En avril 2017, une embarcation de fortune avait chaviré près du village de Bettenty dans la sous préfecture de Toubacouta, département de Foundiougne. Plus de 20 femmes dont, une enceinte, y avaient perdu la vie. La délégation ministérielle, conduite par le ministre Oumar Guèye à peiné avant d’arriver à l’Ile la plus peuplée, mais aussi la plus enclavée de la région de Fatick.
Dans la nuit du lundi 26 juin 2017, six personnes, dont les 5 appartiennent à la même famille ont trouvé la mort, suite à l’effondrement d’une hutte en banco, provoqué par des pluies diluviennes qui se sont abattues sur Oudalaye, ce village oublié du département de Ranèrou-Ferlo, dans la région de Matam. La délégation ministérielle, que conduisait le Ministre de l’Intérieur et de la (Sécurité publique), a dû attendre près de 24 heures pour se rendre (en Hélicoptère) dans cet endroit enclavé du Fouta.
Dans les deux cas, les doléances des populations sont les mêmes : enclavement de leurs localités, manque d’infrastructures sanitaires, de postes de Sécurité (Police ou Gendarmerie) et d’ambulances pour l’évacuation des malades…!
Deux évènements tragiques qui se passent à l’espace d’un trimestre, l’un au nord du pays( Oudalaye) dans le Fouta, considéré comme le bastion politique du Président de la République, l’autre, au centre sud (Bettenty), non loin du fief natal du Premier ministre, tête de liste nationale de Bennoo Bokk Yaakaar.
Ces deux évènements, loin de constituer des exceptions, illustrent parfaitement la vacuité des slogans brandis ça et là pour accréditer la thèse fallacieuse de l’efficacité du PUDC. Ce qui s’est passé dans ces deux villages apporte ainsi, un cinglant démenti à la publicité mensongère de l’Etat, concernant les pseudos réalisations d’infrastructures socioéducatives, dans le cadre du Pudc (Programme d’Urgence de Développement Communautaire) ou du Pse (Plan Sénégal Emergent).
A Bettenty, les pauvres victimes (toutes de braves femmes), ont dû emprunter des pirogues artisanales pour se rendre en pleine mer, à la recherche de la pitance quotidienne, sans gilet de sauvetage. Là-bas on se débrouille avec les moyens du bord pour assurer le minimum vital à sa progéniture. Livrées à elles mêmes, les populations des zones enclavées s’accrochent à des méthodes archaïques pour assurer leur subsistance par trop précaire. C’est ainsi qu’une pirogue, prévue pour 30 places seulement, est souvent emmenée à embarquer près de 70 personnes, avec tous les risques que cela comporte. Le drame de Bettenty, n’est donc pas un épiphénomène, mais un risque quasi permanent qui guette toutes les populations rurales du Sénégal.
A Oudalaye, dans le Ranérou-Ferlo, l’Etat n’existe que de nom. Le peu d’infrastructures qui s’y trouvent sont l’œuvre des populations elles mêmes ou de leurs proches, vivant dans la diaspora. Là-bas, il n’y a ni poste de santé, ni poste de police encore moins d’ambulance.
L’unique chance de ces Sénégalais marginalisés est de n’avoir pas eu d’électricité. Donc, point de télévision ou de connexion internet. Bref, un autre monde à part où l’on est coupé des discours pompeux sur : « les réalisations des engagements de l’Etat, pris lors des conseils ministériels délocalisés, ou les performances du PUDC en matière de construction de pistes de production, Pitti-patata… ». Les discours de nos gouvernants sur les prétendues réalisations auraient pu énerver voire choquer les populations rurales, si ces dernières y avaient accès, comme c’est le cas pour une minorité urbanisée et alphabétisée en langue française. Les médias diffusent à longueur de journée des messages insipides sur des réalisations et autres performances qui tranchent avec le vécu quotidien des populations. Une litanie qui pourrait être assimilée à une publicité mensongère. Le récent rapport du Premier ministre, tête de liste nationale de la coalition BBY sur le bilan des engagements de l’Etat en est une illustration parfaite. Les images d’une dame en travail, transportée par une charrette faisant office d’ambulance à Keur Massar, moins d’une trentaine de kilomètres de Dakar, circulent encore dans facebook. Dans la zone de Bettenty, plusieurs femmes perdent encore la vie, en essayant de traverser le fleuve avec des planchers de fortune, tirés par quelques femmes situées à l’autre bord de la rive. Des pratiques que l’on ne devrait plus voir dans ce 21 émet siècle.
C’est qu’au Sénégal, le mélange des genres est tel que celui qui était supposé faire respecter le principe de l’indépendance des institutions, le viole impunément au point de réduire l’Assemblée nationale à un simple cabinet dépendant directement de l’Exécutif. Depuis quelques jours, certains sites web diffuse une publicité de la coalition BBY où c’est mentionné : Je votebby.com avec la photo du Président de la République, chef de l’Exécutif et du Premier ministre ! Or, il s’agit là d’élections législatives pour le choix des députés du peuple. Cette phagocytose du pouvoir législatif par l’Exécutif est la source des maux qui gangrènent notre démocratie. Le Président de la République est en pleine campagne électorale, parce qu’il voudrait, une nouvelle fois, une Assemblée « soumise » pour la 13éme législature. Il appartiendra aux Sénégalais, de d’agir pour mettre définitivement fin à une telle dichotomie/
Mamadou Bamba Ndiaye
Ancien ministre
Membre de la coalition Mankoo Taxawu Senegaal
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