Le stade Demba Diop vient de renouer avec la violence, avec sans doute un mode d’expression inédit, du fait des pertes en vies humaines qu’on n’a pas encore fini de dénombrer. Huit ? Quinze ? Davantage ? Peu importe, mais une seule vie perdue dans les circonstances survenues hier est un gâchis révoltant et une image indigne donnée d’eux-memes par les protagonistes. Pis encore elle éclabousse toute la jeunesse sénégalaise et va jusqu’a écorner notre réputation de pays de la teranga.
Ndax espor rekk jarna li ? Se demandent les moins passionnés de football, de luttes, de régates ou de courses hippiques ? Est-ce que cette vague de violences qui déferle sur le pays depuis un certain temps a une autre signification qui transcende les limites du sport ? Quelles dispositions convient – il de prendre pour que la population reprenne ses esprits ?
Reprendre ses esprits ? Oui il s’agit bien de cela puisque la société semble sous l’emprise envoûtante de démons. Des mineurs qui s’entretuent à l’arme blanche, des morts dont les tombes sont profanées, des actes d’incivilte difficilement quantifiables dans les lieux publics….L’arrogance, l’insolence, l’indiscipline et les défis à l’ordre public sont les ferments d’une tendance à l’anarchie qui sont légion dans la vie quotidienne.
Comment donner un coup d’arrêt à cette perte naissante d’entropie ?
Quand une pendule est déréglée, il faut en démonter les rouages pour remettre en marche le mécanisme. La sanction de tous les comportements anormaux cités plus haut figure dans les lois. Il faut les appliquer sans faiblesse, sans concession d’aucune sorte dans ou hors d’une période de campagne électorale. Ce n’est pas un hasard dans les sociétés contemporaines si l’Etat est reconnu comme l’unique depositaire de la violence legitime.
Dans le domaine sportif, il ne serait pas excessif de suspendre toutes les compétitions pour le reste de l’année. On ne pourra pas aussi faire l’economie de la tenue d’assises pour une réflexion approfondie sur la violence dans le sport. L’ideal est de déboucher sur une charte par laquelle chaque association sportive s’engage à promouvoir dans ses rangs le travail d’éducation et de restauration des valeurs auxquelles le sport se doit d’être considéré comme un facteur d’intégration sociale et de paix.
Bien que rivales et parfois en guerre les unes contre les autres, les cités de la Grèce antique organisaient periodiquement entre elles les jeux olympiques qui donnaient l’occasion de magnifier l’excellence à travers l’effort physique et le goût du dépassement de soi pour la gloire du sport et l’honneur de sa patrie. Au cours de ces jeux gymniques les jets des athlètes portaient sur des poids, des javelots et des disques que l’on s’évertuait à propulser sur plusieurs coudées, le plus loin possible. On ne venait pas au stade ou du stade les poches pleines de cailloux pour fracasser le visage de spectateurs innocents ou pour caillasser des voitures d’anonymes ou des vitrines de boutiques dans les environs du stade. Ce hooliganisme doit être non seulement proscrit mais puni avec sévérité.