Les électeurs sénégalais ne savent pas encore à quel saint se vouer ? Il y a encore plusieurs millions de Sénégalais qui se demandent encore s’ils auront la chance inespérée de récupérer d’ici le 30 juillet 2017, leurs cartes d’identité biométriques comprenant la carte d’électeur incorporée, ou pas ? Si ce premier parcours du combattant est franchi, comment pourrait-on trier la bonne carte parmi un lot bigarré de 47 listes et la mettre, seule, dans l’enveloppe à introduire dans l’urne avant 18heures ? Autant d’interrogations embarrassantes qui taraudent l’esprit de la plupart de nos concitoyens. Chacun y va avec des propositions de solution qui vont de la limitation de cartes obligatoires à prendre par l’électeur, à l’établissement de bulletin unique à plusieurs pages…
Les élections législatives du 30 juillet 2017 sont entourées d’incertitudes comme celles qui les ont précédées, sous l’ère Macky Sall. Même le référendum du 20 mars dernier, a été incertain de bout en bout. Finalement, l’on est en droit de se demander si le Président Sall sait bien organiser des élections, en dépit de son parcours professionnel et militant ?
Il est vrai que le souvenir de « violeur de la loi électorale » que nous gardons de l’ancien ministre des Mines, ancien maire de Fatick, n’est pas du tout rassurant. Il aurait voté le 12 mai 2002 sans sa pièce d’identification, violant ainsi les dispositions du code électoral ! Devenu par la suite, ministre de l’Intérieur, Premier Ministre, Président de l’Assemblée nationale, aujourd’hui, Président de la République, l’on se demande encore si Macky Sall sait vraiment organiser des élections ? N’est-ce pas lui qui avait soumis à la sanction populaire des réformes constitutionnelles, que le Pr Ismaila Madior Fall avait appelées de « réformes consolidantes » portant notamment sur la rationalisation et la règlementation des partis politiques. Après la victoire, célébrée avec faste du « Oui » à la suite du référendum du 20 mars 20216, il appartenait aux Président de la République de conduire la mise en œuvre des réformes en fonction des priorités de l’heure. Dès lors, le Président Sall disposait de suffisamment de temps et d’outils juridiques adéquats pour rationnaliser l’espace politique, d’autant que les dites réformes introduisaient aussi, pour la première fois, l’ouverture des législatives aux candidatures indépendantes. Qu’est-ce qui empêchait le président de la République d’initier un dialogue inclusif avec les acteurs politiques, autour des questions essentielles, relatives à la limitation des listes électorales ? Le chef de l’Etat a plutôt préféré « gagner » du temps, en en perdant, sur des sujets à caractère politicien autrement moins importants que le bon déroulement des élections. Devant la complexité de la situation actuelle, tout le monde cherche des solutions, sauf le Président de la République, pourtant, seul responsable de ce qui prévaut dans l’arène politique. Il est vrai que tous les régimes qui se sont succédé au pouvoir, n’ont fait que louvoyer pour dribbler leurs adversaires. C’est ainsi que les « réformes » constitutionnelles sont souvent initiées par les gouvernants, dans le seul but de conforter leur hégémonie politique voire politicienne. C’est d’ailleurs cette attitude qui serait à l’origine de la multiplication des partis politiques et des syndicats des travailleurs.
Le Président de la République est constitutionnellement, tenu d’organiser des élections libres, démocratiques et transparentes. Sinon, il serait responsable devant le peuple du Sénégal, de toutes dérives électorales et des conséquences qui pourraient en résulter.
A bon entendeur, salut !
Mamadou Bamba Ndiaye
Ancien Ministre
Militant du Grand Parti
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