Les grandes problématiques d’avenir auxquelles sont confrontées les sénégalais s’imbriquent et génèrent une misère multiforme.
L’emprise insidieuse et violente exercée sur le peuple par les politiciens, l’exploitation sordide de la pauvreté par les élites, l’opacité ambiante dans la gestion des finances publiques, la clanisation du pouvoir politique, le constat partagé du chômage, de la précarité… et surtout le cantonnement des jeunes aux seconds rôles dans les représentations mentales et le système des idées entravent la foi de la population à toute possibilité de développement.
Alors qu’une grave distorsion sociale s’empare des couches vulnérables et met en cause le niveau de vie de la masse rurale et d’une population urbaine de plus en plus importante et vulnérable, le gouvernement s’abstient de développer une stratégie systématique et efficace pour dessiner une perspective rassurante en dehors de la logorrhée de l’ « émergence » qui ne conjecture aucune vision désirable de l’avenir.
La masse considérable de dérives et de cafouillages dans l’action gouvernementale à laquelle la population est exposée semble confirmer les suspicions de tâtonnement. Parfois bien proche de la duperie, la distribution de financements, par des politiciens, montre combien ils continuent à penser dans la catégorie d’une époque macabre totalement révolue.
Est-il possible de justifier l’origine des centaines de millions qui sont distribuées par des personnages publics en dehors des circuits formels ? La notion de vertu qui revient très souvent dans le discours du Président Macky Sall est difficilement conciliable avec les actes de ses collaborateurs. Le déficit de vision et de constance dans la démarche de certains ministres et directeurs généraux contribue au renforcement de la perception pessimiste de la compétence.
L’obsolescence de nos systèmes agricole et industriel nous exclut des circuits mondiaux de production et de distribution de la richesse. La croissance dont on nous parle est peu créatrice d’emplois mais dans les secteurs à faible productivité et à bas niveau de rémunération. Les avantages, à la limite, insolites, accordés aux sociétés MITTAL, ALSTHOM et TIMIS ne tarderont pas à creuser un gouffre financier. Si ce n’est pas déjà le cas.
Une contradiction croissante apparait entre la démocratie que la majorité de la population limite au respect du calendrier électoral et le processus de dévoiement de la puissance publique amorcé par les gouvernants. Soyons persuadés, une fois pour toutes, que ce n’est pas avec ce régime que nous atteindrons l’émergence. Il faut avoir le courage de dire que ce n’est pas avec des scandales financiers, à répétition, au plus haut niveau, et des « deals politiques » que les centaines de milliers de jeunes chômeurs de ce pays vont acquérir une nouvelle citoyenneté et croire à un leadership d’un régime capable de promouvoir le développement sous ses différents aspects.
Malheureusement, le réflexe apathique et la résignation individualiste des citoyens qui expriment un profond sentiment de découragement et de lassitude politique profitent à des magiciens du verbe qui sont parvenus à installer dans les mentalités des tas d’absurdités sur leur degré de patriotisme.
L’opération de séduction d’une population sous instruite intéressante pour les élections est une chose, mais la prétention à la sincérité avec une irrationalité dans les ambitions est une aberration qu’aucun esprit lucide ne pardonnera à l’opposition. L’implosion est finalement survenue suite aux désaccords sur le profil de la tête de liste au sein d’un Mankoo, la coalition, qui suscitait de l’espoir après tant de promesses non tenues par le Bennoo. Maintenant, les perspectives d’avenir du Sénégal et de l’opposition politique sont similaires c’est à dire profondément incertaines.
Les espoirs se sont effondrés lorsque la circulation des chefs de partis d’une coalition à une autre est devenue une pratique justifiable par un certain opportunisme. Prétendant servir d’exemple aux personnes qu’ils sont sensés diriger, certains leaders font front commun à chaque fois qu’il existe un intérêt dans une coalition.
Même l’homme providentiel, le Président Abdoulaye Wade avec ses 91 ans est tête liste. Une véritable opération-martyre pour défendre… Quoi encore ? Que faut-il déduire de tout ce qui précède ? Le retour anarchique des coalitions qui apparaissent comme des champignons consommables n’est qu’une forme d’exclusion que les politiciens ont réussi à légitimer.
Il revient au peuple d’opter pour une opposition non politicienne, sans réserve, totale et énergique pour défendre ses propres intérêts face au gouvernement. Il faudra s’entendre sur les modalités d’envoyer des représentants sensibles à la situation chaotique du pays à l’Assemblée Nationale. Prions pour que le citoyen sénégalais qui était tenu à l’écart du calcul du gouvernement et des coalitions soit représenté.
Djiby NDIAYE
UJTL/Saint-Louis