allah et le craint en même temps. Comme avertissement, Dieu déclare la guerre à tout transgresseur qui se montrera hostile à l’égard son bien-aimé ou waliy. Ceci dit, la question est la suivante : au Sénégal, a-t-on fait du tort à des hommes qui seraient des bien-aimés du Seigneur de l’Univers ? Si la réponse est oui, sachons que la seule et unique sortie est le repentir.
Donc reculons et retournons vers une vraie justice qui est le seul facteur de grâce divine et la condition sine qua none de tout développement. Le Sénégal ne saurait émerger sans une justice indépendante et impartiale. Donc cultivons la bonne foi entre nous, combattons l’égoïsme et l’égocentrisme qui nous animent et soyons loyaux envers notre Créateur qui dit : « Ô les croyants soyez stricts dans vos devoirs envers Allah et soyez des témoins équitables. Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injuste. Pratiquez l’équité : cela est plus proche de la piété… » (Sourate 5, Verset 8)
De ce fait, nous aurons ouvert une porte vers une justice équitable et ainsi nous aurons fait un grand pas vers l’émergence. « Car Allah aime les équitables. » Par contre Il n’aime pas les injustes et ne les assiste nullement dans l’iniquité.
Fort de ce constat, nous devons procéder, sans attendre, à un retour vers une justice salutaire et à un repentir sincère de tous nos péchés, pour nous ouvrir désormais à une croissance économique réelle. Car l’injustice ne rime pas avec un Sénégal qui gagne.
Dans le Saint Coran nous pouvons lire qu’« En vérité, Allah ne modifie point l’état d’un peuple, tant que les (individus qui le composent) ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes. » (Sourate 13, verset 11) Et pour nous aider à mieux appréhender l’assistance du Créateur à ses créatures, Ibn Taymiya nous dit que « Dieu soutient un Etat juste même s’il est infidèle mais Il ne soutient pas un Etat injuste même s’il est musulman. » Ce qui montre que le retour à une justice indépendante, impartiale et équitable est la seule base et l’unique condition de réussite de n’importe quel plan pour l’émergence du Sénégal.
Assane Bocar NIANE
Parcelles Assainies, Dakar
assanebocarbaydi@yahoo.fr